102 km – 1400 m de D+
Nous sommes le 25 décembre, c’est un Noël très particulier…
Aujourd’hui ça fait 1 an que Tatiana nous a quitté… Si peu et si énorme… Tout va si vite… J’ai l’impression que c’était il y a quelques semaines seulement que nous rigolions au sommet du col de l’Iseran…
Voilà presque 1 mois que je n’ai plus fait de vélo, mes côtes fêlées se rétablissent lentement et sont encore très douloureuses. J’ai tout de même pu reprendre le travail après juste 1 semaine d’arrêt, mais j’ai tenté une reprise du vélo quelque jours auparavant à l’occasion de mon anniversaire mais j’ai dû faire demi tour après une quinzaine de kilomètres, trop douloureux sur le vélo…
Pour ce jour de Noël, j’ai prévenu mes parents qu’à midi je ne serai pas là mais plutôt vers 14 h.
Je voudrais aller au col d’Aspin pour allumer une bougie pour Tatiana.
Il fait très nuageux, la route est encore humide des dernières pluies mais ça devrait se découvrir et il ne fait pas trop froid.
Je prépare mon sac et une fois le jour levé, j’enfourche le vélo. Tout doux, tout tranquille pour ne pas réveiller de douleur. Les kilomètres dans la plaine passent, je suis heureux de retrouver les sensations d’être sur le vélo et de me diriger vers les montagnes.
Dans la vallée, ça grimpe de plus en plus. Je sens que je ne suis plus en forme du tout, dur pour les jambes et du coup compliqué d’éviter de forcer avec le buste, pour les moindres gestes, les côtes sont sollicitées.
Heureusement, je n’ai pas d’horaire pour rentrer. Je monte petit à petit. A Sainte Marie de Campan, c’est parti pour l’ascension du col d’Aspin, pour l’instant ça tient.
Mais après quelques kilomètres dans l’ascension, la douleur aux côtes est revenue, brutalement, très vive. Je serre les dents. Par moment ça m’élance tellement que j’en ai le souffle coupé et que je grimace. Ça cogite à fond, est-ce que je fais demi tour ? Est-ce que je suis en train d’aggraver ma blessure ? Vais-je le regretter ?
Je continue malgré tout, je garde le cap. C’est dur, très douloureux. Les 5 kilomètres après Payolle à presque 8 % se font dans la douleur, c’est un calvaire.
Quel soulagement d’arriver en haut. Ma 158 eme ascension du col d’Aspin, il m’en fallait bien un comme ça avec les côtes fêlées.
Au sommet, mes pensées sont pour Tatiana, 1 an…
Je vais m’asseoir dans l’herbe face au Pic du Midi et j’allume la bougie que j’ai apportée avec moi. Noël ne sera plus jamais pareil…
Les minutes qui passent avec ma bougie, face au Pic, sont comme suspendues. Je voudrais que ça ne s’arrête jamais.
Au bout de quelques minutes, je reviens à moi, je range mes affaires et je repars pour rentrer. La douleur est toujours là, je traine ma misère tout le retour.
Je m’arrête chez mes parents pour manger en me gardant bien de les inquiéter pour mes côtes puis je rentre.
Promis, j’attends d’être complètement rétabli avant de reprendre le vélo… Il me faudra encore plus de 2 semaines.
Il s’agit de mon 4eme Aspin de Noël.
Et ça y est, sur cette ascension, j’ai passé les 150 000 m de D+ pour l’année 2021., pour la première fois de ma vie. Sur le col d’Aspin, col que j’ai le plus souvent grimpé, sur celui en souvenir de Tatiana.
Quelle année ! La tendinite, les engelures, le 1 million de mètres de D+, les 10 000 m de D+, les Barons du Soulor / Aubisque, les 3 Tourmalet, les 3 T, les 6 Mont Ventoux en 2 jours et demi, Hautacam et Aubisque avec ma coéquipière, 150eme Aspin, 150eme Tourmalet, le Tourmalet sur la neige et tellement d’autres souvenirs !
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