Voilà le genre de sortie en vélo qui fait du bien juste avant les mauvais jours! Avant que la neige n’arrive je voulais aller au col du Petit Saint Bernard (2188m) au départ de Bourg Saint Maurice. Cependant je voulais placer cette ascension dans un petit enchainement. Et puis 3 jours avant, j’ai trouvé une possibilité de parcours, un peu ardu peut être pour ma forme du moment mais j’ai décidé de le tenter. J’ai en effet, vu le profil du colle San Carlo (1951m) en Italie qui est un petit monstre plus dur que n’importe quelle ascension de France avec peut être juste le Mont du Chat et le Grand Colombier qui s’en approchent. Ce colle San Carlo c’est 10,5 km à 10% de moyenne sans aucun répit. Et son versant le plus dur commence depuis Morgex qui est aussi le pied du col du Petit Saint Bernard versant italien. Et ce colle San Carlo présente l’avantage d’avoir son autre versant au départ de La Thuile qui se trouve à 13,5 km du sommet du col du Petit Saint Bernard versant italien! J’ai donc décidé de grimper le col du Petit Saint Bernard par Bourg Saint Maurice, de rejoindre l’Italie (car le sommet du col est à la frontière), de descendre de l’autre côté sur Morgex, de grimper le colle San Carlo et descendre sur La Thuile pour récupérer l’ascension du col du Petit Saint Bernard et revenir ainsi en France. Pour le final, je m’étais laissé le choix entre rentrer en train depuis Bourg Saint Maurice ou alors de grimper le Cormet de Roselend (1968m) si j’avais les jambes.
La grosse inconnue était ma forme et la météo qui s’annonçait nuageuse (soleil voilé matin et nuages supplémentaires l’après midi).
Je me suis levé à 5h30 le matin car j’avais le train à 6h40. Le levé reste un des moments les plus difficiles de la sortie^^
En allant à la gare il faisait nuit noire encore et j’ai donc pris mon éclairage et surtout il ne faisait pas chaud malgré les jambières et la veste thermique. D’ailleurs la veste thermique je la garderai toute la journée.
Après 1h15 de train, je débarque à Bourg Saint Maurice pour la 2e fois. La première fois c’était en juillet pour le col de l’Iseran (2770m).
Et me voilà parti! Le col du Petit Saint Bernard au départ de Bourg Saint Maurice c’est 31 km d’ascension à 5% de moyenne. Ce n’est pas raide mais très long. Mon objectif était d’arriver là haut sans ressentir de fatigue.
Les 3 premiers kilomètres sont communs avec le col de l’Iseran et tout ce qu’on peut dire c’est que j’ai eu ma dose de voitures pour la journée sur ces 3 kilomètres… Comme la dernière fois, pas un qui ne va s’écarter convenablement… Heureusement ils partaient presque tous vers Val d’Isère sur la route de l’Iseran, du coup quand j’ai tourné à gauche pour le col du Petit Saint Bernard il y avait beaucoup moins de monde.
Je n’ai pas chercher à faire l’andouille sur des gros braquets et j’ai plutôt tourné les jambes afin de m’économiser. La pente est d’une régularité impressionnante! Après la bifuraction, la route s’élève en larges lacets, c’est assez agréable. Par contre quand on voit la borne indiquant le sommet à 28 km, on se dit que ce sera long^^
C’était sympa par contre la route n’est pas toujours en bon état et sur le moment je trouvais ça assez dangereux, car il y avait des fissures assez larges et tout ça… Mais au retour je relativiserai…
Je ne ressentais pas de supers bonnes jambes, j’avais même mal aux mollets mais je n’étais pas en difficulté non plus et je grimpais en m’économisant. Je prenais de temps à autres des photos. On a Bourg Saint Maurice en point de mire presque tout le long, du coup on peut voir l’élévation.
Bourg Saint Maurice en bas :
Le Mont Pourri
La station de la Rosière à 8 km du sommet marque la dernière partie de l’ascension dans un superbe décor rappelant le final du Port de Balès (qui présente une pente bien plus raide par contre^^). L’air de l’Italie se rapprochait!
Le final du col du Petit Saint Bernard :
La statue de Saint Bernard qui a créé l’hospice (photo du dessous) au sommet du col :
L’ascension s’est bien passée et même si par moment c’était long et monotone, elle s’est faite plutôt rapidement. Je suis arrivé au panneau du sommet qui est 100m avant l’entrée en Italie. Je me suis arrêté là et le monsieur à qui j’ai demandé de me prendre en photo m’a fait remarqué que je n’étais pas fatigué et que je ne transpirais pas. C’était cool car c’était l’objectif! Au sommet à 2188m il faisait 14°C (au départ à Bourg Saint Maurice il faisait 13°C).
Toujours avec la jambe gauche de mon short relevée en raison de ma plaie au genou…
J’ai refermé ma veste thermique et me voilà parti en direction de l’Italie juste là. C’est la première fois que je descends véritablement dans un autre pays.
Par le passé j’ai bien grimpé le port d’Envalira (2408m) en Andorre mais je n’avais fait que les 7 derniers kilomètres en Andorre, je suis également allé plusieurs fois sur la frontière espagnole sans descendre de l’autre côté.
Là c’est assez particulier car on a l’impression de se jeter dans la gueule du loup car quoi qu’il arrive il faudra se refaire toute l’ascension du col du Petit Saint Bernard pour revenir en France.
Et très vite, la route côté italien est devenue désastreuse, très dangereuse. Il y avait des trous partout, il manquait des plaques de goudron, la route était effondrée des deux côtés du coup tout le monde roulait au milieu… Bref, j’étais sur les freins… Et surtout après une dizaine de kilomètres, uen grosse zone en travaux (où il n’y avait plus d’engin de chantier d’ailleurs) couverte de gravillons sur 2 km!!! Pas un seul centmiètre carré de goudron lisse et toute la largeur de la chaussée était couverte de ces gravillons… Pour prendre les lacets j’étais à 13 km/h! Et je remercie la voiture de derrière qui n’a pas cherché à me dépasser et m’a laissé prendre les trajectoires que je voulais pour ne pas déraper!
J’ai traversé La Thuile sans avoir vu de panneau indiquant le nom du village. Normalement c’est là que je déboucherai après le colle San Carlo. La suite de la descente est toujours aussi pénible mais avec une succession de tunnels en plus! Le premier est le plus long, presque 600m, les autres sont moins longs, mais je me disais que si par un malencontreux hasard je n’avais plus les jambes et que je décidais finalement de faire l’impasse sur le colle San Carlo, ce ne sera pas une partie de plaisir cette ascension interminable avec ces tunnels et cette route désastreuse…
Arrivé à Pré Saint Didier, j’ai débouché sur une intersection avec la route reliant Courmayeur à Aoste. Morgex est à 6 km de là direction Aoste. J’ai donc pris à droite sur cette route très passante qui permet de desservir la France et la Suisse.
Le versant italien du massif du Mont Blanc
J’arrive de la gauche
Morgex
Heureusement jusqu’à Morgex c’est du faux plat descendant et j’ai atteint le village rapidement. Là, Morgex était indiqué à un rond point à droite. J’avais vu que je devais passer un passage à niveau et aller le plus à droite possible pour tomber sur la route du colle San Carlo. Au rond point j’ai donc pris à droite et j’ai effectivement passé un passage à niveau puis un pont. A une intersection j’ai pris à droite et me voilà sur du 9%… Je me suis arrêté pour manger une pâte de fruit et je suis reparti. Pendant 2 km je grimpe sur du 10 à 12% sans être sûr que c’est la bonne route. Puis tout à coup je vois un panneau indiquant la direction du colle San Carlo. Là c’est du 12% et je sais que c’est parti sans aucun répit! Inutile de dire que je n’ai pas perdu de temps pour mettre tout à gauche^^
On y est !
Les premiers mètres sur du 9 puis là 12% :
Au total la montée c’est 10,5 km à 10%.
J’étais content de voir que sur du 12%, bien que c’était dur, j’avais plutôt les jambes qu’il fallait. La route est dans un superbe état et contraste grandement avec celle du Petit Saint Bernard! Ce col n’est pas très fréquentée car il est juste une alternative pour rejoindre la Thuile. Quant au Giro il ne l’a emprunté qu’une seule fois en 2006.
Je continuais de grimper alternant position assise et position en danseuse. Puis à un moment j’aperçois devant moi un panneau indiquant le pourcentage! Le premier de l’ascension bien que ça faisait 2 km déjà que je grimpais sur du 10%. Le panneau indique le sommet à 8,436 km et un pourcentage sur le prochain kilomètre de 10,54%. Je me suis arrêté pour le prendre en photo car il était joli tout en bois. Ce sera mon seul arrêt de l’ascension.
La route n’offre aucun répit et on est toujours en prise, je voyais sur mon compteur le pourcentage presque tout le temps au dessus de 10 ou 11%. La pente est difficile à grimper mais le fait de savoir qu’on est sur une rampe monstrueuse donne un petit plaisir à y être enfin après avoir fait toute la route en vélo pour y arriver. C’était presque grisant car j’avais les jambes que je voulais dans cette 2e ascension de la journée!
La route serpente en courbes et en lacets au milieu des arbres, c’est vraiment un pur plaisir. Il commençait à faire chaud (20°C) mais je ne voulais pas m’arrêter pour enlever ma veste thermique, je l’ai juste ouverte.
Le kilomètre suivant est à 11,45%, là ça arrache un peu plus. Dans ce kilomètre je suis revenu sur un couple dont le monsieur a mis pied à terre et s’est mis à pousser son vélo, sa femme toujours sur le vélo mais qui n’allait pas plus vite que lui. Je les ai rattrapés en les encourageant.
Les kilomètres s’enchainent 10,05% puis 9,86%, 10,49%, 9,27%, 10,77% avant un final plus facile avec un 8,76% et les 436 derniers mètres à 7,73%. Les parties à 9% paraissent reposantes… Et les portions à 11, 12 ou même 13% s’enchainent sur plusieurs centaines de mètres.
Je n’ai pas pu prendre beaucoup de photos en roulant forcément mais j’en ai pris quelques unes tout de même.
Là je suis en train de rouler sur du 9% et devant on voit une portion à 12%
A 3 km du sommet j’ai vu un autre couple en vélo assis sur le bord de la route et qui se reposait.
Ces cyclistes que je voyais là dans le colle San Carlo était les premiers que je voyais de la journée!
Dans la dernière partie de l’ascension je suis passé devant la stèle à la mémoire de Diego Pellegrini qui a perdu la vie ici le 2 septembre 1993 dans une petite course.
Je commençais à respirer plus fort sur les 3 derniers kilomètres mais le plaisir d’être là faisait que j’ai trouvé que c’est passé assez vite cette ascension^^ En débouchant au sommet à 1951m d’altitude, deux cyclistes qui y étaient m’ont applaudi.
C’était des écossais! Ils attendaient leurs 4 amis qui étaient ceux que j’avais dépassé dans la montée, je leur ai dis où ils étaient quand je les avais rattrapés. Puis après quelques minutes et une photo, j’ai décidé de ne pas m’attarder et de continuer ma route en descendant de l’autre côté.
Le sommet tant mérité !
La descente de l’autre côté n’est pas très longue, seulement 7 km environ. Elle est très raide sur les 4 premiers kilomètres avant d’être plus roulante.
La Thuile vue depuis la descente du colle San Carlo
La route du col du Petit Saint Bernard derrière
Puis j’ai rejoints La Thuile que j’ai traversé sur une toute petite route avant de rejoindre la route du col du Petit Saint Bernard, vu l’étroitesse de la route pas étonnant que je ne l’avais pas vu en descendant tout à l’heure…
Là, j’ai repris la montée du col du Petit Saint Bernard. Il me restait un peu plus de 13 kilomètres à grimper encore. Bien que je n’étais pas (encore) cuit, j’ai décidé de ne pas prendre de risque et j’ai mis tout à gauche bien que la pente était à 5%.
A la sortie de La Thuile j’ai repassé ces 2 kilomètres de gravillons, c’était bien long dans le sens de la montée et très pénible! Je craignais la crevaison, c’était plus une portion pour VTC qu’autre chose…
Les gravillons, on ne voit pas très bien mais c’est entièrement recouvert de gravillons :
Après quelques kilomètres en aveugle (car aucun panneau n’indiquait ni le pourcentage ni le kilométrage avant le sommet), j’ai vraiment commencé à avoir le coup de pédale lourd. Dès que la pente passait à 6 ou 7%, j’arrivais encore à relancer en danseuse mais c’était difficile! Les 8 derniers kilomètres ont été très longs! En fait la majorité de ces 13 derniers kilomètres est à 6 ou 7%.
Mais je savais que c’était les derniers kilomètres avant le sommet, de revenir en France et la dernière descente sur Bourg Saint Maurice. En effet, il était clair que je n’avais plus les jambes pour me coltiner le Cormet de Roselend pour rentrer!
Le Mont Ouille au fond, si j’en crois mes cartes
Les derniers kilomètres du col du Petit Saint Bernard sont exposés au vent et la transpiration me rafraichissait pas mal.
Malheureusement le voile de nuages empêchait de voir la face italienne du Mont Blanc convenablement…
Dans le dernier kilomètre :
J’ai repassé la frontière et 100m plus loin je me suis arrêté devant le panneau au sommet du col. Ouf! ça y est! Je venais de terminer mon 2e bidon de grenadine et je l’ai donc rempli d’eau (j’avais une bouteille de 50cL dans mon sac). Mon premier bidon de 50cL de grenadine m’a duré jusqu’au sommet du colle San Carlo au kilomètre 70 alors que le 2e bidon m’a duré juste les 13 km de montée au col du Petit Saint Bernard.
La fraicheur a fait que je ne me suis pas attardé en haut et j’ai attaqué tranquillement la descente. Les premiers kilomètres sont juste en S dans un décor sublime! Pas besoin de freiner et j’ai pu me laisser aller à 60 km/h. Bien que je n’aime pas trop les descentes, j’ai apprécié cette partie!
Début de la descente dans un superbe décor, aucun coup de frein nécessaire sur plus de 4 km !
Bourg Saint Maurice au fond :
Pour le train je savais que j’en avais un vers 16h30, j’avais donc pas mal de marge et je pouvais rentrer tranquillement. Du coup sur la suite de la descente je me suis arrêté plusieurs fois pour prendre des photos et j’ai roulé tranquillement car par endroits c’était un peu dangereux (mais rien comparé au versant italien!). Le plafond nuageux descendait et le voile de nuages s’épaississait sur les sommets alentours c’était sympa à voir. J’ai croisé quelques cyclistes qui montaient, vu leur tête avec le masque de souffrance j’en ai conclu qu’ils avaient aussi sûrement fait un enchainement et comme pour moi, la dernière montée du Petit Saint Bernard avait du mal à se digérer, je n’étais pas le seul!
Bourg Saint Maurice se rapproche :
Après une descente qui m’a paru longue au final, j’ai débouché à Bourg Saint Maurice où j’ai attendu le train 30min. Une fois embarqué je me suis endormi d’un coup sur mon siège pour me réveiller 10min avant d’arriver à Albertville. J’étais un peu fatigué je crois^^
Au final j’ai parcouru 125 km pour 3300m de D+ avec 3 ascensions dont 2 de plus de 2000m (avec le col du Petit Saint Bernard deux fois) et un monstre avec le colle San Carlo. Il s’agit bien sûr du col le plus raide que j’ai grimpé. Et l’avoir fait plutôt avec des jambes pas trop mauvaises sans être en grande forme et en 2e ascension d’un enchainement de 3 ascensions, j’étais content! J’ai par ailleurs grimpé mon premier col entièrement à l’étranger (bon ok c’était pas hyper loin de la frontière mais quand même^^).
Voilà sûrement une de mes dernières grosses sorties de l’année. Le timing a été parfait car en descendant du train à Albertville quelques gouttes de pluie ont commencé à tomber!^^
Voici le profil de la sortie :
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[…] découverte pour moi, quant à l’Italie j’étais déjà allé au col du Finestre ou au colle San Carlo, mais c’était resté sur une journée […]
[…] découverte pour moi, quant à l’Italie j’étais déjà allé au col du Finestre ou au colle San Carlo, mais c’était resté sur une journée […]