Périple J5 : 12 juin 2024 (16e sortie) : Italie, Cipressa, Poggio et Monaco

Prologue : 10 h de train – 36 km – 600 m de D+

J1 : 80 km – 2150 m de D+ – Mont Ventoux

J2 : 90 km – 1500 m de D+ – col de la Madeleine, col de la Gabelle, col de la Madeleine

J3 : 100 km – 1250 m de D+ – 5 h de train – Mont Faron

J4 : 102 km – 1400 m de D+ – 5 h de train – côte de Peille, col d’Eze

J5 : 123 km – 1250 m de D+ – 3 h de train – côte Ligure (Italie), Cipressa, Poggio di Sanremo, Monaco

Le réveil sonne à 5h du matin. Aujourd’hui est un grand jour, c’est l’objectif de mon périple. Ce ne sont pas des grands cols au menu, mais des lieux mythiques du cyclisme.

J’adore le vélo mais aussi l’Histoire, que ce soit l’Histoire du monde mais aussi celle du cyclisme.

Il y a bien sûr les grands cols mais aussi certains lieux différents. En 2014, lorsque j’étais à Lille pour le travail, j’avais loué un V’Lille et j’étais allé sur les secteurs pavés de Paris Roubaix et notamment le bien connu Carrefour de l’Arbre.

Puis en 2017, mon périple en Suisse et en Italie par de là le col du Saint Gothard, le Stelvio et tant d’autres m’avait conduit au mur de Sormano et à la Madona del Ghisallo sur les hauteurs du lac de Côme, hauts lieux du Tour de Lombardie.

Puis en 2018, devant aller sur Paris pour raisons familiales, j’avais pris 3 jours pour aller sur les plages du Débarquement mais aussi en Belgique sur les monts du Tour des Flandres (mur de Grammont, Koppenberg, Paterberg…) et sur ceux de Liège Bastogne Liège et de la Flèche Wallonne (mur de Huy, côte de la Redoute…).

Les derniers lieux des Monuments du cyclisme où je voulais poser mes roues étaient ceux de Milan Sanremo, à la Cipressa et au Poggio, les côtes finales du parcours sur la côte Ligure. Je voulais y aller en 2022, mais la chute en a décidé autrement, c’est donc en 2024 pour l’année de la reprise que je vais y aller.

J’enfourche le vélo à 6h, direction la gare. Je prends le train pour Nice puis je change pour aller jusqu’à Menton tout près de la frontière.

Vue sur Menton depuis la frontière à Garavan

C’est parti. Je vais au bord de la mer sur la piste cyclable qui m’amène devant le tunnel des voitures en passant la frontière.

Non ce n’est pas là, je repasse en France pour prendre une autre route qui monte sur du 7 à 8 % pendant quelques kilomètres. J’arrive sur les hauteurs de Vintimille (Ventimiglia) avant de redescendre sur la côte.

Dans la montée de Vintimille, vue vers la France

La vue est magnifique. A la sortie je trouve la piste cyclable que j’avais repéré sur la carte. Ça fait du bien d’être séparé de la route et de la circulation. Il faut dire que les italiens en voiture arrivent à voir des espaces et à s’y glisser, là où le cycliste n’en voit pas^^

La piste longe les plages de la côte Ligure. On sent la différence entre le niveau de vie exorbitant de la côte d’Azur et celui côté italien. La piste emprunte l’ancienne voie ferrée, du coup je traverse les villages par les anciennes gares désaffectées. La piste fait 26 km de long et de ce que j’ai lu, il s’agit de la plus longue piste cyclable de la côte méditerranéenne. On ne peut pas rouler très vite à cause du monde et des intersections avec les routes des voitures. Je suis tout excité à l’idée de rouler sur les lieux mythiques de Milan Sanremo. Je vais d’ailleurs y passer et continuer à longer la côte sur plusieurs kilomètres après jusqu’à San Lorenzo del Mare. C’est là que je quitterai la côte pour aller dans les terres et les collines pour grimper au village de la Cipressa et d’enchainer ensuite avec la montée du Poggio di Sanremo avant de plonger sur Sanremo et de revenir en France par la même piste cyclable le long de la côte.

Les kilomètres défilent et bien que le paysage soit magnifique je ne peux m’empêcher de ressentir un peu de monotonie avec cette vue.

Peu avant Sanremo, la piste traversent des tunnels de plusieurs kilomètres de long. C’est assez impressionnant, je n’en avais jamais eu de si longs à parcourir.

Un des longs tunnels de plusieurs kilomètres où passe la piste cyclable peu avant Sanremo

J’arrive à Sanremo en passant derrière l’ancienne gare quand tout à coup, je vois un panneau (en italien) qui indique un réparateur de cycle sur la gauche. Hop je descends de vélo pour monter l’escalier qui mène à la route, je marche en poussant mon vélo et après quelques dizaines de mètres j’ai aperçu en face un tout petit local qui tait la boutique du réparateur. J’ai pu acheter une chambre à air même si c’était une grosse arnaque (7 euros la chambre à air).

L’ancienne gare de Sanremo

Je reprends ensuite mon chemin sur la piste jusqu’à San Lorenzo del Mare. Cela fait 50 km que j’ai passé la frontière.

La côte Ligure, magnifique
Je suis bientôt à San Lorenzo del Mare

A partir de là, je quitte la piste pour rejoindre la route et prendre la direction de Cipressa. La route commence à monter. L’ascension est longue de 5,6 km à environ 5 % de moyenne. Le village est à 231 m d’altitude.

D’un seul coup il n’y a plus beaucoup de circulation et c’est pas plus mal. Quel plaisir de pédaler sur cette route historique que j’ai vu à la télé tant de fois. Au détour d’une courbe, j’aperçois le village de Cipressa perché, la fameuse vue que l’on voit sur les photos. Wahow !

Dans la montée vers Cipressa
Le village de Cipressa apparait, comme sur les photos dans les livres sur le cyclisme.

La pente est roulante et il n’y a aucune difficulté. Je fais plein d’arrêts photos car la vue plongeante sur la mer est vraiment chouette.

Je savoure chaque coup de pédale dans cette montée, c’est là que je voulais venir et j’y suis après tous les doutes sur mes capacités, la reprise du vélo, l’enchainement, les séquelles de la chute, la logistique, les trains, les bagages, la météo…

J’y suis

J’arrive au village de Cipressa. Il est magnifique. Un village typique italien, conservé et avec beaucoup de charme. La route traverse le village avant de redescendre sur une pente raide vers la route qui longe la côte. J’aperçois Sanremo sur le rivage à quelques kilomètres.

Sanremo au loin

Il y a 9 kilomètres à peu près entre la fin de la descente de la Cipressa et le pied de la montée du Poggio. Je me retrouve sur la grande route. Il y a énormément de circulation et ça roule comme des brutes… Ce n’est vraiment pas agréable. J’essaye de me dépêcher. Je guette la petite route qui part à droite pour le Poggio. J’arrive sur un faux plat descendant et je l’aperçois qui part à droite, j’accélère pour prendre de l’élan mais pas de chance juste avant sur la grande route il y a un feu rouge et plusieurs voitures arrêtées qui m’obligent à ralentir avant de pouvoir prendre à droite. Dommage. J’attaque la montée. Elle est longue de 3,6 km à 4 % à peu près. C’est roulant et je me fais plaisir. C’est un profil de sortie idal pour continuer de retrouver les jambes. Je fais la montée en profitant et sans lambiner, j’aperçois Sanremo en contrebas sur la côte, là où je vais arriver après ce détour.

Je savoure cet enchainement mythique. Les pros le disent c’est hyper roulant et ça se vérifie (même si les pros ont pratiquement 300 km dans les jambes à ce stade) et il n’y a qu’un passage à 9 % sur 80 ou 100 m à peu près, le seul endroit où une attaque peut faire la différence si elle est puissante. Le lacet final est somptueux. J’arrive au sommet, à Poggio di Sanremo et à l’endroit où je pensais voir la fameuse cabine téléphonique, je ne vois rien, je prends donc à droite dans le village pour continuer de monter, mais je m’arrête peu après pour vérifier ma carte (le GPS sur le téléphone ne fonctionne pas en Italie avec mon abonnement). Puis je reviens sur mes pas pour refaire une deuxième fois la rampe finale. Non c’était bien là bas que je devais prendre à gauche. J’en conclus donc que cette cabine téléphonique rouge est mise là uniquement le jour de la course. Ben mince alors, c’était ça que je voulais voir^^

Au Poggio di Sanremo, je suis là où doit se situer la cabine téléphonique normalement. J’arrive de là et pour descendre il faut me contourner et aller à ma droite derrière moi.
La vue depuis le dernier lacet que j’ai refait une deuxième fois

Allez je redescends sur Sanremo. La vue est splendide avec la côte. Je retrouve la route principale alors que j’entre dans la ville. Je voulais passer sur la via Roma, là où se fait l’arrivée de Milan Sanremo, tous les hôtels qui y sont y ont connu des anecdotes historiques après les courses. Malheureusement, il y a tellement de circulation, c’est étroit et ça roule vite, c’est hyper dangereux, je ne peux pas lever le nez.

Dans la descente vers Sanremo

C’est intenable toutes ces voitures, tant pis, je laisse tomber la via Roma et je vais rejoindre la piste cyclable.

C’est mieux. C’est reparti le long de l’océan. Je commence à avoir un petit creu. Je m’arrête sur un banc pour manger mes 2 boîtes de thon avant de continuer.

Je commence à avoir les jambes qui se font sentir.

Souvenir de mon vélo sur la côte Ligure

A l’approche de Vintimille, à Bordighera, la piste se termine et je reprends la route principale qui monte sur 3 km pour pouvoir ensuite redescendre et repasser la frontière. Les pourcentages se cabrent à 8 % dans certains virages. Je commence à être fatigué et je ne suis pas mécontent de rebasculer en haut pour descendre sur la frontière par Grimaldi et arriver à Garavan dans la commune de Menton.

Retour en France.

J’envisage de continuer le long de la côte pour ensuite passer sur les hauteurs de Monaco à Roquebrune et Beausoleil pour grimper jusqu’à la Turbie et rentrer par Peille. Une belle montée de 12 km pour passer du niveau de la mer à près de 700 m d’altitude.

Je longe la côte depuis la frontière à Garavan pour aller vers Menton. Je me perds un peu dans les méandres de certains parcs puis je prends la route des voitures qui longe les plages pour sortir de la ville et continuer en direction de Monaco. Ça circule énormément… C’est blindé de grosses bagnoles en continu…

Monaco là bas, je suis tout près, je vais bientôt grimper

En passant Roquebrune, je commence à m’élever sur une route étroite. Il fait très chaud, je me sens un peu écrasé par la chaleur. Cette circulation est étouffante et surtout, le soucis c’est que comme il y a du monde en face, ben les voitures ne s’écartent pas pour dépasser… Je continue de grimper en me faisant frôler. Mais comment je vais pouvoir me taper 12 km de montée comme ça ?!!! Je cogite. Qu’est ce que je fais ? Je ne prends pas de plaisir et c’est hyper dangereux. Allez, hop, je prends la décision, à la prochaine intersection de prendre à gauche et de descendre sur Monaco et de laisser tomber le retour à vélo.

Je vais en profiter pour faire un tour dans Monaco et je rentrerai en train.

Je descends et je déboule en ville. Wahow, des immeubles tous plus luxueux les uns que les autres. C’est pas mon style et je suis bien content de ne pas habiter par là… Tout est dans le luxe, le paraitre, l’argent…

Je m’arrête pour regarder les lieux que j’avais noté que je voulais voir à Monaco. Mais je vais vite me heurter à la densité de la circulation et aux embouteillages constants. Impossible d’avancer. Je réussis tant bien que mal à rejoindre le port au niveau de la piscine. Mais des barrières empêchent l’accès, je me retrouve à pousser le vélo sur le bord même de la route car il n’y a rien pour passer en sécurité. Je cherche des endroits d’où j’avais noté que la vue sur la principauté était belle, mais entre voitures, sens interdits et tout ce bazar, ça devient impossible. Je commence à en avoir marre et je vais plutôt aller à la gare pour rentrer en train sur Nice puis l’Escarène.

Devant le port de Monaco

Je repère où est la gare sur le plan mais elle est inatteignable. Je vois un panneau qui indique la gare à pied par les souterrains. Je descends et suis les panneaux dans un dédale de souterrains avant de perdre les indications, je me retrouve à tourner en rond puisqu’en ressortant du souterrain je me trouve…de l’autre côté du boulevard où je suis entré dedans, juste en face… Je commence à me demander si je vais finir par la trouver…

Je me dirige vers là où je pense qu’elle se trouve, il n’y aucun panneau. Je passe à côté d’une petite église et j’aperçois un panneau vers la droite, je m’enfonce dans une esplanade piétonne et tout au bout j’arrive au pied d’un énorme rocher (Monaco étant sur un rocher) d’où part un escalier qui monte en haut. Je prends le vélo sur l’épaule et je monte, je monte, je monte. Et en haut, pfiou je vois enfin ce bâtiment avec marqué Gare de Monaco dessus. Ben dis donc… C’est tout pour la bagnole et rien pour les cyclistes ou le train…

En cherchant la gare
Je vais monter là haut, mais plus vers le fond
Hé ben…quelle galère pour la trouver

Je rentre dans la gare. Elle est impeccable, d’une propreté totale. Impressionnant. Je prends mon billet et je prends le prochain train.

Pfiou pas fâché de m’en être sorti !

J’arrive à l’Escarène bien content de ma journée avec 123 km et 1250 m de D+ et surtout des paysages plein les yeux et l’objectif du périple atteint.

Ma 5ème journée d’affilée est faite. Il me reste encore 2 jours sur place et un bon programme de prévu.

Et pour la petite histoire, Monaco est le 7ème état dans lequel je pédale après la France, l’Espagne, Andorre, l’Italie, la Suisse et la Belgique. J’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres.

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