Dimanche 9 décembre, le Tourmalet me parait encore faisable, je n’ai jamais été si proche de pouvoir le monter à la période des fêtes !!
Je ne voudrais pas laisser passer l’occasion ! D’autant que pour mon entreprise, je dois aller à Bagnères puis dans les Baronnies livrer et relancer pour des papiers.
Mais ça ne s’annonce pas facile pour ce dimanche là. Déjà, la semaine de travail et puis la soirée de la veille, je me suis couché à 3 h du matin au final. J’ai vraiment envie de dormir un peu mais voilà, j’ouvre les yeux vers 7 h. Le temps d’aller regarder par la fenêtre…il fait beau !! Zut… Je ne peux pas aller me résoudre à me rendormir avec ce temps qui s’annonce. Ça va être le Tourmalet ! Si il était enneigé, je serai allé me recoucher, mais là c’est quand même le Tourmalet, je ne peux pas laisser passer ça.
Je me sens déjà fatigué.
Je prépare mes affaires, de vélo d’une part mais aussi tout ce que je dois prendre pour mes livraisons. Je vais aller en voiture à Bagnères pour d’abord apporter tout ce qu’il faut puis j’enfourcherai le vélo après.
Seule petite chose, il y a un vent de malade qui souffle en plaine !! Les nuages défilent à une vitesse impressionnante mais je constate qu’ils ne passent qu’au dessus de la plaine tandis qu’au dessus des montagnes ça ne défile pas, signe qu’il y a moyen d’être protégé du vent sur le piémont. Mais quand je serai à découvert proche du sommet je ne sais pas ce que ça va donner car je vais me retrouver dans des couloirs à vent.
C’est entre curiosité et excitation que j’enfourche le vélo vers 10 h après mes livraisons. C’est parti !! Je suis en bermuda, veste thermique, écharpe fine et gants courts. L’objectif c’est de se faire plaisir avant tout et de me reposer parce que la soirée de la veille je la sens. J’ai la chance d’avoir le Tourmalet pour me reposer, je vais en profiter !!
Je sens direct que je suis fatigué, le coup de pédale est lourd, mais qu’importe je sens que j’ai de quoi le monter sans forcer si je reste à l’abri de la fringale !
Je finis de remonter la vallée, j’arrive à Sainte Marie de Campan et c’est parti ! Ça parait irréel d’attaquer le col du Tourmalet un 9 décembre !
Comme les 3 précédents, je me dis que c’est probablement le dernier de l’année alors il faut le savourer !
Il y a en plus très peu de circulation.
Sur les 4,5 premiers kilomètres roulants je suis plutôt en train de forcer plus que de raison un peu entre 2 rythmes. Mais une fois à Gripp, on ne se pose plus de question, c’est parti pour 12,5 km à 9 %.
Je suis content de trouver assez vite le rythme qui me donne l’impression d’avancer mais sans forcer. Je sens déjà que je le tiendrai jsuqu’en haut sans problème.
Les couleurs de cette fin d’automne sont sublimes. Le soleil est bas sur l’horizon et je l’ai dans les yeux. Je savoure cette ambiance hivernale et je repense à toute cette année de Tourmalet depuis le printemps, les murs de neige, les orages puis ensuite l’été, les enchainements, la canicule, le Tour de France, la grosse étape puis les pluies de fin d’été, la fraicheur automnale, le vent glacial et là ce sera une sortie hivernale. Que de souvenirs en seulement 1 an !! Et si je compile avec toutes les ascensions des 9 dernières années j’en suis renversé.
Il fait frais car le début se fait à l’ombre mais je vois bien qu’un peu plus haut c’est ensoleillé, ça motive !
Je savoure chaque coup de pédale, je ne vois pas le temps passer. Et en même temps je me demande ce que je fous là alors que je pourrais dormir un peu, mais ça ne semble pas dans mon tempérament. Allez, on relance !!
Tout ce début d’ascension se fait à l’abri du vent, mais j’appréhende franchement le moment où je vais passer la courbe à 6,5 km du sommet et me retrouver à découvert dans le couloir à vent jusqu’au sommet.
Et je ne vais pas être déçu ^^
Déjà quelques centaines de mètres avant, en passant l’endroit où Eugène Christophe a cassé sa fourche, j’entendais le bruit du vent qui soufflait un peu plus loin. Et ça n’a pas loupé.
J’arrive dans la fameuse courbe et je me retrouve face au vent. Je suis scotché sur la route, les arbres semblent vouloir s’arracher. Le vent est glacial.
Je serre les dents. Ce n’est pas la pente le problème mais vraiment le vent. Et avec les courbes successives je me retrouve à l’avoir de côté assez souvent.
J’arrive aux paravalanches avec soulagement. C’est une des parties les plus raides mais au moins je suis à l’abri du vent.
Mais à la sortie du dernier, juste avant l’entrée de La Mongie, une énorme rafale arrivant de ma gauche me fait faire un écart sur ma droite et je me retrouve à seulement une quinzaine de centimètres du ravin et je suis en train de lutter avec mes bras pour tenter de limiter le décalage vers la droite, histoire de ne pas basculer. Je suis en train de fixer ma roue avant et cet écart de quelques centimètres par rapport au ravin, juste dantesque, l’adrénaline est à son comble. J’en ai presque mal aux bras.
La traversée de La Mongie me met à l’abri entre les bâtiments, mais ça repart de plus belle à la sortie. Heureusement il y a des barrières qui empêchent les voitures de passer. Ce n’est pas plus mal parce que garder la trajectoire devenait franchement galère.
Le sommet se rapproche et au milieu des rafales je progresse petit à petit. Avec ce vent, le ressenti est glacial mais je suis chaud dans la montée.
Je suis sur un rythme d’ascension d’1h31 à peu près, mais à 1,3 km du sommet j’arrive devant une plaque de neige et de verglas qui fait toute la largeur de la chaussée. Pied à terre et je passe à gauche dans l’herbe en poussant le vélo avant de remonter dessus.
Lors de ma dernière ascension le 4 décembre, j’avais dû mettre pied à terre dans le dernier virage, je sais ce qui m’attend mais en fait je ne m’attendais pas à ce que j’allais trouver…
A quelques mètres de ce dernier virage à 500 m du sommet, ça commence à patiner. Je mets pied à terre. Tout est verglacé ! La couche de glace est impressionnante ! Je vois la neige dans le virage. L’objectif est de l’atteindre histoire de moins glisser, enfin c’est ce que je pense.
Je fais quelques pas en poussant le vélo jusqu’à manquer de me casser la figure… Zut. Je mets mon vélo sur l’épaule et tente de continuer à avancer, mais voilà que tout d’un coup je glisse, je glisse, je glisse en arrière dans le sens de la pente. Je garde mon équilibre et me retourne pour voir où je vais ! Bon sang je n’aime pas le ski, je n’ai jamais fait de patin à glace et voilà que je suis en train de faire des glissades au Tourmalet avec le vélo sur l’épaule.
Mais comment je vais sortir de là moi ?!
Petit à petit j’arrive à atteindre ce que je croyais être la plaque de neige mais qui est en fait une plaque de neige recouverte de verglas, une patinoire dantesque dans le virage le plus raide de l’ascension ! Je manque de me casser la figure, une fois, deux fois, trois fois, je n’en suis qu’à la moitié. Allez, je laisse le vélo là et je finis à pied ? Oui mais non, il reste encore 300 m après qui sont praticables, non je ne pas laisser le vélo là je vais le regretter.
Et finalement je me sors de là, je réenfourche le vélo et je termine l’ascension !
Quelle douce sensation !!! Dans ce vent glacial, tout seul au sommet. J’ai l’impression d’être chez moi dans mon appartement. J’adore ce col du Tourmalet et pouvoir profiter de ce lieu mythique, connu dans le monde entier, tout seul comme ça, c’est à chaque fois agréable.
Mais j’avoue qu’il se mérite dans ces conditions ! Au sommet la batterie de mon téléphone passe à zéro après quelques minutes à cause du froid, signe qu’il fait moins de 0°C. Heureusement j’ai ma batterie externe.
Je n’en reviens pas d’être le 9 décembre là haut.
Je profite du paysage. Pendant que je suis sous un ciel bleu, la plaine est sous les nuages et même la pluie.
Bon je ne m’attarde pas, je mets mon écharpe chaude, mon k-way et zou c’est parti pour la descente.
J’arrive très vite à ce premier virage verglacé, que je repasse tant bien que mal. Il me parait durer une éternité de nouveau et à nouveau je manque de me casser la figure… Mais qu’est ce que je fous là ?!
Une fois cet épineux passage passé, je respire un peu mieux. Sauf que j’avais oublié que juste après la courbe suivante après 1,3 km de descente il y a l’autre plaque à passer, j’ai pilé, j’ai apprécié que mes freins fonctionnent bien parce qu’à un moment je me suis vu dévaler sur le verglas…
Ouf.
Il fait un froid glacial, je tremble de partout et surtout je suis en gants courts, j’ai le bout des doigts gelé ! Mais je suis obligé de rester en roue libre, je ne vais pas aller à fond alors que le vent souffle énormément.
Mais on se laisse facilement prendre au jeu et une fois La Mongie traversée, alors que j’atteins les 70 km/h, une énorme rafale m’arrive de la droite, je me retrouve complètement à gauche de la route et passe à quelques centimètres du ravin, en me déhanchant pour garder l’équilibre sur le vélo. Je crois que j’ai rarement vu le ravin d’aussi près et si vite !
Ben mon vieux^^
ça va me laisser des souvenirs !
La suite de la descente m’a paru durer une éternité tant j’avais froid !! Et ce vent terrible. Mais qu’est ce que ça fait du bien une belle ascension comme ça !
J’ai vraiment apprécié.
C’est la première fois que je monte le col du Tourmalet si tard dans l’année et il s’agissait de mon 25 eme de l’année. Et de mon 76 eme au total. Juste hallucinant ! Moi qui étais content d’avoir atteint pendant l’été mon challenge des 25 ascensions sur les 12 derniers mois, voilà que là je l’ai monté 25 fois en moins de 7 mois.
Ce coup-ci c’était effectivement le dernier de l’année !
(4 commentaires)
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Salut Idris.
Encore une sortie de ouf. T’inquiètes pas si un jour tu ne vas pas au sommet du Tourmalet, personne ne t’en voudra ! Tu l’as tellement grimpé en plus. L’essentiel en automne et en hiver est de pédaler pour garder la forme. Tu peux très bien commencer l’ascension et faire demi-tour quand cela devient dangereux, cela te fait quand même des kilomètres de montée pour muscler tes cuisses.
Moi quand je grimpe le Ventoux et que la météo est mauvaise au sommet, je m’autorise à faire demi-tour au chalet Reynard ou au chalet Liotard, je ne prends pas de risque inutile. Je l’ai grimpé tant de fois que pour le paysage, je le connais.
Bonne année 2019 ! Espérons que cette année tu pourras prendre des vacances, ou au moins quelques week-ends. Une sortie de temps à autre hors de sa région ça peut faire du bien.
Author
Salut Antho 🙂
Merci à toi 🙂
Bonne année à toi aussi !! Et bonne santé !! 🙂
Héhé oui je pense que je vais m’assagir petit à petit pour rester raisonnable quand les conditions se dégradent, mais il y a ce goût du risque et de l’aventure qui persiste 😀
J’espère aussi pouvoir prendre des vacances !! Cette année j’ai passé 2 jours en Belgique, mes seules sorties exotiques de l’année^^
A bientôt !!
Encore une belle sortie, Idris.
N’oublie pas très prudent, au moins de temps en temps.
Merci de continuer à partager ta passion avec nous.
Bonne année et vive le Tourmalet !
Matthieu
Author
Salut Matthieu !! 🙂
Merci pour ton message !! 🙂 Bonne année à toi aussi avec de superbes aventures en montagne !! 🙂
Cette année c’est décidé je vais être plus prudent et plus raisonnable !! 🙂