29 juillet 2021 (30e sortie) : Hourquette d’Ancizan, col du Tourmalet, col d’Aspin, col du Portet, Pla d’Adet, lac de Cap de Long, lac d’Aubert, col d’Azet, col de Peyresourde, Peyragudes

278 km – 8450 m de D+

Je ne le sais pas encore, mais je suis au devant d’une journée dont je me souviendrai longtemps et qui va surpasser beaucoup de choses !

Jusque là je suis en vacances depuis plusieurs jours déjà, mais le temps pluvieux et incertain est en train de faire gentiment tomber à l’eau tout ce que j’aimerais bien faire… C’est d’autant plus dommage que je pense que j’ai une forme pas trop mauvaise.

2 jours avant, le 27 juillet, je suis allé prendre l’apéro au nord du département chez un ami et j’ai réussi à aligner 106 km – 1000 m de D+ à plus de 27 km/h de moyenne, ce qui pour moi est franchement pas mal car le plat n’est pas mon truc.

Ce jeudi 29 juillet est la seule journée pas trop mauvaise de la semaine. Il est prévu éclaircies et risque d’orages en fin d’après midi… Ce risque de mauvais temps en fin de journée ne va pas m’arranger pour être tranquille d’esprit. Et ça va se vérifier en fin de sortie…

Je souhaite faire une grosse sotie et enchainer les cols tout au long de la journée.

Une fois n’est pas coutume, je prendrai la voiture pour me rapprocher. Cela me permettra d’avoir également un point de réserve d’eau et grignotage.

Ma journée se déroulera en vallée d’Aure, départ de Saint Lary. Dans la journée je souhaite grimper le maximum d’ascensions de la vallée. J’envisage un enchainement Hourquette d’Ancizan (1564 m), col du Tourmalet (2115 m), col d’Aspin (1490 m), col du Portet (2215 m), Pla d’Adet (1680 m – les 3 derniers km), Lac de Cap de Long (2160 m), Lac d’Aubert (2197 m – 5 km), col d’Azet (1580 m), col de Peyresourde (1569 m) et je ne le sais pas encore mais je pousserai jusqu’à Peyragudes par les 2 versants.

L’objectif pour moi est d’enfourcher le vélo à 5 h du matin et d’être au sommet du dernier col vers 21 h. Ça va être phénoménal, mais tout au long de la journée, je respecterai mon timing presque à la minute.

Je suis concentré dessus dans la tête depuis mardi, la tension monte petit à petit, avant les gros objectifs j’aime ça^^

La veille au soir, c’est repas avec la copine (j’avais cuisiné toute la journée^^) avec bouteille de vin rouge, je ne me suis pas pris la tête^^

Je me suis couché vers 23h30 et mon réveil à gentiment sonné à 2h50 du matin.

Pas de problème pour me lever, c’est bon signe. J’avais déjà tout préparé, même le petit dej. J’ai mangé, je me suis habillé, j’ai pris mes affaires et le vélo et j’ai chargé.

Je suis parti et je suis arrivé à 4h45 à Saint Lary.

Il fait bien sûr nuit noire et il bruine… suffisamment pour être rapidement mouillé… pffff J’ai regardé la webcam du Tourmalet et j’ai vu qu’on voyait les étoiles de là haut, donc c’est au dessus des nuages.

Ça me rassure.

J’enfourche le vélo, je suis en manches courtes malgré la bruine et la fraicheur ambiante. Mes manchettes sont aux poignets au cas où.

Je mets mes lampes en route et c’est parti. Concentration maximale.

J’ai 7 kilomètres dans la vallée pour rejoindre Guchen, le pied de la Hourquette d’Ancizan, mon premier objectif.

Je ne vois pas grand chose, je suis les pointillés. Je tourne les jambes tranquillement. Je suis un peu tendu mais dans la tête je suis concentré. C’est surtout que si je me rate, je serai vraiment désabusé et ce n’est pas de sitôt que je retenterai ça, car il faut aussi que tout concorde et comme en plus je n’aime pas prendre la voiture…

Je commence l’ascension de la Hourquette d’Ancizan. Objectif, être au sommet avant 6h15. Il y a un peu plus de 10 kilomètres d’ascension. Je grimpe en danseuse en permanence, dans la fraicheur, la nuit, juste la lueur de ma lampe et l’ombre de mes guidons sur la route sous les arbres, ambiance géniale, le bruit de mon souffle, celui de mes roues sur la route, les jambes tournent, objectif grimper sans effort ce premier col. Les lumières dans la vallée me donne l’impression d’être dans un avion avant que je ne rentre dans le brouillard, je ne vois plus rien. Je ne vois pas non plus les panneaux ni mon compteur, je fais tout en aveugle, sans savoir la distance qu’il me reste à parcourir, juste aux sensations. Sans voir non plus ni les virages, ni les courbes, juste tourner les jambes et suivre la route juste sous ma roue avant.

Il fait de plus en plus frais au fil des kilomètres. Je commence à cogiter à un moment car mes sensations ne sont pas celles que je souhaitais. Bien sûr je grimpe sans effort mais je m’attendais à mieux… Et en plus il y a du brouillard… Est-ce que ça vaut le coup de continuer sur cet objectif ?… Il y a plein de choses qui passent dans la tête…

A un moment je pensais être dans les 2 derniers kilomètres de l’ascension alors qu’en fait il m’en restait encore 4 kilomètres…

A un moment une biche traverse juste devant moi, instant magique dans la nuit tout seul.

Le jour se lève un peu et le brouillard est moins sombre mais ça ne change rien car il est tellement dense que je n’y vois pas à 5 mètres.

La route s’arrête de monter, je suis donc au sommet^^ Il est 6h11. Je suis dans le timing. Je mange une barre céréale car il faut absolument éviter la fringale. Je prends le temps de mettre mon k-way car il fait seulement 10°C dans le brouillard même si je distingue la Lune à travers, je suis à la limite de passer au dessus.

Je m’élance dans la descente de l’autre côté. Beaucoup moins vite que prévu, je reste prudent dans le brouillard surtout qu’il y a les vaches et les chevaux en liberté sur ce versant. J’ai les doigts gelés complètement engourdis. Manquerait plus que mes engelures se réveillent… On est le 29 juillet et je claque des dents…

Je prends le temps dans la descente d’immortaliser des chevaux dans le brouillard juste après le kilomètre de remontée, puis je continue. Dans mon timing, je dois être à Sainte Marie de Campan et commencer l’ascension du col du Tourmalet à 6h50.

Et il est 6h48 quand je passe à Sainte Marie de Campan. Je décide de garder mon k-way sur le début de l’ascension, je commence direct. Tranquille, sans forcer, je dois arriver là haut sans effort.

Il y a quelques voitures qui circulent mais pas beaucoup.

A Gripp, d’un seul coup j’ai chaud, j’enlève mon k-way, pour me mettre en manches courtes et je commence les 12,5 km à 9 % de moyenne. Et là, ça va être génial !! Tout le temps debout sur les pédales, je tourne les jambes sans effort, je ne m’asseoie à aucun moment, je suis vraiment dans mon élément, je n’ai qu’à me laisser glisser là haut. C’est le top. Je passe au dessus des nuages à Artigues à 10 kilomètres du sommet et j’ai une superbe mer de nuages avec les premiers rayons de soleil du jour. C’est un instant magique ce paysage fabuleux, de grimper comme ça dans le calme, sans effort, au début d’une journée que je sens qui peut être mémorable.

Je passe au dessus des nuages

Je suis un peu en avance sur mon timing, j’en profite pour faire quelques photos du paysage. J’arrive au sommet en 1h32 sans effort et avec les sensations que je voulais à ce stade là. Ça me rassure par rapport à la Hourquette d’Ancizan où ce n’était pas exactement ce que je voulais.

Génial ! En plus malgré l’heure matinale et l’altitude, il fait très agréable au sommet en manches courtes. Je mange une pâte de fruit. J’enfile mon k-way car je vais devoir repasser dans le brouillard et là il risque de ne pas y faire très chaud…

Il est 8h31 quand je quitte le sommet du Tourmalet, je suis dans le timing. Je fais plusieurs arrêts photos et je ralentis une fois dans le brouillard, la visibilité est faible et je commence à trembler de froid… A un moment une vache traverse inopinément pile quand j’arrive, petite vague pour l’éviter^^

Sublime !

Décidément ce brouillard… ça me fait perdre quelques minutes comme la première descente, mais je passe à Sainte Marie de Campan à 8h58 pour commencer l’ascension du col d’Aspin. Je suis toujours dans le timing.

C’est parti pour le troisième col du jour, je le commence avec le k-way pour me réchauffer un peu avant de m’arrêter pour l’enlever quelques kilomètres plus loin. La partie roulante pendant 7 km jusqu’à Payolle est celle où je dois faire attention de ne pas me fatiguer sur les faibles pourcentages.

J’arrive à Payolle, je passe au dessus des nuages, là c’est parti pour les 5 derniers kilomètres plus raides. Et à nouveau, entièrement en danseuse. Un régal. Même si comme pour la Hourquette, je n’ai pas exactement les sensations que je voudrais contrairement au col du Tourmalet qui a été parfait… Bizarre. Mais là je cogite moins car je suis bien lancé dans cette journée.

Je vois enfin d’autres cyclistes. Certains à bloc, me dépasse, j’en rattrape d’autres. Je prends là aussi quelques photos car je suis en avance sur mon timing.

Quel régal ! Je mets un peu plus de 50 minutes pour arriver au sommet, sans effort là aussi.

Là haut, la mer de nuages sur le côté vallée d’Aure où je retourne, est vraiment sublime !! Incroyable !!

Mer de nuages superbe depuis le sommet du col d’Aspin

Petit moment amusant au sommet alors que je mange une pâte de fruit, quand 3 cyclistes me félicitent d’avoir grimpé le col d’Aspin. Ils devaient penser que c’était la première fois pour moi xD Ma tenue ne paye pas de mine… J’ai souris, j’ai mis mon k-way et je suis parti dans la descente sur Arreau. Au bout d’à peine 2 kilomètres je suis passé dans le brouillard avant de me retrouver en dessous.

Décidément le timing est excellent puisque j’arrive à Arreau à 10h19, alors que je m’étais donné 10h20 en bas de la descente. Je m’arrête remplir mon bidon à la fontaine et je fais la partie la plus compliquée à gérer pour moi, les 11 kilomètres de vallée jusqu’à Saint Lary.

Je continue de tourner les jambes sans forcer. Je croise l’ami Marc dans la vallée, on se salue de loin.

En direction de Saint Lary

A Saint Lary, je suis satisfait d’en être là où j’en suis même si pour la Hourquette et le col d’Apin j’espérais mieux.

Je grignote pendant 5 minutes, puis c’est parti pour le 4eme col du jour : le col du Portet (2215 m). Il s’agit de l’ascension la plus difficile de la journée en terme de profil et de chiffres mais pour moi l’épouvantail de la journée sera la prochaine encore après vers le lac de Cap de Long.

Le début de la route du Pla d’Adet / col du Portet

Là c’est 16 km à 8,7 % qui m’attendent.

Le début de l’ascension est commune avec celle du Pla d’Adet pendant 7 km à presque 10 % de moyenne en plein soleil et en ligne droite.

Je reste concentré. Continuer à grimper comme je l’ai fait jusque là, sans effort. Si je grimpe un col sans effort, je peux arriver à gérer au mieux le suivant pour le grimper sans effort là aussi.

Je suis quasiment tout le temps en danseuse à nouveau, je ne m’asseoie que quelques secondes pour détendre les cuisses avant de me remettre debout, mon style me convient à merveille et je sens que je fais moins d’effort debout qu’assis. Je continue de façon régulière. Je passe les 3000 m de D+ dans le début de l’ascension.

Le paysage est somptueux à mesure que les nuages se dissipent et que la température monte. Je suis enfin avec un vrai soleil !!

Pourvu que ça dure car il est prévu des orages en fin d’après midi…

Dans ma tête je m’attends à commencer à avoir mal aux jambes dans cette ascension. Mais les kilomètres défilent, je grimpe toujours régulièrement en danseuse dans ce paysage sublime. A un moment je rattrape un cycliste en galère qui avait bien chaud, je l’encourage et il me lance que j’ai l’air bien moi xD Je souris et je lui dit que pour l’instant ça va.

A cet instant je me sens vraiment sur une autre planète par rapport à mes sorties habituelles, j’en suis à mon 4eme col, un gros monstre en plus avec entre autre le Tourmalet avant et je suis toujours aussi bien.

A Espiaube, je quitte la route du Pla d’Adet pour commencer la deuxième partie de l’ascension fermée aux voitures en milieu de journée. La route devient plus étroite, plus sauvage et j’aime ça. Le calme fait du bien. Et je continue inlassablement sur les forts pourcentages qui se poursuivent.

A cet instant c’est juste magique d’en être là avec ces sensations.

A un moment, je croise 3 espagnols qui redescendent et qui prennent des photos, l’un d’eux me dit « Tourmalet ?! », je fais oui de la tête et ils m’encouragent à grands bruits. Ça fait super plaisir !

Je les recroiserai plus tard, ils étaient en train de venir en voiture par le Tourmalet et ils m’ont donc vus quand je le grimpais et qu’ils le descendaient en voiture.

Je passe les 4000 m de D+ et je suis toujours en train de grimper sans effort. Il fait chaud sur les derniers kilomètres.

J’arrive au sommet. Je m’attendais à y arriver moins bien mais en fait là j’ai les mêmes sensations que dans le Tourmalet ! Quel paradoxe, jusque là c’est dans le Tourmalet et le Portet que je me suis senti le mieux.

Le quatrième de la journée !

Je mange une barre céréale et je commence la descente, en manches courtes. Descente prudente sur cette route étroite entrecoupée de rigoles d’évacuation et à cause des vaches aussi.

A Espiaube, je prends la direction du Pla d’Adet pour terminer les 3 derniers kilomètres entre 6 et 8 %. Je craignais un peu la rupture de pente après la descente mais en fait aucun problème et c’est sur 39×25 que je passe les passages les plus raides à presque 10 % dans la station.

Pla d’Adet

Allez j’entame la descente sur Saint Lary. Je fais un arrêt à Soulan pour remplir mes bidons d’eau à la fontaine. Là je me fais plaisir, un billard, presque pas de virages, un beau paysage (quelques arrêts photos quand même).

Je suis toujours dans mon timing. 5 minutes de grignotage puis je repars pour la suite.

Pour moi, c’est l’épouvantail de la journée, la montée au lac de Cap de Long à 2160 m.

L’ascension est longue de 24 kilomètres avec d’abord 10,5 km dans la vallée jusqu’à Fabian, sans pourcentage au delà de 6 % mais tout le temps en prise et avec une forte circulation (car c’est la route de l’Espagne), pas le genre de partie qui me convient. Et ensuite une fois qu’on tourne à droite il y a 13 kilomètres à 8 % de moyenne, soit une ascension qui vaut le col du Tourmalet.

Là le soleil cogne fort… Je remonte la vallée, je force un petit peu plus. Il faut que je fasse attention dans cette partie là. Ça circule pas mal en plus, mais bon globalement ça peut aller.

J’arrive à Fabian, la bifurcation à droite, ça y est ! C’est la deuxième fois après 2017 que je m’en vais grimper les lacs du Néouvielle. La route devient étroite, ça s’embouteille un peu juste après la bifurcation avec des camping-car qui descendent. Heureusement, vue l’heure avancée en ce début d’après midi, les randonneurs sont déjà montés là haut et la circulation n’est pas excessive.

La pente se cabre. Il fait très chaud, je transpire beaucoup et ça me pique les yeux, c’est vraiment inconfortable. Je passe les 5000 m de D+.

Je grimpe toujours en danseuse la plupart du temps, c’est bon signe, ça veut dire que les jambes sont toujours là, mais la chaleur est écrasante et je le sens. En plus il n’y a pas de point d’eau, donc je dois économiser mes bidons. Juste une gorgée par-ci par-là.

A un moment une voiture me dépasse et ralentie à ma hauteur, c’est le gars que j’ai dépassé dans le col du Portet et que j’avais encouragé qui m’encourage, vachement sympa !!

Les kilomètres me paraissent un peu plus longs, d’autant que je ne sais pas exactement où j’en suis dans la montée.

Quand je passe le lac d’Orédon, ça y est je sais qu’il me reste moins de 4 kilomètres jusqu’au lac de Cap de Long. J’aperçois le barrage. Le paysage est juste sublime et magique !! Je tire un peu la langue dans ce final. J’apprécie le replat à l’entame du dernier kilomètre avant que la pente ne se recabre. Et là, à quelques mètres du sommet, je croise de nouveau mes espagnols du col du Portet qui m’avaient vu dans le Tourmalet ! C’est génial, ils sont impressionnés et m’encouragent, je les entends parler jusqu’aux lacets du dessous. L’un d’eux me demande quand je vais m’arrêter, je lui dit que j’en ai encore normalement après à grimper^^

Je suis soulagé d’arriver au lac de Cap de Long à 2160 m. Je m’arrête devant et je mange quelques fruits secs et quelques chips. Je bois quelques gorgées d’eau, mais je ne m’attarde pas, je préfère continuer au plus vite car je n’ai pas beaucoup d’eau.

Lac de Cap de Long 2160 m

Les lacs du Néouvielle il faut tous les faire, surtout que les plus beaux ce sont les lacs d’Aumar et d’Aubert ! (les espagnols ne sont pas allés là, dommage pour eux).

Le lac d’Orédon

Je redescends les presque 4 kilomètres jusqu’au lac d’Orédon. Là il y a énormément de voitures garées partout, c’est un vrai bazar (car juste après la route est payante pour aller vers les 2 autres lacs.

Je passe sur le barrage d’Orédon, je passe le péage (gratuit pour les vélos) et je commence les 5 kilomètres de montée. Ça ne parait pas bien long, mais il y a 3 kilomètres à environ 9 % de moyenne. La chaleur est écrasante. Là c’est dur, heureusement le paysage est magique, somptueux, sublime !! Et je passe les 6000 m de D+ dans ce décor !! Il y a une longue ligne droite à 12 %, heureusement quand je me mets debout sur les pédales ça tourne bien toujours. C’est surtout que j’ai soif et que je me déshydrate qui rend la chose plus difficile. Les randonneurs m’encouragent, ça fait plaisir.

le lac d’Orédon, le barrage de Cap de Long au fond en haut

La pente s’adoucit et au détour d’une courbe ça y est !! Je vois le lac d’Aumar, c’est plat ! Je continue et descends sur quelques centaines de mètres pour rejoindre le lac d’Aubert au bout de la route. C’est magique ! Je suis juste au pied du pic du Néouvielle dans ce décor magique avec plus de 6000 m de D+. A cet instant, je me dis que je pourrais arrêter ma sortie là, elle est déjà magnifique avec plus de 200 km et 6000 m de D+, mais quand je regarde de l’autre côté, je ne vois pas de nuage, pas d’orage à l’horizon immédiatement, non ce serait trop bête de ne pas continuer.

Lac d’Aubert 2195 m
Lac d’Aumar
Lac d’Orédon

Allez, je repars, je remonte les quelques mètres sur le lac d’Aumar avant de redescendre sur le lac d’Orédon. L’après midi avance et les randonneurs commencent à repartir, ça fait de la circulation. Il y a 500 mètres à 12 % à repasser pour passer du lac d’Orédon à la route de Cap de Long et descendre. Les automobilistes devant moi ont été sympas et m’ont laissé passer, mais cette descente sinueuse, étroite et en état très moyen n’est pas de tout repos, je reste vigilant et lucide.

Je suis content d’arriver à Fabian sur la grande route. Là il y a 10 kilomètres en descente roulante jusqu’à Saint Lary. Il faut pédaler en permanence. Mais un fort vent souffle de face, je reste concentré pour ne pas me fatiguer plus que de raison.

Saint Lary ! Je peux enfin boire comme je veux !! ça fait du bien !!

Là, la fatigue fait son oeuvre, je n’ai rien envie de manger, je continue directement sur le final, le col d’Azet puis le col de Peyresourde. Allez !

Un peu plus de 10 kilomètres d’ascension à 7 % de moyenne. Le début est facile, je mets tout à gauche et je tourne les jambes, je me laisse aller.

Mais juste après le village de Estensan, là ça se cabre à 8 %. Là c’est dur, j’accuse un peu le coup. Le soleil est déclinant en cette fin d’après midi mais ça cogne très fort encore… Je transpire beaucoup. Pour la première fois de la journée j’ai l’impression de subir la pente. A cet instant je n’ai pas envie de faire le col de Peyresourde en suivant… La traversée d’Azet est très raide, mais ça passe quand même.

Je continue de grimper en laissant passer ce coup de moins bien et à 3,5 km du sommet, alors que je passe les 7000 m de D+, miracle !! Je retrouve un peu de jambes !! Je retrouve du rythme, je repédale avec plus d’aisance en danseuse et je peux relancer régulièrement. Juste génial !!! Oh que ça fait du bien !! Et en même temps je pense qu’au fond de moi, je savais que ça allait s’arranger.

J’arrive au sommet devant les vaches. Le soleil décline de plus en plus et ça cogne beaucoup moins. La vue est splendide. Derrière moi, Saint Lary tout en bas et la montée du col du Portet et du Pla d’Adet et devant moi, de l’autre côté, le Louron avec le col de Peyresourde tout au fond et la station de Peyragudes juste au dessus. C’est fou d’en être là.

En plus je n’ai pas bu énormément d’eau dans cette ascension et ça m’en laisse pas mal pour la suite.

Je passe 5 minutes au sommet avant de repartir, il est 19h30. J’entame la descente sur le lac de Loudenvielle. Il fait frais maintenant que le soleil se couche.

Je prends quelques photos. La descente se fait vite, sur une pente raide avec des lacets, je fais attention de ne pas louper de freinage.

Lac de Loudenvielle, le col de Peyresourde est au fond avec la station de Peyragudes plus haut

Je contourne le lac, la route remonte un peu de l’autre côté, ça commence déjà à faire mal aux pattes^^ Je ne me souvenais plus de cette remontée avant de redescendre puis encore de remonter pour rejoindre la route du col de Peyresourde.

Je suis content de rejoindre la route du col de Peyresourde, je suis à 7 kilomètres du sommet. Et là c’est génial, car les sensations sont les mêmes que sur la fin du col d’Azet, peut être même un peu mieux, je peux me faire vraiment plaisir à grimper, relancer, être un peu plus en force. C’est grisant !! Je vois le dénivelé qui augmente sur mon compteur.

Au point où j’en suis, j’ai envie de pousser jusqu’à la station de Peyragudes (1610 m) une fois que je serai au col de Peyresourde.

A 3 kilomètres du sommet, je passe devant la bifurcation à droite qui va à Peyragudes en 3,5 km, ça commence à me trotter dans la tête. Mais pour l’heure je continue tout droit vers le col de Peyresourde.

Dans les 2 derniers kilomètres je suis dans le couloir avec vue sur le sommet, là le vent souffle très fort de face, je suis debout sur les pédales. Les nuages noirs remontent du luchonnais. Oh oh, on dirait que ça va virer à l’orage… Mais le sommet du col est juste avant les nuages. Je continues de grimper.

J’arrive au sommet du col de Peyresourde à 20h40. Les nuages commencent à envahir le sommet en remontant de Luchon. Je continues et je prends la route qui monte à Peyragudes, ça repart un peu dans l’autre sens et j’ai les nuages dans mon dos. C’est limite. Allez je suis sur la fin, le soleil disparait, le paysage est franchement sympa avec ces nuages qui remontent de la vallée d’Aure aussi. Mais pour l’instant ils ne me paraissent pas trop menaçants, mais j’ai tort.

Je vais prendre la route de Peyragudes

J’arrive à Peyragudes, je passe devant le club d’aviation en haut de la fameuse piste de l’altitport. Le club est fermé à cette heure-ci, pas de risque de voir un avion passer. Et si je me tentais la montée de la piste avec ses pourcentages de malade ?! Je n’avais pas pu venir le 19 juillet lorsque la piste était ouverte aux cyclistes, c’est l’occasion.

La station de Peyragudes, le temps tourne à l’orage, je vais encore me refaire la montée à la station

Je mets mon k-way et je descends la route et passe en bas de la piste. Mais une grande barrière bloque l’accès, elle est très haute et de nombreux panneaux indiquent « danger », « risque de poursuite » et tout ça. Zut, là à plus de 240 kilomètres au compteur et à 21 h passées, je ne vais pas tenter d’escalader cette barrière non plus. Je continue la descente jusqu’à rejoindre la route du col de Peyresourde à 3 kilomètres du sommet là où je suis passé tout à l’heure. Et là, instantanément je fais demi tour pour remonter. C’est que je suis tout près des 8000 m de D+ !!! Allez !! Là ça tire vraiment dans les jambes, il y a un peu plus de 3 kilomètres. Le début est à 8 % avant que le kilomètre suivant ne soit indiqué à 10 %. Ben dis donc, mais en même temps pour faire du dénivelé c’est l’idéal^^ Il fait franchement pas chaud et je continue de grimper avec mon k-way. Les 8000 m de D+ sont passés !

Je traverse la station et continue de remonter un peu avant de m’arrêter pour finir de manger tous les fruits secs qu’il me restait. Je redescends sur le col de Peyresourde. Il fait sombre maintenant.

Je mets mes feux en marche.

Allez c’est parti pour la descente sur Arreau !! D’abord 9 km de belle descente, là j’y vais tant que j’y vois encore ! (mes lunettes sont dans la poche depuis quelques longues minutes déjà).

Je déboule dans la descente, les nuages que je vois devant moi sont de moins en moins rassurant et en fait moi qui pensais fuir l’orage qui remontait de Luchon, je suis en train d’aller me prendre celui de la vallée d’Aure…

Je passe le plateau de Loudenvielle dans la nuit, il fait noir maintenant. Et là ça va être surréaliste. La pente est moins raide, je dois donc pédaler en permanence et tout d’un coup, les éclairs !! ça commence !! ça illumine tout le ciel au dessus de moi et le tonnerre presque instantanément qui fait tout vibrer, juste magique !! Il ne pleut pas encore, je suis tout seul dans le noir, à pédaler à bloc à plus de 40 km/h après plus de 250 km sous ces éclairs. Instant magique !

Puis les premières gouttes commencent à tomber, je continue, les minutes passent, ça ne s’amplifie pas. Mais je m’arrête quand même pour mettre mon téléphone dans la poche arrière du maillot sous le k-way. Et bien m’en a pris car quelques secondes plus tard, c’est le déluge ! Des trombes d’eau !!! Je suis en train de rouler à plus de 40 km/h. Je ne vois rien sauf quand les voitures me croisent avec leurs feux, je vois la quantité d’eau dans laquelle je roule. C’est impressionnant, un déluge de malade. Plus la peine de chercher à m’abriter tellement je suis trempé, je continue, je passe Arreau, il me reste 11 kilomètres jusqu’à Saint Lary.

Les courbes sont glissantes, je fais en sorte de rester sur le vélo, c’est dantesque. Quel final de sortie ! Au début j’essaye de continuer à bloc et puis après tout au point où j’en suis^^

La pluie s’arrête à 1 km de Saint Lary… Voilà de quoi rendre cette fin de sortie mémorable. Et finalement je suis content de l’avoir pris si tard et pas dès l’après midi comme c’était prévu car ça m’a permis de boucler la sortie entière.

J’en termine, je suis trempé, je frissonne, je regarde les chiffres sur mon compteur, c’est tentant d’aller chercher les 10 000 m de D+ mais les éclairs se font très nombreux au dessus de ma tête et de toute façon après ce que je viens de prendre sur la figure ce n’est même pas la peine. Il est 22 h passées.

Le bilan de cette journée est juste phénoménal pour moi !

278 km et 8450 m de D+ j’ai explosé mes records de dénivelé précédents 5550 m (225 km) et 5500 m (262 km).

10 ascensions distinctes et si on les range comme pour le Tour de France ça donne :

  • 3 Hors Catégorie : col du Tourmalet, col du Portet, Lac de Cap de Long
  • 4 Première Catégorie : Hourquette d’Ancizan, col d’Aspin, col d’Azet, Peyragudes (par le col de Peyresourde)
  • 1 Deuxième Catégorie : Lac d’Aumar et d’Aubert
  • 2 Troisième Catégorie : Pla d’Adet (les 3 derniers kilomètres) et Peyragudes (la deuxième fois)

17 h de sortie pour 15h35 de pédalage. Chaque col grimpé sans avoir besoin de pause dans les ascensions. Du brouillard dantesque du matin au déluge du soir en passant par une chaleur écrasante et des mers de nuages magnifiques. Une concentration permanente pour gérer l’effort et plein la vue.

Voilà ma nouvelle sortie référence pour moi. Chaque année je me demande si j’arriverai à refaire des trucs sympas et à chaque fois ça marche, le week end du Mont Ventoux en juin était déjà pas mal, les 3 Tourmalet en mai aussi, les 3 Aubisque aussi, d’autres sorties ont été belles à plus de 170 ou 180 km mais celle là est la plus belle ! Mes vacances pluvieuses en plein coeur de l’été sont également sauvées juste avec cette sortie, même si j’aimerais bien pouvoir faire un périple, mais la météo ne me le permettra pas…

Je ne le sais pas encore mais je vais bientôt encore changer de sortie référence…

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  1. […] où commencer ? Petit retour en arrière, le 29 juillet, 1 mois pile avant, j’ai fait une sortie de 278 km et 8450 m de D+ que j’ai dû terminer sous un orage et un déluge monumentaux. Ce jour là j’étais en […]

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