204 km – 4600 m de D+
Lundi 6 septembre, il s’agit de mon dernier jour de vacances. Il fait grand soleil, enfin !! Depuis la veille ce sont des journées chaudes qu’on a sur les Pyrénées ! Du coup pour le dimanche, la veille, c’était rando avec des copines. Et pour ce lundi ce sera vélo avant la reprise du travail mardi.
Je voulais faire une journée soft, d’autant que je me suis levé tôt tous les jours même quand il ne faisait pas très beau. Et j’étais un peu fatigué car je ne me couche pas tôt non plus^^
Au fond de moi, j’avais une dernière sortie sympa que je souhaitais faire, c’était les 3T à 2000. Il s’agit de l’enchainement des 3 ascensions à plus de 2000 m au dessus de Luz Saint Sauveur qui commencent par T : le col des Tentes (2208 m), le cirque de Troumouse (2103 m) et le col du Tourmalet (2115 m).
Je suis rarement allé au col des Tentes et au cirque de Troumouse, 1 fois chacun, et pour cause, la route est déjà hyper fréquentée en été par les camping car, le cirque de Gavarnie étant au Patrimoine Mondial de l’UNESCO et aussi parce qu’avant les ascensions plus raides il y a 20 kilomètres de montée roulante potentiellement vent de face pour arriver à Gavarnie (11 km jusqu’à Gèdre pour commencer le cirque de Troumouse pour 17 km) avant 10 km d’ascension à environ 8 % jusqu’au col des Tentes. A cela s’ajoute les gorges de Luz, pareil à remonter vent de face pendant 11 km avant. Plus la plaine avant, bref ça fait une sacrée trotte quand même. Il y en a pour presque 250 km depuis Tarbes ! 230 si je descends en vallée de Campan pour rentrer.
Mais là, je dois passer voir en fin d’après midi une amie à Lourdes qui est malade, ce qui me ferait commencer la sortie de Lourdes et non pas de Tarbes, ça va économiser une quarantaine de kilomètres.
Mais je suis partagé entre l’envie de me faire plaisir et en même temps l’envie de ne pas me fatiguer et de rentrer tôt aussi.
Je sais que les jambes sont de moins en moins bonnes depuis maintenant 1 mois et que même si j’ai fait les 10 000 m de D+ 8 jours avant, je n’ai pas des sensations pharamineuses, en plus ça fait 6 jours que je n’ai pas pédalé…
Je me dis que j’aviserai au fur et à mesure de la sortie. Je pars tôt de Lourdes.
Il fait encore nuit, j’ai mon éclairage. Il fait déjà très doux. L’objectif est de faire la route jusqu’à Gavarnie avant le gros flux de touristes en voitures. Et aussi éviter la chaleur écrasante qui s’annonce quand je serai dans la vallée qui ne me convient pas… Et plus je pars tôt, plus je rentrerai tôt. Je mange 2 croissants en guise de petit dej et je pars.
Je suis de suite sur la voie verte jusqu’à Argelès donc pas de problème avec les voitures dans la nuit. Je pédale, il y a déjà un fort vent de face… mince… pas de chance… Je sens aussi que le coup de pédale n’est pas si bon et que je vais me fatiguer. Je roule sur le plat 2 km/h moins vite que ce que je pensais…
Bon allez, c’est pas grave, je suis là pour me faire plaisir on verra sur le moment !
Le jour se lève petit à petit quand je passe Argelès et que j’arrive à Pierrefitte où je rejoins la route pour commencer les gorges de Luz. Le vent souffle de plus belle. Je suis en danseuse à remonter les gorges. Je suis obligé de m’employer… ça part mal cette histoire… Là, non c’est sûr je ne ferai pas les 3 ascensions, je suis déjà limite dans les sensations et tout ce vent de face…
Je ne suis même pas soulagé d’arriver à Luz Saint Sauveur après ces 11 kilomètres car j’ai maintenant 20 km encore pire à grimper jusqu’à Gavarnie… Toujours à remonter sur des pentes inférieures à 6 %, interminables, toujours vent de face. Le timing est bon car il y a peu de circulation encore à cette heure. Il fait déjà chaud et je bois un peu d’eau. A Luz Saint Sauveur je ne me suis pas arrêté à la fontaine par contre à Gèdre après 10 km depuis Luz il faudra que je m’arrête pour l’eau et grignoter.
Pas fâché d’y arriver à Gèdre… Je m’arrête à la fontaine devant l’église, je mange un croissant de plus que j’avais, je bois de l’eau et remplis mes bidons avant de repartir. Allez !
A la sortie de Gèdre, je laisse l’ascension du cirque de Troumouse sur ma gauche, je ne sais pas encore si je la ferai, mais je préfère continuer encore jusqu’à Gavarnie. Mais au moins je sais que si j’en ai marre de cette route, je peux faire demi tour, me laisser descendre et commencer la véritable ascension du cirque de Troumouse qui me conviendra beaucoup mieux ! Dans la tête ça rassure.
Après 20 km, je passe enfin Gavarnie !! Ayé !!! L’ascension va enfin commencer !! 52 kilomètres que je pédale vent de face sur des pentes roulantes qui m’épuisent ! A la sortie du village, je repère une aire de camping-car avec un point d’eau potable pour après.
L’ascension commence, il y a des panneaux à chaque kilomètre. La dernière fois que j’y ai grimpé c’était…en 2010… Il y a 11 ans !! Il faisait une chaleur démentielle, ça a avait été interminable, j’étais en VTC, une grosse galère… Il n’y avait pas de panneau pour savoir où tu en es dans l’ascension à l’époque.
Là, ce n’est plus comme il y a 11 ans, même sans des bonnes sensations, j’arriverai là haut sans problème c’est sûr. Il n’y a presque pas de circulation. J’apprécie le calme de cette route qui grimpe de façon spectaculaire dans la montagne. C’est vraiment magnifique. Je rattrape un cycliste que j’encourage, je grimpe en mode tranquille, je ne veux pas me faire mal aux jambes, c’est la veille d’une très grosse reprise xD Mais je suis en train de me louper^^
Je salue des ouvriers de chantier, je me fais vraiment plaisir, vaches nombreuses, paysages au top. Mais je n’arrive pas à rester si longtemps que ça en danseuse par rapport à d’habitude. J’ai besoin de m’asseoir la moitié du temps, c’est le signe que les jambes sont moyennes… Je sens que je laisse de l’énergie dans cette ascension alors que ce n’est que la première….
Après 10 km d’ascension à environ 8 %, j’arrive au sommet du col des Tentes à 2208 m d’altitude. Il y a déjà pas mal de voitures de randonneurs qui sont là.
A l’époque j’avais pu aller jusqu’au port de Boucharo à moins de 3 km (2273 m) sur la frontière, mais maintenant ils ont dégoudronné la route et interdit l’accès aux voitures et aux cyclistes pour en préserver la flore, une bonne initiative je trouve.
Je ne m’attarde pas au sommet du col des Tentes, je commence la descente, il fait frais mais en manches courtes quand même.
Je fais plein d’arrêts photos dans cette descente. C’est sûr que je ne pourrai pas faire les 3 cols, alors je profite, je rentrerai tôt. J’hésite pour le cirque de Troumouse, mais j’ai encore quelques kilomètres de descente pour cogiter.
Je m’arrête à l’aire de camping-car pour remplir mes bidons et manger une barre céréale et une pâte de fruit.
En repassant à Gavarnie je fais le détour au milieu des randonneurs pour aller voir le cirque de Gavarnie. Je reviens ensuite en arrière pour retrouver la route et continuer ma descente sur Gèdre.
Allez, j’y suis, je me suis taillé toute cette route, allez je vais quand même y grimper au cirque de Troumouse ! Et puis un enchainement col des Tentes et cirque de Troumouse ça fera une belle sortie avec 2 bonnes ascensions pour finir mes vacances.
Je m’engouffre dans l’ascension du cirque de Troumouse. Il y en a pour 17 kilomètres. Il commence à faire très chaud, je transpire déjà. Ça fait 6 ans, en 2015, la dernière fois que j’y suis allé. Il n’y a pas de panneau, l’ascension se fait un peu en aveugle. Irrégulière, passages raides à plus de 12 % dans le début et parties moins pentues avant de repartir à la hausse progressivement et les 3 derniers kilomètres à 9 %.
Petit soucis, je n’ai pas mangé en prévision d’une deuxième ascension, mon ravitaillement est dans le sac mais je n’ai pas envie de m’arrêter non plus… Décidément je me complique les choses tout seul. Mais bon après c’est ma dernière ascension du jour, alors bon je peux tirer, si je prends une fringale après c’est moins grave. Je sens que les jambes sont dures, ça ne va pas tourner aisément, je me mets en mode tout tranquille. Régulier, en danseuse, assis, pas très en jambes mais sans subir la pente, c’est ce dont je suis le plus content cette année, réussir à enchainer les cols sans être en jambes mais sans subir non plus la pente.
Il fait vraiment chaud, les kilomètres défilent. Je passe l’ancien péage de Héas, le paysage est sublime, j’apprécie le calme, presque personne. J’aime être là en train de grimper. Je passe au nouvel aménagement à 3 km du sommet, l’auberge et le parking qui marquent la fin de l’accès pour les véhicules, juste après la barrière il y a juste un petit train qui fait la navette et les vélos et les randonneurs qui peuvent passer.
Le final est à 9 % et c’est bien là le paradoxe d’être avec des mauvaises sensations, au bord de la fringale, sur des pente à 9 % en plein soleil et pourtant je trouve que les kilomètres défilent vite.
Dans le final je me retrouve au milieu d’un troupeau de vaches, pas des plus rassurantes avec les veaux, j’ai slalomé pas loin des cornes^^
Je suis arrivé au sommet, devant le cirque de Troumouse. Toujours aussi majestueux ! Juste derrière c’est l’Espagne et le bien connu Mont Perdu (Monte Perdido). C’est le top. Je discute avec un autre cycliste étranger qui ne parle pas français (du coup discuter est un bien grand mot^^).
A ce stade, j’ai en tête que c’est fini pour moi pour les ascensions et que je n’ai plus que le retour à faire.
J’amorce la descente avec plusieurs arrêts photos, notamment sur ces derniers lacets magnifiques superposés. Je repasse dans les vaches encore moins rassurantes et encore plus proches^^
Je fais la descente tranquillement car la route est mauvais état, puis dans la partie légèrement remontante à un moment, je suis au bord des crampes dès que je me remets à pédaler ! Outch ! Heureusement que c’était ma dernière ascension, je suis à la limite. Je décide de continuer ma descente et de m’arrêter à la fontaine de Gèdre où je me suis arrêté le matin. Les parties où il faut pédaler, j’ai l’impression que je vais cramper instantanément des 2 cuisses…
Je bois de l’eau, mange une barre céréales, un peu de saucisson (oui ravito de malade^^). Je repars pour continuer ma descente, j’ai encore 10 km jusqu’à Luz Saint Sauveur.
Il fait une chaleur écrasante, mais en tournant les jambes, je sens que ça va mieux, forcément vu que je viens de manger je ne suis plus à la limite des crampes. Il est 13h30, ce n’est pas hyper tard non plus… Allez il ne me reste plus qu’une ascension et pas la plus difficile pour moi pour faire le défi, je risque de finir carbonisé complètement vu que je n’ai plus de jambes, mais c’est tentant… Je ne voulais pas finir fatigué, mais bon… Allez, c’est probablement ma dernière grosse sortie de l’année car il est possible que je repédale pas avant plusieurs semaines.
C’est en plus l’ascension « la plus facile » pour moi qui reste.
Et ni une, ni deux, en passant Luz Saint Sauveur, je remonte le faux plat jusqu’à la route principale et hop je m’engage directement dans l’ascension du col du Tourmalet. Zou !
Je sais que ça va être difficile, la chaleur est écrasante, en plus les 5 premiers kilomètres de l’ascension se font sur une large route en plein soleil en ligne droite…
Je prends un rythme régulier. Je relance régulièrement. Pour l’instant ça va je gère. Les kilomètres défilent plus vite que ce que je craignais donc c’est cool. Tout est dans la perception.
Mais je sens que je risque d’en baver sur la fin de l’ascension. Les kilomètres passent, je traverse Barèges, signe que ça avance un peu. La sortie de Barèges est raide et sans virage, je bois de l’eau, il faut que j’économise mes bidons. Je transpire à grosses gouttes. Je soupire un peu, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu cette impression d’être écrasé par la chaleur comme ça et d’être à ce point à la limite. J’arrive au panneau des 10 kilomètres qui annonce les 2 kilomètres faciles à 6 % de Tournaboup et qui amène sur la deuxième moitié de l’ascension. Je profite du replat pour boire et manger une pâte de fruit mais surtout pas de relance, là il n’y a pas les jambes pour ça xD
Puis la pente se recabre, mais bizarrement ça ne va pourtant pas mieux, mais qu’est ce que je kiffe ce moment, d’être en train de grimper tant bien que mal, sous le soleil, j’aime ces moments un peu galères comme ça.
Je continues de grimper régulier, tantôt en danseuse, tantôt assis. A 6 km du sommet, je rattrape un cycliste qui semble en bonne galère lui aussi, il zigzag. A cette heure-ci, ce n’est sûrement pas son premier col de la journée pour lui aussi.
Je l’encourage mais ça me redonne de l’optimisme car je grimpe finalement pas si mal que ça vu le différentiel de vitesse.
Le virage replat à 5 km du sommet fait du bien, là je ne remets pas de braquet, je me laisse aller^^
Les 2 kilomètres suivants paraissent un peu durs mais l’air du sommet approche, je sais que j’arriverai là haut sans être à la dérive et ça fait plaisir. Et dire que le matin je ne voulais faire que la première ascension…
Le final est raide à 1,5 km du sommet, la pente se cabre fortement, mais finalement c’est là que j’ai le plus aimé, ce final, c’est tout le paradoxe de ma façon de faire du vélo. Hâte que ça se termine et en même temps je ne voulais pas que ça s’arrête. La dernière rampe est raide mais je la passe plutôt bien.
Yes c’est fait ! Les 3T à 2000 m pour le dernier jour des vacances !
Je fais immédiatement demi tour, je ne suis pas resté plus de 30 secondes, je termine mon deuxième bidon au début de la descente, j’ai bu mes 2 bidons entiers (75 cl et 50 cl) dans l’ascension du Tourmalet, c’est dire à quel point j’ai eu chaud ! Je m’arrêterai à la fontaine de Luz Saint Sauveur en bas.
Après 2 km de descente, je croise le cycliste que j’avais rattrapé, il est cuit, il lui reste encore 2 kilomètres… Je l’encourage.
Je me sens un peu limite des crampes à nouveau dans la descente, je reste en roue libre, mais je me fais un bon plaisir à 75 km/h dans les lignes droites.
En bas, arrêt à la fontaine, je grgnote à nouveau un peu et c’et parti pour le retour jusqu’à Lourdes où je vais rendre visite à une amie.
Je n’ai plus de jambes sur les kilomètres du retour, outch ! Mais ça fait du bien !!
la fin m’a paru un peu longue^^
Une belle journée qui se termine avec 204 km et 4600 m de D+ et un objectif de plus réalisé cette année.
Il y aura eu les 3 variantes du Tourmalet depuis Tarbes en mai, le week end avec les 6 Mont Ventoux en juin, les 3 Aubisque par chacun des côtés en juillet, la sortie à 8000 m en juillet, celle à 10 000 m en août et donc les 3T en septembre.
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