Comment monter un col en vélo?
Voilà une question que se posent beaucoup de personnes je pense. Tout d’abord, il faut dire qu’il n’existe aucune recette type. Cela dépend de chaque personne.
Moi, lorsque je monte un col, je pars du principe (comme tout le monde je suppose) que j’ai une quantité d’énergie en moi qui n’est pas infinie. Que je parte pour enchainer deux ou trois cols ou pour parcourir 10 kilomètres de plat, c’est la même quantité d’énergie qui est disponible.
Ce qu’il faut se dire, c’est que un col ce n’est pas une petite côte que l’on a l’habitude de monter tout les jours, une côte où l’on peut aller à un rythme élevé car une fois au sommet c’est fini. Un col c’est long et beaucoup de sensations peuvent se faire sentir tout au long de l’ascension si différentes soient-elles. Il est donc nécessaire de savoir gérer et régénérer l’énergie disponible.
Pour gérer son énergie, il n’y a pas beaucoup de solutions. Il est absolument impératif de ne pas rouler au-dessus de son rythme et de ne pas piquer de sprints en pleine ascension du col. Pour cela il est nécessaire de ne pas vouloir arriver le plus vite possible au sommet. En effet, la vitesse et le rythme de l’ascension dépendent de la condition physique. Certains jours on est en forme et d’autres où on ne l’est pas. Lorsque je pars monter des cols, tout le trajet plat ou en faut plat montant pour arriver au pied des cols, je le parcours en-dessous de mon rythme. Car même si on est en dessous de son rythme, on dépense quand même de l’énergie. Cela demande donc au préalable, d’être capable mentalement d’accepter de rouler en-dessous de son rythme sur le plat, ce qui n’est pas forcément facile à accepter. Ensuite, dans les cols, pour ma part, je pense que rouler en dessous de son rythme n’est pas forcément la meilleure chose à faire. Il vaut mieux rouler à son rythme. C’est à dire qu’il vaut mieux rouler de façon à arriver au sommet du dernier col de la journée avec un peu de fatigue. En effet, cela permet de ne pas être en pleine forme à la fin de la journée et de commencer à regretter en se disant que l’on a pas fait un bon temps de monter alors qu’on avait les capacités d’améliorer sa performance.
Pour régénérer son énergie, il n’y a pas non plus beaucoup de choix. Il faut boire et manger. Lorsqu’on enchaîne plusieurs cols dans la journée, pour ne pas être obligé de s’arrêter dans la montée et ainsi fausser les performances et risquer de se refroidir, il vaut mieux s’arrêter et manger entre les cols. En ce qui concerne la nourriture, il est nécessaire d’avoir des sucres rapides qui sont amenés par les biscuits, les fruits secs et les pâtes de fruit. Ensuite, un sandwich n’est pas de trop non plus après avoir effectué la première ascension. Le plus important est de prévenir la fringale. Lorsqu’on ressent la faim il faut s’arrêter de suite car si l’on continue, l’énergie va manquer et les muscles vont commencer à fabriquer de l’acide lactique, cause des douleurs. Pour l’eau, il est nécessaire de boire régulièrement en petite quantité même lorsqu’on ne ressent pas la soif. En effet, lorsqu’on ressent la soif, on est déjà en état de déshydratation. Une gorgée de temps en temps permet d’éviter le dessèchement.
En plus de la condition physique, il y a le mental et la dimension psychologique qui influent sur la performance. Par exemple, lorsque je montais le Tourmalet, l’enchainement des kilomètres à fort pourcentage nous donne l’impression d’être à la limite de la rupture. A l’approche de la station de La Mongie (à 4 kilomètres du sommet) je me disais que j’allais m’arrêter pour me ravitailler. Et puis finalement, une fois à La Mongie, je me suis dit que finalement si je suis arrivé jusque là je peux encore faire un tour de pédales et ainsi de suite jusqu’au sommet. C’est donc le mental qui permet le dépassement des capacités physiques du cycliste et du sportif en général. C’est la volonté de vouloir accomplir une performance qui permet de réaliser cette performance. On peut avoir une excellente condition physique mais sans le mental et la volonté de se dépasser, on ne peut pas réussir à monter plusieurs cols dans une journée. Sans le mental, on ne peut pas se faire plaisir dans l’effort et la dureté de cet effort.
On peut avoir monté déjà beaucoup de cols par le passé, réussi à faire des enchainements de cols dans la journée, il n’en reste pas moins qu’à chaque fois que je me retrouve au pied d’un col, il y a toujours de l’appréhension. La peur de ne pas avoir assez de volonté, la peur de la fringale, la peur d’être surpris par la longueur et la pente dans le cas d’un col inconnu. C’est toujours comme ça, en vélo et dans d’autres sports, la certitude d’arriver au sommet des cols prévus dans la journée n’existe pas. La pire chose pour un sportif quelqu’il soit est la frustration d’avoir échouer dans ce qu’il entreprenait. C’est à partir de la frustration que le sportif se met à douter de lui et de ses capacités et qu’il cherche à tout pris à se dépasser encore plus pour se rassurer…
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