25 octobre 2019 (53e sortie) : col du Portillon, puerto de la Bonaigua et col du Portillon par une belle journée d’automne

Ma semaine de vacances se déroule moins cycliste que prévue, le temps n’est pas au beau fixe sur les Pyrénées. J’en profite par ailleurs pour avancer d’autres choses et voir les amis.

Mais pour ce vendredi 25 octobre, la météo s’annonce enfin ensoleillée !

Je me programme une journée entière de vélo. J’ai envie de changer de décor, j’opte pour faire une belle sortie côté espagnol.

Le meilleur endroit pour cela est de passer par Luchon (31), le col du Portillon sur la frontière pour basculer car je compte aller grimper au puerto de la Bonaigua (2072 m) au dessus du domaine skiable de Baqueira station huppée espagnole de l’autre côté de la frontière, fréquentée longtemps par Juan Carlos alors roi d’Espagne.

Le soucis est pour y aller. Je peux prendre le train jusqu’à Montréjeau mais après de là, il y a 40 km d’une vallée encaissée à remonter, en prise tout du long pour ensuite enchainer le col du Portillon, la vallée espagnole, le puerto de la Bonaigua, puis le retour avec à nouveau le col du Portillon. Ce qui ferait une sortie totale qui avoisinerait les 180 km. En soit ça peut se faire même avec des mauvaises jambes mais il faut ajouter le froid glaciale du matin qui m’obligerait à pédaler dans la vallée pendant plusieurs heures en étant complètement gelé. Bref pas top.

Mais il se trouve qu’il y a un évènement artisanal à Luchon ce jour là et je contact une connaissance que j’apprécie beaucoup et que j’avais rencontré lorsque moi même j’avais mon entreprise sur des évènements. Il s’agit d’un apiculteur de Montréjeau. Je lui ai demandé si il allait à Luchon comme habituellement les années précédentes et si il pouvait me prendre au passage. Tout se goupille bien.

Je n’aurais pas à remonter la vallée le matin dans le froid.

Et je vais me rendre compte à quel point c’était mieux pour moi !

Une fois arrivé à Luchon, c’est parti !! Il fait vraiment froid, surtout pour les doigts malgré mes gros gants. Je suis en bermuda mais au niveau des jambes ça va, je supporte bien. Mais j’ai quand même 2 écharpes autour du cou. Tout est gelé et surtout tout est à l’ombre.

J’attaque l’ascension du col du Portillon. Le début est roulant puis ensuite il reste 7 km à plus de 8 % de moyenne avec de fréquents passages à plus de 10 %. C’est la deuxième fois que je m’attaque à cette ascension après 2016, à l’époque j’avais ma tendinite au genou et j’avais ensuite fait l’ascension vers Superbagnères complètement à la dérive dans la nuit.

Là je suis complètement gelé, je suis tétanisé par le froid, je pédale en mode automatique, je ne sens pas la pente, je ne peux pas changer de vitesse, je fixe au dessus les parties ensoleillées en rêvant de la douceur des premiers rayons… Ce n’est que dans le final du col que j’arrive par intermittence à des endroits qui commencent à être ensoleillés, quel plaisir !! Que ça fait du bien !! Je me sens revivre petit à petit.

Le froid est terrible
Enfin le soleil !
Le sommet du col du Portillon
On bascule en Espagne

J’arrive au sommet bien soulagé, je sens à nouveau mes doigts et normalement de l’autre côté, la vallée sera plutôt ensoleillée.

Je ne m’attarde pas et je bascule en Espagne !

J’avais déjà fait du vélo en Espagne, mais j’étais en voyage scolaire à l’époque, en Andalousie. Je n’ai jamais eu l’occasion de faire des ascensions.

Durant toutes ces années, je suis allé pas mal de fois sur des cols frontaliers mais je n’ai jamais eu l’occasion d’aller de l’autre côté (il faut dire que les cols frontaliers pour aller de l’autre côté ne sont pas dans les Hautes Pyrénées mais soit dans les Pyrénées Atlantiques soit en Haute Garonne) ou alors c’était des cols accessibles que côté français : col de la Pierre Saint Martin, port de Boucharo, port d’Aula, port de Larrau, col du Portillon, col du Pourtalet, tunnel de Bielsa.

Dans la descente sur Bossost je fais quelques arrêts photos à certains endroits offrant une belle vue, notamment au monument rendant hommage aux vainqueurs espagnols du Tour de France. Mais la plupart du temps la route est en forêt. Je fais également du repérage en vue de l’ascension finale du retour en fin de journée. Après 8 km de descente, j’arrive à Bossost, plutôt joli village entouré de sommets. Et je pars à droite vers l’ouest en direction de Vielha pour remonter la vallée de la Garonne (Garona plutôt). C’est sympa de remonter le cours de ce fleuve vers sa source de l’autre côté de la frontière après avoir tant de fois longé ses rives à Toulouse.

Petite plaque commémorative des vainqueurs espagnols du Tour de France
En regardant vers la vallée de Vielha (en remontant la Garonne) que je vais emprunter
Bossost

La vallée vers Vielha c’était un peu l’inconnue. Pendant plus de 16 km il faut la remonter pour arriver au pied du puerto de la Bonaigua dont l’ascension fait 23 km.

Je craignais un peu de me retrouver sur une route au profil usant. La vallée est constamment en montée, en faux plat sur une route large et très fréquentée par les camions allant à Lérida.

Heureusement, j’appréciais quand même le soleil et finalement les jambes allaient pas trop mal, je pédalais de façon régulière sur un rythme soutenu pour passer au plus vite cette partie sans me mettre non plus dans le rouge.

Une chose que j’ai vraiment beaucoup apprécier c’est que malgré la forte circulation, les véhicules s’écartaient comme il fallait pour me dépasser et ça c’est déjà bien.

Après ces 16 km, je suis arrivé à Vielha, j’ai pris la direction de la station de Baqueira et là c’est parti pour 23 km d’ascension. Le début est très roulant en longues lignes droites sur des pentes n’excédant pas les 5 %. Il n’y a aucun panneau kilométrique, je faisais donc confiance à la distance indiquée par mon compteur au fil des kilomètres. Je savais que pendant 10 km jusqu’à Salardu je serai sur ce profil de route.

Les lignes droites sont interminables, c’est assez impressionnant, mais par contre je suis content et soulagé de voir qu’à cette période, il n’y a presque pas de circulation sur cette route, j’avais un doute car le puerto de la Bonaigua permet un passage vers le sud pour le trafic routier et n’est pas raide. Mais finalement je suis tranquille et les voitures se feront très très rares et les camions inexistants.

La route remonte une immense vallée glacière fortement marquée en contrebas sur la droite. C’est majestueux à voir, mais du coup pendant des kilomètres et des kilomètres il n’y a pas un seul virage et le paysage ne change pas beaucoup^^

La vallée glacière est le décor pendant de nombreux kilomètres en ligne droite.
En regardant en arrière

Une fois Salardu traversé, je me fixe comme point de repère, Baqueira qui est 4,5 km plus loin. La pente passe autour de 6 %, ce sera ça jusqu’au sommet pendant 13 km dorénavant avec très peu de variations de pourcentage (max 8 %).

C’est juste après Salardu que j’a droit au premier virage de l’ascension, 2 lacets avant de me retrouver à nouveau dans une ligne droite de plusieurs kilomètres au début de laquelle se trouve Baqueira. Je m’arrête un instant pour manger 2 pâtes de fruit car mine de rien depuis le matin je ne me suis pas ravitaillé. J’enlève également ma veste thermique pour continuer en manches courtes car après le froid glacial du matin, il fait maintenant chaud au soleil.

Je laisse la route du Pla de Beret à ma gauche et je continue tout droit. Je suis content d’une chose sur cette ligne droite c’est de ne pas avoir de vent de face !!

C’est à environ 3 km du sommet que ça se corse légèrement lorsque j’arrive à une zone en chantier. Il n’y a plus de goudron et je me retrouve sur des cailloux pendant environ 2,5 km. La zone offre 4 lacets. Je pédale en essayant de prendre les meilleurs trajectoires pour éviter les crevaisons.

La nuée de vautours

Le paysage est vraiment beau à cet endroit et une drôle d’ambiance s’installe lorsque j’aperçois une nuée de vautours tournoyants au dessus de moi puis presque à côté de moi lorsque je prends de l’altitude. Sur le final, je commence à sentir un peu mes jambes, ça commence à faire de sacrés kilomètres que je pédale de cette façon en appuyant bien sur les pédales et petit à petit la fatigue s’installe.

Mais j’apprécie le final et j’arrive au sommet à 2072 m, au milieu de plusieurs hangars assez moches.

C’est quand même dingue, 23 km d’ascension pour seulement 6 lacets dont 4 dans les 3 derniers kilomètres !

Depuis la fin de la descente du col du Portillon, ça fait 40 km de montée jusqu’ici ! C’est cher payé car le paysage n’est pas non plus exceptionnel.

Je suis tout seul en haut. Il s’agit d’un lieu chargé d’histoire car pendant la guerre civile de nombreux espagnols ont fuit vers la France par ces routes.

Au sommet !!! (à noter que le panneau est en français)
Petit souvenir d’Espagne, 5eme pays dans lequel je franchis les 2000 m d’altitude et le 6eme pays dans lequel je grimpe.
Paysage pas exceptionnel

Je ne m’attarde pas trop non plus car maintenant, même si le plus gros est fait, il y a encore le retour à faire.

Je mets ma veste thermique, mon k-way, je prends quelques photos à noter que le panneau est marqué en français) et c’est parti pour la descente !

Je fais quelques arrêts photos dans cette descente qui me parait par moment un peu longue car les pourcentages n’étant pas excessifs, il faut constamment pédaler pour garder de la vitesse. On aperçoit la Maladeta (3312 m).

Baqueira

Une fois revenu à Vielha, j’ai pris directement la direction de la vallée pour revenir sur Bossost. Je commençais à être sacrément fatigué mais j’ai décidé d’y aller à bloc dans cette vallée pour sortir au plus de cette circulation. Heureusement c’est en faux plat descendant et en moins de 30 minutes j’ai pu avaler les 16 km jusqu’à Bossost.

Je suis au pied du col du Portillon et du retour en France. Je me suis arrêté pour enlever ma veste thermique et faire l’ascension en manches courtes. Allez, il reste 8,5 km de montée à 7 % de moyenne, ce n’est pas monstrueux mais pour le coup, là je suis cramé et il va me faire mal aux pattes ce col du Portillon. Mais je reste concentré et je profite du soleil déclinant qui est quand même agréable. C’est une belle journée d’automne qui se termine.

Dans la montée du col du Portillon, regard sur la vallée de la Garonne que je viens de passer
Bossost
Final du col, le jour décline
3eme ascension du jour !

C’est en serrant les dents que j’arrive au sommet du col du Portillon complètement carbonisé^^

ça y est, ç’en est fini des ascensions. Je ne m’attarde pas, j’attaque la descente sur Luchon, puis c’est la vallée jusqu’à Montréjeau. Je n’ai plus de jambes en arrivant à la gare.

Retour en France

La forme n’est pas là depuis la fin de l’été, ça se sent mais ça suffit pour se faire plaisir sur une journée comme ça.

Ça fait une journée à 120 km et 2900 m de D+ et l’impression d’être en vacances.

Et surtout c’est ma première ascension en Espagne, ce qui fait le 6eme pays dans lequel j’ai effectué une ascension (après la France, Andorre, Italie, Suisse, Belgique) et le 5eme pays différent dans lequel je grimpe à plus de 2000 m d’altitude.

(2 commentaires)

    • Anthony84C on 9 mars 2020 at 0 h 29 min
    • Répondre

    Salut Idris.

    Eh oui éprouvants ces longs faux-plats. Tu devrais prendre plus de pâtes de fruits voire de gels pour ce type de sortie. Je pense que le Pla de Beret doit être plus joli que le port de la Bonaiga. En 2006, il y avait eu une arrivée du Tour de France là-haut.

    1. Salut Antho,

      Là pour le ravitaillement j’avais ce qu’il fallait, c’était surtout la forme et les jambes qui n’étaient pas super top je dirais, c’était une mauvaise période à ce niveau là :/
      J’aurais bien aimé monter au Pla de Beret mais je n’avais plus le temps. J’espère avoir de nouveau l’occasion de retourner par là bas un jour 🙂
      je me souviens de cette étape en 2006, j’avais été au départ à Tarbes. De mémoire c’est Menchov qui avait gagné et Leipheimer avait dû faire 2eme ou 3eme et Dessel a perdu son maillot jaune pour quelques secondes.

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