Cette semaine, mon jour de repos tombe le mercredi.
Je l’apprécie vraiment car j’avais atteint un gros niveau de fatigue. La veille je suis rentré à 23 h passées du travail et il y avait un superbe orage que j’ai passé du temps à regarder pendant encore 1 h supplémentaire.
Pour cette journée, le programme est simple, pas de réveil le matin et pas une grosse sortie non plus histoire de rentrer assez tôt.
Après avoir fait les Baronnies le dimanche précédent avec Cyrille, entièrement grand plateau avec la gueule de bois, je me suis rendu compte que les jambes allaient de mieux en mieux.
C’était peut-être le moment de tenter un défi qui me trottait dans la tête depuis quelques années déjà : grimper le col du Tourmalet grand plateau !
En 2016, je l’avais fait sur le col d’Aspin sur 50×21 et depuis je m’étais dit qu’un jour je le tenterai sur le col du Tourmalet. Ce jour me parait être arrivé. Malheureusement, je ne peux toujours pas utiliser mon vélo de route adoré car je n’ai pas encore mes nouveaux pneus pour les changer, je vais donc de nouveau rouler avec le Grandsaigne. Je serai donc en baskets. Par contre, le petit avantage de ce vélo c’est que la cassette à l’arrière possède moins de pignons et du coup le croisement de la chaine fera sans doute moins mal au dérailleur^^ Je pourrai donc grimper sur 50×24 si tout va bien.
Sur ce vélo je n’ai pas de compteur donc je ferai entièrement aux sensations sans me soucier de vitesse, de distance et d’heure.
Je mange un petit dej’ rapide, je prends mon petit sac à dos et j’enfourche le vélo.
Depuis Tarbes j’ai 36 km jusqu’au pied pour me mettre dans le rythme et voir comment vont les jambes. Le but est de rester concentrer et passer chaque côte aisément sur le grand plateau avant d’arriver au pied du col du Tourmalet.
Il fait frais et menaçant en partant de Tarbes, mais en montagne je serai au dessus des nuages et au soleil normalement. Mais en attendant je me paluche une nouvelle fois la plaine et la vallée dans la bruine et la fraicheur, pfffff….
Salutations avec Bruno Armirail que je croise dans la plaine.
Au moins ça semble bien parti, les 2 bosses de Pouzac avant Bagnères se passent facilement grand plateau comme à chaque fois. Puis après Bagnères, c’est la côte d’Asté de 1,3 km qui se passe facilement grand plateau. J’apprécie.
Le brouillard devient plus lumineux et à Campan j’entrevois les éclaircies et la sortie de la bruine. C’est assez impressionnant quand je me retourne et que je vois le ciel gris presque noir derrière moi et les belles éclaircies devant moi, ouf !!
Entre Campan et Sainte Marie de Campan, c’est progressif mais ça grimpe plus avec quelques passages à 9 %. Là j’ai l’impression d’être moins facile que sur tout le début du trajet, je ne peux empêcher le doute de s’immiscer dans la tête, le dernier raidar pour arriver à Sainte Marie, me donne l’impression de m’employer…
Allez, je reste concentré et c’est parti pour l’ascension du col du Tourmalet. Petit regard sur l’horloge de l’église de Sainte Marie de Campan et le défi est lancé, je continue toujours avec les objectifs intermédiaires pour le mental, d’abord les 4,5 premiers kilomètres jusqu’à Gripp, roulants et irréguliers pour continuer à bien se caler avant la suite.
La confiance revient peu à peu dans ce début et à Gripp, ça y est, c’est parti pour 12,5 km à 9 % de moyenne.
Et là tout le corps travaille, je me déhanche comme pas possible sur le vélo, les cuisses appuient sur les pédales, les bras tirent sur les guidons, le dos aide dans les mouvements, la mâchoire pour serrer les dents. Sur le début de la partie raide, j’ai un rythme plutôt pas mal, quand je me mets en danseuse, je sens que ça progresse bien, mais le vélo étant légèrement trop petit pour ma taille c’est moins aisé pour moi de rester longtemps en danseuse…
Je continue à grimper en me fixant des objectifs dans la tête en me disant « si tu passes les cascades grand plateau c’est déjà pas mal », puis « le lacet du Garet grand plateau ce serait cool » et ainsi de suite avec la stèle d’Eugène Christophe, les paravalanches, La Mongie, je continue ma progression imperturbable sans fléchir.
Au niveau des paravalanches je ressens un gros mal de dos, aie aie aie, c’est pas bon signe pour les jours prochains, j’essaye de trouver une meilleure position pour soulager le dos mais il faut compenser par autre chose, mais petit à petit ça marche et en traversant La Mongie, je ne ressens plus de douleur au dos, ouf !
Là ça commence à être dur, les 4 derniers kilomètres font très mal, je continue en alternant position assise et position debout, en soufflant fort, en serrant les dents.
Je rattrape quelques cyclistes qui tournaient les jambes 3 fois plus que moi^^
Sur ce final qui me voit faire de gros efforts, je repense aux premiers forçats de la route en 1910 qui avaient des braquets du style 44×18 pour grimper tous ces cols et qui les enchainaient sur plus de 300 km, quel truc de fou, en plus sur des chemins de terre et de cailloux. A ma toute petite échelle je me rapproche un peu de leur histoire avec ce braquet démesuré mais j’apprécie d’avoir une belle route goudronnée et puis de ne faire « que » le col du Tourmalet ! (mais à cet instant j’avais envie de rajouter le col d’Aspin) contrairement à leurs parcours.
Le dernier virage très raide me voit être presque en équilibre à l’arrêt avant de jeter mes dernières forces dans la dernière rampe raide de 400 m.
Quel plaisir d’arriver au sommet avec ce défi réussi et je viens de me faire des souvenirs pour la vie une nouvelle fois !! Instant magique !
Après quelques minutes passées à savourer le paysage et à discuter avec 2 barcelonais que j’avais rattrapé et encouragé dans l’ascension, j’ai entamé le retour.
Une descente tranquille en me laissant aller qui me voit entrer dans un brouillard dantesque après seulement 3 kilomètres. Les nuages remontent de la plaine et j’ai eu un super timing d’avoir pu faire toute l’ascension au soleil juste à temps pendant que maintenant ceux qui grimpent le Tourmalet le font dans un brouillard avec moins de 20 m de visibilité.
J’ai donc fait une descente prudente dans la fraicheur et même le froid. En bas j’étais trempé… Du coup tant pis pour le col d’Aspin, j’attaque directement le retour sur Tarbes.
J’ai fait tout le retour dans cette fraicheur et cette humidité. J’ai presque pris une crampe en passant les bosses de Pouzac à bloc, mais j’ai appris à les supporter, petit massage tout en pédalant à bloc et c’est passé.
J’ai évité une grosse couleuvre de justesse sur la fin et c’est bien content que je termine cette sortie qui me restera.
106 km et 2000 m de D+ pour mon 107 eme col du Tourmalet, sur 50×24 !
(2 commentaires)
Le Tourmalet grand plateau t’es un grand malade quand même Idris :). Heureusement que tu n’as pas cassé ta fourche, tu aurais été capable d’aller la réparer toi même à Sainte Marie de Campan lol. Bon ça doit faire un défi sympa, pas pour moi et mes maux de dos par contre. C’est quoi le prochain défi – le col du Jandri grand plateau ???
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Ahahaha 😀 Ouais c’était pour la beauté du geste 😀
Il y a quelques années j’avais fait l’Aspin grand plateau, ce coup-ci le col du Tourmalet. C’était particulier à faire mais sympa, par contre oui le dos il a dégusté, j’étais raide au bas du dos pendant quelques jours^^