Cela faisait donc 14 jours que je n’étais pas allé pédaler en montagne. Il y avait bien eu la randonnée pédestre le 5 mai entre temps tout de même. La recherche d’emploi prenant du temps, c’est seulement le week end que je peux aller en montagne…
De plus, la semaine dernière, j’ai beaucoup moins pédaler (pour aller en ville, aux rendez vous…) que d’habitude. De ce fait, je ne savais pas du tout si j’avais de bonens jambes ou pas. A cela on peut ajouter le temps qui était mitigé et les températures qui ont brusquement chuté vendredi. Samedi 14, il a plus toute la journée.
Bref, je ne savais donc pas où j’en étais de ma forme car je préfère largement les périodes chaudes et sèches sur plusieurs jours.
Cette incertitude faisait que je ne savais pas du tout quel parcours effectuer… J’avais envie d’aller du côté du col du Tourmalet afin de faire le début du sentier menant au Pic du Midi pour voir à quoi il ressemble notamment l’état du sentier, en vue d’aller au Pic cet été. Si je n’avais pas assez de bonnes jambes, je prévoyais éventuellement d’aller du côté de la Hourquette d’Ancizan, voilà bientôt 2 ans que je n’y suis pas allé. J’avais également envie d’aller découvrir une nouvelle route sur le début de l’ascension du col d’Aspin, à savoir le Sarrat de Gaye (1221m) que je ne connais pas et qui est en très mauvais état parait-il. Et si par un heureux hasard j’avais d’excellentes jambes, j’avais toujours en tête un petit rêve un peu fou à savoir l’enchainement col du Tourmalet, Luz Ardiden et col de Tramassel…3 hors catégorie.
Pour garder un maximum d’options et étant donné j’ai pris le VTC. Le fait que je ne connaissais pas ma forme fait qu’il était possible que j’ai besoin de m’arrêter pour souffler, ce qui est bien plus pratique en montée avec le VTC.
Je suis donc parti tôt dimanche matin en direction de Sainte Marie de Campan. Il n’y avait pratiquement pas de vent de face, ce qui était quand même agréable. Pour ce qui était du ciel, il était très nuageux mais la météo prévoyait une amélioration dans la journée. Par contre il faisait très frais.
A partir de Campan, là où ça commence réellement à monter, j’ai senti que je n’avais pas d’aussi bonnes jambes que le 1er mai lorsque j’étais allé au col du Tourmalet (2115m). Cependant, une fois à Sainte Marie de Campan, je n’ai pas pu résister… J’ai décidé d’aller monter le col du Tourmalet. Juste le temps de manger une pâte de fruit. J’ai gardé ma veste thermique car il faisait très frais. Et j’y suis allé. Etant donné que je voulais faire quelque chose après (début du Pic du Midi ou autre), je ne voulais pas me fatiguer et j’y suis allé tranquillement. Mais à ma grande surprise j’allais quand même sur un bon rythme. Les 4 premiers kilomètres ne sont pas à plus de 4% de moyenne. Le 5e kilomètre à 7% annonce la suite. Déjà, là, je commençais à sentir que les jambes n’étaient pas là… A partir du 6e kilomètre, c’est parti pour du 9% de moyenne pratiquement jusqu’au sommet. J’avais déjà mal aux jambes mais je tournais quand même bien els jambes en arrivant à occulter cette douleur. Cela m’a permis de rouler convenablement. Cependant, j’ai commencé à avoir du mal quand même environ 3 kilomètres avant La Mongie, juste après le lacet du Garet. C’est à dire à 7 kilomètres du sommet. Là, ça a commencé à devenir long mais je me suis accroché sans mettre pied à terre. La traversée de La Mongie fut dure sur des pentes raides et le froid devenait de plus en plus intense. Heureusement, les nuages s’estompaient pour laisser place au soleil. Quelques bus m’ont dépassé notamment des belges mais pas trop de voitures. C’était déjà moins pénible que si ça avait été une succession de voitures. Sur les derniers kilomètres entre La Mongie et le sommet du col du Tourmalet, j’avais vraiment mal aux jambes, il faisait froid, c’était un peu long mais quand même quel plaisir de monter le col du Tourmalet, quelle chance j’ai de pouvoir le faire! Le paysage était magnifique même si sur la fin des nuages commençaient à remonter. Dans le dernier virage, il y avait encore des murs de neige. Je suis arrivé au sommet bien content quand même. Par contre quel froid!!!! Au même moment, deux hollandais sont arrivés en vélo par Luz Saint Sauveur. C’est l’un d’eux qui m’a pris en photo. Ils sont redescendus du même côté avant moi.
Mur de neige dans le dernier virage du Tourmalet :
Vue depuis le somemt du col du Tourmalet, côté Luz Saint Sauveur :
J’ai vu que le sentier menant au Pic du Midi était complètement boueux et pas vraiment praticable sûrement en raison des pluies de la veille. Je suis donc descendu vers Luz Saint Sauveur, un peu sans réfléchir. En effet rentrer par la vallée de Luz, Argelès et Lourdes est beaucoup plus long et pénible que de rentrer par la vallée de Campan. Mais j’avais Luz Ardiden en tête. cela me trottait dans la tête déjà dans la deuxième partie de l’ascension du col du tourmalet, alors que j’avais déjà mal aux jambes.
Pour la descente, le froid étant tellement intense (je claquais des dents) et n’ayant absolument pas envie de prendre des risques (la mort tragique de Wouter Weylandt sur le Giro y est-elle pour quelque chose??), je suis descendu en roue libre. Cela m’a peut être sauvé d’un grave accident…
En effet, seulement 1 kilomètre après le début de la descente, alors que j’arrivais dans une « ligne droite sinueuse », c’est à dire plein de mini courbes en « S » de quelques dizaines de mètres chacunesdescendaient le long de la roche (qui était à ma droite). A chaque petite courbe, on ne voyait pas le côté droit de la route sur environ 20 à 30 mètres mais ce n’est pas grave puisqu’on voit le côté gauche. Mais là, alors que je descendais en roue libre, bien à droite contre la montagne, que vois-je au détour d’une de ces courbes, en face de moi complètement à contre sens? Un anglais en voiture qui roulait en face, 25m devant moi seulement!!!! Il était complètement à contre sens collé à la montagne. J’ai freiné, bloqué la roue arrière (j’ai eu le bon réflèxe de ne pas bloquer l’avant), l’arrière m’a échappé, j’ai rattrapé le vélo in extremis, mais en voulant rattrapant le vélo pour ne pas glisser dans le ravin, je n’ai pas dévier le vélo, j’étais toujours en face de la voiture (qui s’était arrêtée), je me suis rvaiment vu m’encastrer dans la voiture, mais là l’arrière m’a re échappé une seconde fois, moins violemment que la première fois, j’ai de nouveau rattrapé le vélo, et j’ai pu dévier le vélo vers la gauche. j’ai ainsi pu passer à gauche en frôlant la voiture et en évitant de passer dans le ravin. Quelle frayeur!!! Et surtout quel c** cet anglais!! Heureusement qu’il roulait au pas et qu’il s’est arrêté dès qu’il m’a vu. Heureusement que je ne roulais pas vite (35/40 km/h), heureusement qu’avec le VTC j’ai pu rattraper le vélo car lorsque l’arrière est parti la première fois j’étais pas loin de passer par terre. Au total tout cela n’a duré que quelques fractions de secondes étant donné la faible distance (25m pas plus) mais j’ai eu le temps de rattraper deux fois le vélo et surtout de me dire une foule de chose même inutile.
Par exemple, dès que j’ai vu la voiture je me suis dit « m**** » Ensuite j’ai eu le temps de me dire « quel con cet angalis » (car j’avais remarqué GB sur la plaque ». Après avoir rattrapé la première fois le vélo et que je me suis vu percuter la voiture, j’ai eu le temps de penser « c’est pas vrai, je vais finir dans une audi sur le Tourmalet » (car j’ai eu le temps de voir la marque de la voiture) et encore plus bizarre je me suis dit juste après « c’est plus classe de mourir ici que sur l’Aspin » . Cela peut prêter à sourire maintenant, j’en rigole mais j’ai eu une des deux plus belles frayeurs de ma vie en vélo avec le 19 novembre 2009. Je ne suis pas prêt de l’oublier…
L’anglais s’est arrêté mais n’est pas descendu s’excuser alors que pour me remettre de mes émotions j’ai roulé à 8 km/h sur quelques dizaines de mètres.
Après cela j’ai continué la descente et après quelques kilomètres en roue libre je suis arrivé à l’intersection de la route du pont de la Gaubie et d ela nouvelle route des voitures passant par Superbarèges. J’ai voulu voir la nouvelle route et je l’ai donc prise. C’est du goudron de qualité moyenne un peu granuleux mais avec des barrières en bois sur le bord afin d’éviter de tomber de l’autre côté. Cette portion est sinueuse et contrairement à ce que je pensais cela évite de mélanger cyclistes et voitures sur 5 kilomètres je pense.
Vue sur Superbarèges, avec derrière, la route qui va vers le Pont de la Gaubie, qui sera interdite aux voitures :
Lorsque je suis arrivé à Superbarèges, que j’ai traversé, c’était un parking gigantesque, je ne savais plus où me mettre (heureusement qu’il y avait le marquage). J’ai ensuite continué la descente toujours tranquillement (je n’ai pas dépassé les 49 km/h dans cette descente). Juste en entrant dans Luz Saint Sauveur j’ai rattrapé les deux hollandais qui ne sont donc pas descendus vite. Et là j’ai pris la direction de Luz Ardiden. 1 kilomètre plus loin j’étais au pied de la montée. Je me suis arrêté pour manger mon sandwich. Les hollandais sont passés, ils allaient eux aussi à Luz Ardiden. J’ai mangé mon sandwich. Et c’est parti pour 13 kilomètres de montée à 7,7%. C’est une ascension que j’ai faite en 2009 (le 26 octobre) juste avant celle du Tourmalet. J’avais donc fait le parcours inverse de celui d’aujourd’hui. Je n’avais pas aimé la montée vers Luz Ardiden car la route est large sans charme sur le début. Et c’est très raide. Les deux premiers kilomètres sont faciles (5 et 6%) mais après ce sont des kilomètres à 8%, 9% et 10% qui s’enchainent hormis un répit à 6 kilomètres du sommet à 6,5%.
Les deux premiers kilomètres, à ma grande surprise, je les ai très bien encaissés sans aucune douleur. Juste après la pente passe à 8% et on traverse le village de Sazos puis de Grust à l’entrée duquel, une banderolle rappelle que le 14 juillet prochain, l’étape du Tour de France se terminera à Luz Ardiden (1715m). Dans le 3e kilomètre, je me suis dit que j’allais faire attention pour reconnaitre l’endroit où Armstrong était tombé sur le Tour 2003, endroit que je n’avais pas reconnu en 2009. J’ai essayé de me souvenir, et je me suis souvenu d’un grand virage à gauche dans lequel Hamilton avait fait signe aux autres d’attendre que Armstrong revienne. Et au même moment que vois-je devant moi? un grand virage à gauche. Il y en a plein vous me direz, dans cette montée! Mais je l’ai reconnu c’était bien celui-là, je me suis retourné et j’ai vu la courbe dans laquelle il est tombé. C’était à 9,5 kilomètres du sommet à peu près.
Après 4 kilomètres de montée, j’étais content de voir que je m’en sortais pas mal mais presque d’un seul coup alors que j’étais sur du 9%, j’ai eu mal aux jambes et ça a commencé à être très dur. Le vent soufflait énormément et tout le début s’est fait quasiment en ligne droite avec le vent de face. Quand ça ne soufflait pas il faisait chaud mais les rafales de vent étant froide, j’ai gardé la veste thermique. C’était assez difficile. Je moulinais, je n’avais plus de jambes… Et là, à ma grande surprise, j’ai rattrapé un des deux hollandais qui avait un vélo de route pourtant, je l’ai dépassé en l’encourageant avec le sourire car il avait l’air mal en point, il m’a sourit. Plus tard je me suis retourné et je ne l’ai pas vu, il avait du faire demi tour. C’est bien dommage car je l’ai peut être démoralisé sans le vouloir car je l’ai dépassé alors que j’étais à 7 km/h…
Les kilomètres me paraissaient longs et interminables!! Aie aie aie les jambes… A 3,5 kilomètres du sommet alors que j’allais entamé la fin en lacets, j’ai fait une pause dune minute. Juste pour détendre mes jambes. Cela a fait du bien et j’ai mieux géré le kilomètre suivant. Là il y avait pas mal de brebis sur la route et tout ça. Les lacets se sont enchainés sur de gros pourcentages. Ce fut long mais c’était la fin. Là, évidemment je savais qu’il était hors de question de penser à mon parcours un peu fou avec l’enchainement du col de Tramassel (Hautacam) en suivant!
Je suis arrivé au sommet avec soulagement et un gros mal de jambes. Je n’ai jamais eu autant mal aux jambes au sommet d’un col (en général c’est plus en rentrant). Et là, j’ai calculé qu’il me resté 74 kilomètres à peu près jusqu’à la maison…j’en avais fait 81 depuis le début. Bref, j’étais un peu dépité car en plus la portion entre Luz Saint Sauveur et Argelès est une portion que je n’aime pas… Enfin, revenons à Luz Ardiden. J’ai mangé un autre bout de mon sandwich et là, un couple suisse qui est monté en voiture, vient me voir afin de me demander des informations sur les lieux touristiques à voir. Ils étaient notamment émerveillés de voir l’endroit où serait tracée la ligne d’arrivée de l’étape du 14 juillet, lorsque je leur ai montré cet endroit. J’ai discuté environ une demie heure avec eux, j’ai vu une marmotte passer. Et j’ai décidé de redescendre pour rentrer car j’avais quand même pas mal de trajet…
Vue sur les 3,5 derniers kilomètres menant à la station :
Vue sur les pics dominant la station (dès que je retrouve els noms je les mettrai) :
Je suis donc descendu tranquillement sans prendre de risque. Une fois arrivé en bas, le vent soufflait énormément. c’était horrible, le vent était de face! Lorsque j’ai pris la direction d’Argelès, dans les lignes droites et les gorges de Luz, les arbres bougeaient énormément, l’herbe était couchée par terre à cause du vent. Je n’avançais plus. dans les portions descendantes, j’étais à 18 km/h seulement!! Le mal de jambes ne faisait qu’augmenter. Cela a duré environ une vingtaine de kilomètre, c’est à dire jusqu’à un peu après la sortie d’Argelès. Le vent s’est donc calmé et ce fut plus agréable mais ça soufflait encore… Jusqu’à Lourdes c’est une piste cyclable mais à partir de Lourdes, il y a non seulement quelques côtes mais aussi 10 kilomètres de ligne droite le long de la nationale. a ma grande surprise, les côtes (pas plus de 500m mais sur du 8/9%) je les ai toutes passés sur le grand plateau sans ressentir de douleur pendant la côte. J’ai continué de pédalé assez fort pour ne pas rentrer trop tard. Et c’est avec soulagement que je suis rentré à la maison quand même…après 152 kilomètres. Ouf.
Quelle belle journée quand même!! Et surtout, j’étais bien content car j’ai pu enchainer deux grosses ascensions (hors catégorie sur le Tour de France), le col du Tourmalet (2115m) et Luz Ardiden (1715m) avec de mauvaises jambes dès le début. Comme quoi, le mental permet de déplacer les montagnes! C’est exactement le parcours en sens inverse que j’avais fait le 26 octobre 2009 avec enchainement de Luz Ardiden puis du col du Tourmalet mais à l’époque j’étais prêt dans la tête et dans les jambes quand même, du moins plus que là.
Voici le profil de mon parcours, comme d’habitude, plus la distance parcourue est grande et plus GoogleEarth enlève des kilomètres dans le profil. Là il manque quand même 30 kilomètres! (quand j’étais au sommet de Luz Ardiden j’avais déjà parcouru 81 kilomètres alors que sur le profil il en manque au moins 15 à cet endroit déjà). Au total donc ‘jai fait 152 kilomètres et 3380m de dénivelé positif.
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[…] 5 ans que je n’ai plus fait cette montée et je ne l’ai faite que 2 fois (en 2009 et en 2011)…à chaque fois dans un enchainement avec le col du Tourmalet. Ce sera encore pareil ce […]
[…] avec le Tourmalet (en 2009 j’avais enchainé Luz Ardiden – Tourmalet pour rentrer, et en 2011 et début 2016 j’avais enchainé Tourmalet – Luz […]