421 km – 11 800 m de D+ – 60 h
Vendredi 11 juin – 79 km – 2000 m de D+
C’est parti pour un week end bien particulier. Un week end qui va être chargé en émotions, un week end pour Tatiana, pour lui rendre hommage.
Tatiana avait l’habitude de participer à la GF Mont Ventoux qui a lieu en juin. Elle s’y était inscrite sur le grand parcours de cette année. Mais la Vie ne lui en a pas laissé le temps…
C’est pourquoi j’ai demandé au travail à avoir le vendredi et samedi de ce week end là pour pouvoir me rendre au Mont Ventoux et retrouver les amis qui sont aussi venus pour elle. De quoi partager des moments forts. Nous nous connaissons et nous avons déjà partagé des ascensions ensemble avec la plupart, Thierry, Vanessa, Karine, Patrice, Fabrice, Roberto bien sûr et ce sera l’occasion de faire connaissance avec Martial, Arnaud, Jérôme et d’autres. Angéline n’a pas pu être là…
Personnellement je ne me suis pas inscrit à la cyclo qui a lieu le dimanche 13 juin car c’est hors de mon budget mais je ferai le parcours pour accompagner les amis.
J’ai chargé au niveau des horaires de travail de lundi à jeudi du coup, et vendredi matin, c’est un peu laborieux. Je n’ai pas beaucoup dormi car je préparais mon sac dans la nuit, puis je me suis levé à 4h30 du matin pour aller prendre mon train.
12 h de train entre Tarbes et Carpentras avec changement à Toulouse, Narbonne et Avignon.
Nous sommes 6 à partager un gîte à Malaucène au pied du versant nord du Mont Ventoux, les autres sont soient à Malaucène également, Bédoin ou bien Mollans sur Ouvèze. Des villages que je connais bien de l’époque où j’habitais dans le département à Apt en 2012.
J’aime le train même si c’est long quand tu transportes le vélo, mais ça laisse le temps de cogiter, voir le paysage. Pendant mes 2 h d’attente à Toulouse je suis allé le long de la Garonne, à Narbonne je suis allé le long du canal tandis qu’à Avignon je n’avais pas le temps de bouger. Mais durant mon attente à la gare, je regardais mon vélo et je me disais que j’avais l’impression que ma roue arrière est voilée et touche légèrement mon patin arrière depuis déjà plusieurs sorties. Je regarde et je décidé de desserrer la roue pour l’aligner de nouveau. Et là…impossible de l’aligner, elle est complètement voilée et touche les patins à tour de rôle, mince !! Et alors que je bataillais, je vois un rayon qui bouge…il est cassé !! C’est fou, ça fait plus de 11 ans que j’ai ce vélo avec ces roues, je n’ai jamais cassé un rayon et il faut que ça arrive là à la gare d’Avignon avant un gros week end^^
Bon, je ne peux pas pédaler avec un vélo comme ça, et une fois à Carpentras j’ai plus de 20 km à faire jusqu’à Malaucène, il faut absolument que je trouve moyen de faire réparer mon vélo à Carpentras. Je regarde mon téléphone et je trouve un vélociste à 500 m de la gare.
Je descends du train et j’y vais, malheureusement il ne peut pas prendre en charge mon vélo avant 8 jours tellement il est débordé ! Heu…là il va y avoir un problème^^
Ils me conseillent d’aller voir à Intersport de l’autre côté de la ville. Allez j’y vais, ouf par chance ils peuvent me le réparer, hé ben !! J’ai eu chaud !! Je discute en attendant avec 2 cyclistes du coin qui font la queue aussi, on parle Mont Ventoux bien sûr, j’ai envie d’aller le grimper ce soir en attendant les amis avec qui je loue le gite et qui arriveront plus tard dans la soirée, mais il y a des orages en ce moment sur le sommet…
Je récupère mon vélo et je pars en direction de Malaucène. Je me suis trompé de chemin en quittant Carpentras, exactement comme en 2019 lors de ma dernière venue, décidément^^ Quitter cette ville n’est pas le plus agréable. Mais une fois que c’est fait, j’apprécie un peu plus.
Il fait chaud, il y a un peu de vent de face et le sommet du Mont Ventoux est là. Mon sac de plusieurs jours sur le dos pèse une tonne, surtout que je l’avais sur le dos le temps de la réparation de mon vélo…
J’arrive à Malaucène et trouve le gîte après le premier kilomètre d’ascension. Petit coup de fil avec Karine pour savoir où ils en sont. Ils arriveront vers minuit et les autres, vers 23 h.
Je descends dans Malaucène pour essayer de trouver des bières, malheureusement le U express vient de fermer il y a 5 minutes. Pas de chance. J’ai un peu la flemme de manger là et même si pendant le voyage je n’ai non plus fait de grand repas, je décide de partir faire l’ascension du Mont Ventoux par Malaucène !
Au moment où je pars, j’entends « Idris ! ». Je fais demi tour et c’est Martial qui vient d’arriver à Malaucène. Nous faisons connaissance. Amusant de se voir tous en vrai ou par message en train d’arriver des 4 coins de la France tout au long de la journée.
On se salue. Je lui dis que je monte au sommet. On se reverra dans le week end de toute façon.
Je m’élance pour l’ascension, il est 20 h bien passées ! Le soleil est déclinant. Il n’y a presque plus personne dans l’ascension. Juste des voitures de sport qui prennent la route pour un circuit, mais une fois que je les ai croisées, je suis tout seul au calme. La dernière fois que j’ai grimpé le Mont Ventoux, c’était en 2019, par Malaucène également, avec un début dans la nuit et le lever du soleil, là ce sera l’inverse pour moi, au coucher du soleil et un final dans la nuit.
Je suis fatigué de cette journée commencée à 4h30 et de ne pas avoir domi dans la nuit, beaucoup de choses passent dans la tête…
Mais j’ai vraiment plaisir à grimper. Le paysage est sublime, je voudrais prendre plein de photos mais je ne peux pas non plus perdre de temps car il ne faudrait pas que les autres arrivent pendant que je suis là haut et si je veux boire une bière après mon ascension, c’est avant 23 h car il y a le couvre feu encore !
Le soleil couchant sur les Dentelles de Montmirail et les Baronnies est sublime. Et les jambes tournent bien. J’arrive dans la rampe de 4 kilomètres à 11 % avant le Mont Serein, c’est là que j’ai le plus de plaisir à grimper, c’est le top ! J’ai l’impression de redécouvrir cette ascension, ce n’est que la 3eme fois que je la grimpe. Et je constate qu’il y a beaucoup plus de replats que ce que je pensais dans la deuxième partie. Et le final sur ces 2 derniers kilomètres, c’est magique !!
J’arrive au sommet vers 21h45, c’est bientôt la nuit complète. C’est un moment agréable, je suis tout seul dans le Ventoux depuis le pied pratiquement, j’ai eu un paysage de dingue, les jambes tournent malgré cette journée et j’ai une énorme pensée pour Tatiana…
Le week end est lancé pour moi. J’envoie un message, Martial est au bar à Malaucène. Il est 22 h, allez, il ne reste plus beaucoup de temps, j’enfile mon k-way, mon éclairage fonctionne bien.
C’est parti dans la descente dans la nuit noire ! Et là, truc génial, tous les virages sont bordés de panneaux réfléchissants, ce qui fait qu’avec mon feu, ben je peux voir tous les virages avant les zones de freinage. Du coup je peu dévaler la pente presque comme en plein jour et flirter avec les 70 km/h. Je roule sur les pointillés du milieu car je ne vois pas les bords de la route et je me fais plaisir, tout seul dans la nuit, à filer à grande vitesse !! Génial !!
J’arrive en bas, je retrouve Martial vers 22h30. On se prend une bière. Moment sympa et agréable. On est là tous pour la même chose.
Vers 23h10, on doit partir à cause du couvre-feu, je repars au gite au moment où mes premiers colocataires arrivent, 1 h plus tard vers minuit c’est Karine qui arrive avec les autres. Retrouvailles. Ça fait plaisir.
Il est 1h30 quand on va dormir.
Moi j’ai déjà une idée en tête pour le lendemain, je voudrais grimper les 3 versants et faire les Cinglés du Ventoux le matin pendant que les autres dormiront, pour pouvoir ensuite profiter d’être ensemble le reste de la journée.
Ça ne fera pas beaucoup de sommeil car je vais me lever à 4h30 et en plus je vais galérer à trouver le sommeil^^
Un sacré vendredi pour lancer le week end. 79 km – 2000 m de D+
Samedi 12 juin – 134 km – 4300 m de D+
Après une nuit de 3 h ou je n’ai quasiment pas dormi, je me lève à 4h30 du matin… Pffff, ça fait quasiment 2 nuits sans sommeil… En plus la veille au soir je n’ai pas pu faire de courses et je n’ai donc rien pour le petit déjeuner avant de partir… Vous avez dit à côté de la plaque ? xD
C’est un peu sur le tas comme ça que je me suis décidé à tenter les cinglés du Ventoux tant qu’à y être. Je l’ai déjà fait en 2012 et même plus que ça avec le col de Murs avant les 3 Ventoux et le col de la Liguière après. Là je pars directement du pied.
Je pars tôt pour après pouvoir rejoindre les autres au gite vers 14h30 pour qu’ensuite on se rejoigne tous sur le lieu de départ du lendemain à Vaison la Romaine pour prendre un verre.
L’ordre des ascensions sera donc d’abord le versant Malaucène puis par Bédoin et enfin par Sault avec un arrêt à Bédoin pour voir mon oncle et mon cousin venus du Cantal le même week end pour tenter eux le défi des Cinglés du Ventoux qu’ils ont fait la veille. On se verra quelques minutes le temps qu’ils partent pour un autre parcours de leur côté.
Du coup je me prépare en vitesse pour enfourcher le vélo à 5h du matin. Mais pour le coup, je n’ai pas mangé grand chose la veille, je n’ai pas diner, j’ai fait l’ascension du Mont Ventoux au coucher du soleil, j’ai bu une bière, je n’ai presque pas dormi pour la deuxième nuit consécutive, je n’ai pas pris de petit dej et je pars pour faire les Cinglés du Ventoux, tout va bien xD
J’enfourche le vélo alors qu’il fait encore nuit. Dès le début je sens que je ne suis pas en jambes, ce n’est pas comme la veille au soir où ça tournait plutôt bien. Bon bien sûr ce n’est pas catastrophique. Mais je suis obligé de m’employer pour grimper…moins vite que la veille. C’est surtout que d’un seul coup le doute arrive… Au fil des kilomètres d’ascension au lever du soleil, je me disais que je ferai mieux de rentrer après la première ascension, passer une matinée tranquille avec les amis qui dorment encore à cette heure-ci… Après tout la topographie est pratique puisque je peux monter ce versant Malaucène, descendre sur Bédoin, voir mon oncle et mon cousin et rejoindre Malaucène par en bas et le petit col de la Madeleine.
Mais dans la partie la plus raide de 4 km à presque 12 %, je suis finalement bien, c’est là que je me sens le mieux et pour tout dire une fois cette partie faite, les 8 derniers kilomètres d’ascension sont beaucoup plus facilement gérables car les passages raides sont entrecoupés de replats. Mais je crois surtout que j’ai une fringale depuis le départ en fait d’où ces sensations xD
Dans le final, dans la dernière rampe, j’aperçois 2 chamois sur la gauche de la route, je m’arrête quelques minutes les regarder, ils sont tranquilles pour l’instant, loin de l’agitation estivale qui se met en marche comme chaque jour dans le Mont Ventoux.
J’arrive au sommet vers 7h25, il n’y a que quelques personnes. Comme la veille au soir où j’étais tout seul, j’ai droit au Mont Ventoux tranquille en ce début de journée.
Je descends sur Bédoin, je peine un peu à trouver le gite où sont ma famille, je traverse des chemins de caillasse avant d’y arriver. Ça fait plaisir de les revoir ! Mon oncle je ne l’avais pas revu depuis 3 ans et mon cousin depuis 7 ans ! On discute un peu, je mange un croissant, bois du jus de fruits.
Puis après une trentaine de minutes, je repars. Bon allez, il est aux alentours de 9 h, je vais regrimper le Mont Ventoux par Bédoin tant qu’à faire, il est encore tôt, je verrai ensuite si je me fais la troisième ou pas.
Là il y a beaucoup beaucoup plus de cyclistes qui sont sur la route, la température monte et on sent qu’il commence à faire chaud.
Le début est roulant. Je cogite en me demandant si c’est bien raisonnable pour moi, car bon le lendemain il y a plus de 160 kilomètres au menu quand même. Mais j’ai toujours ce doute sur mes capacités… Je rattrape une fille, nous sommes presque à la même vitesse et j’entame la conversation. Elle est du Var, c’est la première fois qu’elle grimpe le Mont Ventoux. Elle est un peu inquiète sur ses capacités. Je lui dis que si elle veut elle peut prendre ma roue, moi je ne vais pas chercher à aller vite puisque je ne suis pas en jambes et que j’ai potentiellement une autre ascension après et qu’il y en a déjà eu une avant. Et pour le coup le fait de lui avoir proposé de prendre ma roue, ça va faire que je vais naturellement aller encore moins vite que si je l’avais fait tout seul et donc sans l’avoir voulu, je vais grimper le versant Bédoin sans avoir l’impression de faire d’effort. Comme quoi… Les kilomètres défilent, c’est un peu le bazar, il faut être vigilant avec tout ce monde, je jette régulièrement un coup d’oeil pour voir si ma coéquipière d’une ascension est toujours là.
Je n’aime pas la foule…
Je regarde l’heure, je peux continuer de ralentir et de monter en dedans car je suis dans les temps pour rentrer à Malaucène en début d’après midi après les 3 ascensions.
Je me sens rassuré et même chanceux de pouvoir finalement faire ces 3 ascensions dans ces conditions quand je vois tous ces cyclistes que je dépasse qui font tant d’effort pour arriver au sommet une fois.
Dans le final c’est un bazar monumental et je perds de ma roue ma coéquipière qui commençait à piocher de plus en plus. Je rattrape par ailleurs des cyclistes qui nous ont dépassé dans le début de l’ascension à pleine vitesse et qui termine en zigzaguant, c’est là que je vois combien je me connais bien selon les sensations du moment, et que je sais grimper un col quoiqu’il arrive, quelques soient les jambes.
Me voici au sommet pour la deuxième fois. Quelle foule !! Angèle, ma coéquipière pour cette ascension arrive quelques minutes après. Nous discutons un peu, nous nous échangeons les numéros. Nous nous reverrons peut être…
Après quelques minutes à cogiter, je décide de faire la troisième ascension. Après tout, j’ai fait les 2 plus difficiles, il ne me reste que la plus facile à faire (mais au final ce n’est pas celle qui me convient le mieux).
J’entame la descente vers le Chalet Reynard puis Sault. Hallucinant ce monde. Il faut dire qu’il y a la cyclo le lendemain, ça fait du monde dans le coin entre les participants (3500) et les familles…
Heureusement une fois que je prends la direction de Sault au niveau du Chalet Reynard, c’est déjà bien plus calme.
La descente est longue et roulante, j’ai l’impression de perdre du temps, je n’arrive pas à prendre de la vitesse. Mais ça me rappelle des souvenirs car le versant Sault du Mont Ventoux, je l’ai souvent descendu à l’époque où j’habitais à Apt en 2012, c’était le plus court pour rentrer pour moi. De même ce versant je l’avais à l’époque, grimpé à 3 reprises, la dernière…le jour où je l’ai grimpé par les 3 versants le 1er mai 2012.
J’arrive en bas de la descente et remonte le dernier kilomètre sur Sault. Il fait très chaud, il est midi à peu près, ça cogne. Je mange un peu. Et c’est parti. Ce versant est au final celui que j’aime le moins et qui m’est le plus difficile. 26 km d’ascension avec 19 kilomètres de pentes à moins de 6 % et même replats juste avant le Chalet Reynard. Mais tout le début se fait complètement à découvert sans ombre au milieu des champs de lavande. Je suis écrasé par la chaleur et je ne prends pas vite de l’altitude vu les faibles pentes. C’est dingue d’être à moins de 6 % et de ne pas se sentir bien et d’attendre avec impatience d’arriver au Chalet Reynard et dans les pentes plus raides sur le final de l’ascension.
Grimper jusqu’au Chalet Reynard m’a paru interminable. J’étais bien content d’être dans le final, en plus il fait plus frais avec quelques nuages et je me repose un peu plus sur les pentes raides. Mais je commence à avoir sacrément faim, je fais un peu n’importe quoi là quand même xD
Tous les photographes placés dans le final me saluent et me font signe en me disant qu’ils m’ont déjà vu passer aujourd’hui. Faut dire qu’ils s’installaient quand je suis descendu de la première ascension, puis ils m’ont vu dans la deuxième et donc là dans la troisième. Et visiblement malgré les milliers de cyclistes, je suis reconnaissable en bermuda comme ça xD Et le week end n’est pas terminé…
J’arrive au sommet pour la troisième fois de la journée, il est 14h. Dommage de ne pas avoir été super en forme car j’aurais pu finir quand même bien plus tôt. J’ai un peu trainé à Bédoin avec la famille et au sommet de la deuxième ascension avec ma coéquipière quand nous discutions.
En tout cas, ce défi des Cinglés du Ventoux, c’est la deuxième fois de ma vie que je le réalise après le 1er mai 2012, mais celui là il est pour Tatiana là haut, juste pour toi, merci de m’avoir accompagné. Avec celui de la veille au soir, ça fait même 4 ascensions en moins de 24 h.
Et ce n’est pas fini !!
Coup de téléphone avec Karine pour lui dire que je n’ai plus qu’à descendre et qu’on peut ensuite tous partir au village départ de la cyclo retrouver les autres à Vaison la Romaine.
Au moment où je vais commencer la descente, une personne vient vers moi « C’est vous Velomontagne ? ». Ça fait toujours bizarre !!
Puis quelques secondes après j’entends « Tu es Idris ? ». C’est Arnaud, on se connaissait uniquement sur la toile par Tatiana. Décidément, je ne suis pas prêt de la commencer ma descente.
On se salue, je salue également le lecteur du blog, Arnaud, je le reverrai sur la suite du week end.
J’entame ma descente. Un peu plus léger, un gros morceau de fait, j’ai hâte de retrouver les amis.
Je les retrouve au gite. Je prends une douche, Karine me prépare une boite avec les pâtes qu’ils ont mangé le midi et nous partons tous à Vaison la Romaine au village départ retrouver le autres, Patrice, Martial, Roberto, Vanessa, Fabrice.
Nous nous organisons pour le soir puis c’est parti pour faire les courses et la préparation de la soirée au gite à Mollans sur Ouvèze, plus grand que le notre à Malaucène.
Des bons moments, la veille au soir de la cyclosportive. Tous nous avons les mêmes pensées tournées vers Tatiana et chacun se prépare à sa façon. Pour certains ce sera leur première cyclo (y compris pour moi même si je ne suis pas inscrit), d’autres ont l’habitude, pour d’autres ce sera aussi leur première expérience en montagne. Pour Karine, Patrice et moi ce sera le grand parcours avec l’ascension par Bédoin, pour Vanessa, Martial, Fabrice, ce sera le petit parcours avec l’ascension par Sault.
Pour ma part, je suis confiant, le seul endroit du parcours qui me fait peur ce sont les 18 kilomètres de faux plat des Gorges de la Nesque (le plus facile mais qui ne me correspondent pas, toujours ce même paradoxe…). Mais bon si j’avais vraiment des doutes, je ne serai pas allé faire les 3 ascensions du Mont Ventoux ce jour !
Pour ma part, j’ai promis à Karine de l’accompagner durant tout le parcours. Nous revenons à notre gite dans la nuit et préparons nos vélos
Dimanche 13 juin – 165 km – 3800 m de D+
C’est le grand jour ! Nous nous levons vers 4h du matin, petit dej, tension un peu ambiante. Nous mettons Karine et moi, nos brassards en hommage à Tatiana. C’est pour elle que nous sommes là. Nous sommes déjà chargés en émotions.
Nous filons à vélo sur les 8 kilomètres entre Malaucène et Vaison La Romaine jusqu’au départ. Il y a beaucoup de monde. Nous nous retrouvons tous, tous les amis de Tatiana vont partir tout devant dans le sas VIP. Je me place juste à côté sur le trottoir et les rejoindrais après le départ du premier sas.
C’est parti !
Le reste est ancré dans la tête. 165 km au total de parcours, une ascension finale du Mont Ventoux où j’ai épaulé Karine tout du long, on s’en souviendra, une journée qu’on a partagé. Un bidon qui roule, les pâtes de fruits, la batterie du téléphone, les papiers, ascension sans boire pour pouvoir asperger.
Et le final avec Arnaud et aussi Roberto et Thierry qui nous attendaient au Chalet Reynard.
Puis une fois en haut, Patrice et moi sommes redescendus presque jusqu’au Chalet Reynard pour retrouver et accompagner Vanessa qui faisait le parcours et l’ascension par Sault. Elle s’est arrachée au bout de l’effort pour finir, c’était par ailleurs chargé en émotions.
Tout le monde à son échelle et avec ses moyens du moment a réussi à se dépasser et accomplir son objectif du week end. Tatiana ne pouvait pas avoir de plus bel hommage !!
Il y a eu tellement de choses, de ressentis, de moments forts, de regards, de compréhension, d’entraide, de solidarité, de bienveillance, tout est dans nos têtes.
Le soir c’était soirée pour se remettre, rire ensemble et profiter.
Lundi 14 juin – 43 km – 1600 m de D+
Pour ce lundi 14, c’est jour de retour pour chacun d’entre nous, Karine, Florence, Jérôme, Julien, Max repartaient sur Paris, quant à moi j’avais le train à aller prendre à Carpentras pour changer à Avignon, Narbonne et Toulouse avant de rejoindre Tarbes.
Mais la veille au soir, lors de la soirée, Thierry avait deviné ce que j’avais en tête. Il sentait que j’avais envie d’aller grimper une dernière fois le Mont Ventoux avant de rejoindre la gare. Il loge à Bédoin et rentre sur Aurillac.
Et il passe par Montpellier. Il m’a proposé de me déposer en voiture jusqu’à Montpellier à la gare, ce qui me permettait de ne pas me lever à 3h du matin (surtout que nous étions en train de veiller et de boire un peu pour ma part), de pouvoir grimper le Mont Ventoux aux alentours de 7h/7h30 du matin, je le rejoins à Bédoin en bas de la descente et on part sur Montpellier où je peux reprendre mon train à 13h environ. Tout semble nikel.
Je me lève vers 6 h, un peu dans les vapes. Je dis au revoir à Karine et aux autres et j’enfourche le vélo. Je n’étais pas super bien du coup je n’ai pas pris de petit dej. Je commence l’ascension dans la pénombre. Mon sac du week end sur le dos. Je savoure le calme et la tranquillité, je guettais aussi la fringale mais j’avais pris de quoi me ravitailler. Il fait chaud dès le matin.
Mais alors que je pensais que mon sac allait peser lourd sur les épaules, je grimpais plutôt bien et en rythme. D’ailleurs à un moment un cycliste m’a petit à petit rattrapé et j’ai haussé le rythme pour pédaler côte à côte, nous étions entre 14 et 15 km/h sur les kilomètres à plus de 8 %. On a discuté pendant plusieurs kilomètres, c’était agréable car nous étions quasiment tous seuls, alors que les 2 derniers jours c’était la folie furieuse.
En arrivant au belvédère, je le salue car j’ai besoin de manger, je n’ai pas pris de petit dej et je commence à avoir un creux.
Je reprends ensuite mon vélo et je continue. Les kilomètres défilent, je suis plutôt bien. J’ai envie de boire de l’eau mais la garde pour arroser les fleurs que l’on a mises hier au sommet pour Tatiana.
J’arrive au sommet sous le soleil du début de journée.
Les fleurs sont là. Je vais les arroser, les roses sont toujours aussi belles. Je regarde le paysage, la tête un peu ailleurs…
J’envoie un message à Thierry pour lui dire que je n’ai plus qu’à descendre en bas.
Je m’arrête à la fontaine après 3 km de descente pour remplir mon bidon et boire enfin, puis je me lance dans la suite de la descente, chargée de beaucoup de choses, je m’en souviendrai de celle là aussi…
Je rejoins Thierry à Bédoin qui est….coincé au milieu du marché. On est coincé jusqu’à 14h. Quelle galère !! Au final Thierry me ramènera et dormira chez moi avant de remonter sur Aurillac, sinon je ne pouvais pas rentrer dans la journée de lundi et être au travail le lendemain… Merci Thierry !!
Ce week end, restera inoubliable pour nous tous, pour ces moments passés. Chacun avec son défi, ses inquiétudes, ses doutes, ses capacités, ses émotions, chacun a réussi à y arriver. Pour ma part, j’ai réussi à faire un condensé. En l’espace de 60 h (2 jours et demi), j’ai grimpé 6 fois le Mont Ventoux (et même un peu plus) pour 421 km et 11800 m de D+ avec 2 soirées également.
Impensable avant d’y aller. Ce week end est pour toi Tatiana.
(2 commentaires)
Enorme ! Idris d’avoir organisé un tel hommage à Tatiana, mais où vas-tu puiser toutes ses ressources physiques et qualités humaines, perso moi je dois essayer de gravir le Mont Ventoux l’été prochain, mais pour un Breton de 71 ans ce n’est pas gagné !
Bravo encore, je ne me lasse jamais de lire tes virées dans les hautes Pyrénées, j’ai passé plusieurs séjours à Saint Lary et Argelés -Gazost c’est une belle région pour faire du vélo.
Continue sur ta lancée.
Sportivement.
Author
Bonjour Joël,
Désolé pour le temps de réponse.
Merci pour ton message !!
Ce n’est pas moi qui ai organisé ce week end, on s’est tous donné rendez-vous là pour Tatiana 🙂 Et c’était ça le plus chouette.
Bravo à toi pour ton challenge du Ventoux l’été prochain !! Tu me diras !! En tout cas félicitations !! Si à 71 ans je fais encore du vélo en forme, je serai le plus heureux du monde !!
Merci pour ton message !! 🙂