4 septembre 2020 (37e sortie) : 4 fois le col du Tourmalet – bilan des vacances

Nous sommes le vendredi de ma 3eme semaine de vacances, tout continue de s’enchainer comme dans un tourbillon. Le coeur y est un peu moins, la tête encore moins, mais autant profiter encore du soleil.

C’est un petit challenge qui me faisait envie, tenter plusieurs ascensions du col du Tourmalet en suivant pour tester ma régularité. J’avais envie d’en faire 5. Seul petit soucis, c’est qu’à 19 h je dois être douché et habillé tout beau pour un diner chez une copine à Tarbes.

Ça va faire me lever tôt. Pour cette journée, je vais exceptionnellement utiliser la voiture pour aller en fond de vallée car le temps va manquer pour pouvoir tout boucler.

Manque de chances, je n’ai pas réussi à me lever quand le réveil asonné à 4h30, je suis vraiment épuisé… Je me suis levé bien plus tard, dur de prendre le petit dej, préparation des affaires un peu à l’arrache. Ça part mal tout ça dit donc…

Allez, je prends la voiture pour m’avancer au pied. J’ai le temps de penser. Si je peux faire les ascensions entre 1h30 et 1h40 pour les dernières ce serait bien. Bien sûr je vais y aller tranquille. Et je m’attends à voir mes jambes s’effilocher au fur et à mesure.

Je suis très loin d’imaginer ce qu’il va se passer…

J’arrive. Je me prépare, je grignote un peu. Et j’enfourche le vélo !

Il fait nuit encore, frais, j’ai la veste thermique. J’ai mon éclairage, je suis tout seul. Je préfère ça, mi qui n’aime pas la foule… Je profite de ces instants dans l’obscurité. Normalement la deuxième moitié se fera au soleil levant, j’en prendrai plein les yeux !

C’est parti ! Il fait encore nuit !

Je pédale tranquillement, la tête est ailleurs et pourtant pas si loin, quelques jours auparavant, des vacances de feu depuis le début.

Le jour se lève petit à petit, les jambes tournent tranquillement, je ne force absolument pas. Les couleurs sont magnifiques et rappellent le coucher du soleil lors du 111eme Tourmalet, c’est si beau, si dur, l’impression d’être au bord du vide. Bon sang, mais comment j’ai fait pour me retrouver dans cet état là. Je commence à être rattrapé par plein de soucis du quotidien et d’autres plus profonds encore, ce décalage entre ces instants passés depuis plusieurs jours et la redescente sur Terre est terrible.

C’est si beau au lever du soleil, et pourtant le coeur n’y est pas…
Magnifique !

Je suis dans les 3 derniers kilomètres, couleurs de feu pour ce lever de soleil, j’ai les larmes aux yeux, mais n’ai-je pas de la chance d’être si proche du gouffre au final ? C’est que je m’en suis sorti durant quelques jours… Il vaut mieux ça, à choisir je préfère avoir ce contrecoup, cette chute terrible car pour redescendre il faut être monté, plutôt que rien du tout…

Je fais le plein de photos
J’en prends plein les yeux !
La Mongie

Qu’est ce que je fous là ?… Les larmes aux yeux, la tête ailleurs, une déprime profonde et je suis en train de monter le Tourmalet au lever du soleil sans effort en 1h23, je ne sens rien dans les jambes. Pourquoi j’ai cette chance là ?

Et est-ce que je ressentirai ça à chaque fois que je grimperai le col du Tourmalet dorénavant ? Mais qu’ai-je fais ?!

Et le col d’Aspin, ce sera pareil ? Et si j’arrêtais d’y aller…

Le seul moment qui me sort de cet état là c’est quand j’ai croisé un groupe de veaux en train de courir sur la route face à moi avec les vaches au galop derrière, je n’étais pas super rassuré^^

C’est avec cet esprit complètement embrouillé que j’arrive au sommet. La vue est superbe, deux lamas sont là face au lever du soleil devant l’autre versant. Mes premières pensées vont à une personne en particulier.

Je profite du paysage, ici, seul. C’est si beau.

Au sommet, le premier de la journée !
Ce sera mon seul selfie du jour, trop de monde après

Mais il faut continuer, j’attaque la descente. Je me demande si j’ai vraiment envie de continuer la sortie, si je ne ferai pas mieux de rentrer… J’ai les yeux qui tombent de sommeil, je galère à les garder ouvert, notamment dans les lignes droites dans la descente…

Je croise quelques cyclistes, pas grand monde encore. Je m’arrêter caresser l’âne, ce cher vieil âne revu lors du 111eme Tourmalet.

Allez, on garde le cap. En bas, demi-tour et c’est reparti pour la deuxième ascension. Je ne ressens aucune fatigue dans les jambes pour l’instant. Allez, on va essayer de le grimper lui aussi en moins d’1h30, ce sera déjà mieux que ce que j’espérais à l’origine.

Les jambes tournent régulièrement. Je grimpe cette deuxième ascension comme si c’était la première. Je reste concentré sur mon souffle. Bien grignoter dès que j’en ressens le besoin. On est encore en début de journée, c’est vraiment agréable. Je rattrape quelques cyclistes que j’ai croisé tout à l’heure quand je descendais. Ça fait bizare à chaque fois^^

Les kilomètres défilent et je suis juste impressionné de continuer à grimper sans rien ressentir, j’accélère légèrement le rythme du coup. Et chaque cycliste que j’aperçois devant moi est un objectif, je bascule dans du n’importe quoi^^ Je suis en train de kiffer l’instant, chaque coup de pédale est un plaisir, c’est grisant mais je suis peut être en train de me griller pour la prochaine ascension.

La dernière rampe, je me fais plaisir. J’arrive au sommet en 1h22. Ben ça alors !! Plus rapide que la premeière ascension, je n’en reviens pas d’avoir pu aligner deux ascensions comme ça. Il commence à y avoir du monde en haut du col, je n’aime pas trop, je fais de suite demi-tour pour attaquer de nouveau la descente.

Au sommet pour la deuxième fois !
Au sommet pour la deuxième fois !

Dans les lignes droites, je suis presque en mode sieste, j’ai les avants bras posés sur les guidons tranquillement à presque 70 km/h et je pique du nez, aie aie aie…

En bas, je grignote à nouveau et c’est reparti pour la troisième ascension. Je me sens encore frais dans les jambes, je peux me faire plaisir.

A nouveau je rattrape des cyclistes que j’ai croisé dans la descente. Je pédale toujours de façon régulière. Je n’en reviens pas, je ne sens pas vraiment l’acide lactique dans les cuisses. Les kilomètres défilent, il y a énormément de monde mais pour l’instant personne ne me rattrape de derrière, c’est fou ça quand même.

Vers la moitié de l’ascension je rattrapé un groupe de 4 hollandais qui grimpe sur du beau matos, je les encourage, eux aussi et ils discutent entre eux en me voyant passer car ils semblaient être en train d’essayer de faire un chrono et moi je passe en bermuda^^

Je grimpe sur un rythme de plus en plus rapide, je sens que les jambes travaillent un petit peu plus.

A environ 3 km du sommet, un énorme camping car allemand comme je n’en avais encore jamais vu, tente de me dépasser alors que devant il y a un ralentissement. Et le camping car se rabat sur moi, je passe dans la caillasse entre la route et le fossé, je crie parce que je vais me faire écraser contre la montagne, heureusement il s’arrête parce que devant c’est à l’arrêt, en passant devant je lui fais un grand signe, il ne s’est rendu compte de rien… Hallucinant !! On ne vient pas en montagne avec un truc comme ça si on ne sait pas conduire !

C’est complètement bloqué par les voitures devant, obligé de mettre pied à terre pendant 1 bonne minute… Puis je repars et me faufile, j’accélère sur le final pour rattraper le temps perdu. C’est vraiment dommage et j’ai encore le rythme cardiaque assez élevé après la frayeur.

Je me lâche dans le final, la copine photographe est là ce coup-ci pour m’encourager, on se fait coucou. Et je termine au sommet en 1h19 de pédalage ! Incroyable !! Alors que je pensais que ça allait être dur d’en faire ne serait-ce que en moins d’1h30, la troisième est encore plus rapide que les deux premières. Je n’en reviens pas !

Au sommet pour la troisième fois !

Au sommet je ne reste que 30 secondes, je fais demi-tour et je redescends, je fais un arrêt pour dire bonjour à la copine photographe et je continue ma descente. A nouveau je pique du nez, c’est vraiment dangereux au fur et à mesure… Surtout ne pas faire de bêtise…

Est ce que je ne ferai pas mieux de m’arrêter ?

Je recroise les hollandais, on se salue avec des grands signes et me félicitent.

En bas, grignotage et hop demi-tour ! Encore une fois !

C’est parti pour la quatrième ascension, mais qu’est ce que je fous là ?! Bon là, je sens que les jambes ont bien travaillé, la fatigue fait son oeuvre…

J’essaye de rester régulier dans mon coup de pédale, mais je sens que le final sera bien difficile pour les jambes…

A Gripp, quand la pente devient raide, je me fais dépasser par 2 cyclistes, les deux premiers qui me dépassent aujourd’hui, enfin^^ Je n’essaye pas de les suivre. Mais je les garde en visu.

Puis je croise le groupe de hollandais qui me fait des grands signes en me faisant « 2 » avec les doigts et moi je leur fait « 4 »^^

Au fil des kilomètres ça devient de plus en plus dur dans les cuisses. Il fait chaud et la fatigue se fait sentir. J’ai les yeux qui tombent de sommeil, bon sang c’est comme quand j’ai fait mon record perso avant hier, je pédale mais je m’endors, décidément^^

Je continue de rattraper plein de monde et pourtant je sers les dents dans le final, les relances sont difficiles, ma vitesse s’effondre un peu. Et là il y a les gens en camping car qui sont là qui me reconnaissent à force de me voir passer et qui m’encouragent. L’ambiance est assez dingue.

Je passe à nouveau devant la copine photographe et j’arrive au sommet en tirant un peu la langue, à quelques mètres des deux cyclistes qui m’avaient dépassé il y a 12 km.

Verdict de la quatrième ascension : 1h30 ! C’est assez incroyable quand même ! 4 ascensions en moins d’1h30 et même trois en moins d’1h25.

Au sommet pour la quatrième fois !

Je ne m’attarde pas au sommet, quelques personnes qui m’ont vu y arriver plusieurs fois me saluent.

Je m’arrête pour discuter avec la copine photographe. On discute, on ne s’est pas vu depuis le mois de juillet en fait.

J’hésite à m’en faire une cinquième, ça va être juste pour mon diner de ce soir et j’ai envie de dormir… En plus je suis fatigué là, je risquerais d’y passer du temps. Allez je descends, c’est vraiment dangereux, je prends des risques.

Merci d’avoir été là cher ami !!

Ça ne sert à rien de continuer coûte que coûte, la sortie est déjà belle avec 4 ascensions du col du Tourmalet.

Je termine en bas avec 140 km et 5100 m de D+ et 4 ascensions réalisées sur un rythme de métronome :

1h23

1h22

1h19

1h30

Je me suis juste impressionné tout seul.

Si j’avais un peu plus d’heures de sommeil j’aurais pu partir plus tôt et en faire plus mais là, j’étais lessivé^^

Et le soir j’étais de diner à Tarbes comme si de rien était^^

C’est la dernière sortie vélo de mes 3 semaines de vacances. Des vacances bien remplies qui me voient boucler 2100 km et 45 000 m de D+ en moins de 3 semaines, avec 1 rando aussi, quelques soirées fiesta, des nuits blanches et ce n’est pas encore tout à fait terminé pour le sport puisque le lendemain sera une séance de course à pied.

Moi qui ne coure jamais, je vais faire 10 km en 45min42, 4min35 / km, de quoi me dérouiller les jambes, juste profiter jusqu’au bout !

Ce qui donne à la fin des vacances en 23 jours :

  • 17 jours de vélo
  • 2 jours entiers de train
  • 1 jour de rando
  • 1 séance de CAP

Des vacances de dingue dont je me souviendrai longtemps, j’ai savouré chaque jour, chaque coup de pédales, chaque ascension, même quand c’était difficile, j’ai tout le temps apprécié, un régal et dire que rien n’était prévu à l’origine !

(2 commentaires)

    • Vincent Blakoe on 22 janvier 2021 at 19 h 36 min
    • Répondre

    Tu t’es inventé ton propre « fêlé du Tourmalet » Idris 🙂 ?

    1. Ahahaha 😀

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