12 mai 2020 (9e sortie) : col du Tourmalet dans le brouillard pour la reprise après le confinement et avant le travail

Voilà enfin le jour de la première sortie après le déconfinement !! Mais quelle déception de voir que la météo a pris un malin plaisir à se dégrader pile à la fin du confinement. Voilà presque une semaine que nous avons plus de 30°C au pied des Pyrénées, et en plus j’ai pas mal d’heures à récupérer du coup j’avais du temps libre et nous étions en confinement et voilà que pile pour le 10 et 11 mai il fait un temps épouvantable, trombes d’eau (1 mois de pluie en 36 h), neige à 2000 m d’altitude, vent, la totale quoi…

Pour ce mardi 12 mai le ciel n’est pas génial, mais à vue d’oeil j’ai l’impression qu’en montagne je serai au dessus des nuages et du brouillard humide qui trainent en plaine…

Et en plus je ne vais pas pouvoir lambiner car je travaille à 14 h (alors que ça fait 6 jours que je suis en récup).

C’est quand même avec de la déception et de la frustration que je j’enfourche le vélo de bon matin dans la bruine et le froid de Tarbes. Vraiment pas chaud, si bien que j’ai mis mon écharpe d’hiver…

Je ne sais pas trop comment je me suis motivé pour partir…

C’est fou de ce retrouver sous ce temps alors que la semaine d’avant il a fait jusqu’à 35°C… Et devoir y aller avant le travail alors que la veille je ne travaillais pas, ce n’est pas le plus pratique pour la reprise quand tu ne sais pas où en sont les jambes…

Pendant le confinement j’ai pu aller au travail en vélo (5,5 km), mais par contre, bien que j’ai pris le vélo d’appartement de ma mère chez moi, je n’ai pas réussi à me motiver pour en faire… Au final, niveau entrainement c’est dérisoire et je n’ai donc jamais fait plus de 5,5 km d’un coup (soit 12 minutes environ) depuis 2 mois, on va voir pour cette reprise ce que ça va donner^^

Malgré le temps, ça fait quand même du bien de tourner les jambes de nouveau sur les routes de campagne.

J’étais transi dès le départ, pffff… Il bruinait mais ça séchait en même temps que je pédalais. J’étais très attentif à mes sensations pour cette reprise, mais pour le début ça allait, j’essayais de ne pas me mettre dans le rouge forcément, mais je devais assurer un minimum de rythme pour rentrer avant le travail.

Après une quinzaine de kilomètres, en passant Montgaillard je me suis retrouvé sous une pluie fine… Mais j’ai vraiment la sensation que je vais passer au dessus des nuages plus haut, alors je continue. Cette pluie fine bien mouillante me suivra jusqu’à Bagnères pendant plusieurs kilomètres.

Heureusement ça s’est arrêté ensuite, même plus de bruine juste du brouillard, ça m’a fait quelques kilomètres de séchage en claquant des dents^^

A partir de Campan, je commence à avoir le coup de pédale beaucoup plus lourd, il fait froid, toujours le brouillard, bref, une sortie qui me fait du bien quand même^^

La pente est toujours progressive depuis le départ et après Campan ça monte encore un peu plus. Le brouillard est plus lumineux, j’ai bon espoir de passer au dessus des nuages assez rapidement, mon instinct est bon !

Je pense bien à grignoter petit à petit des pâtes de fruit histoire d’éviter la fringale mais je n’ai clairement pas les jambes pour cette reprise, je m’y attendais un peu. Mais je suis têtu, donc Tourmalet quand même !!

A Sainte Marie de Campan, j’enlève mon écharpe et c’est parti pour l’ascension !! Je commence à apercevoir de trous de ciel bleu dans le brouillard, ouf !! Le rythme depuis le début pour remonter toute la vallée n’était pas si mal, mais clairement l’endurance laisse à désirer.

Les premiers kilomètres du col du Tourmalet pendant 4,5 km jusqu’à Gripp sont roulants avant que la pente ne se raidisse pendant 12,5 km à 9 % de moyenne.

Ce début du col du Tourmalet est magique !! C’est le premier de la saison, j’ai l’impression de redécouvrir la route, de goûter de nouveau à cet endroit, c’est génial, depuis le 29 octobre 2019, dernier Tourmalet en date pour moi, il s’est écoulé 196 jours, une éternité !!

Mais en attendant, une fois à Gripp, je ne perds pas de temps pour mettre tout à gauche, déjà je sens que ça va être dur sur la fin, l’avantage de se connaitre par coeur.

Et puis c’est à partir de là que je passe véritablement au dessus du brouillard, j’ai droit au ciel bleu, pendant qu’en bas ils sont toujours sous la bruine à Tarbes. Quand le soleil ne vient pas jusqu’en bas, je vais aller le chercher en haut !

En plus je suis tout seul, il n’y a personne, un régal. Les kilomètres défilent, je m’emploie pour grimper et avancer, c’est pas souvent que ça me coûte autant d’énergie. Mais pour faire diversion je savoure le paysage et d’avoir quelques rayons de soleil.

A partir des paravalanches à 6,5 km du sommet, c’est vraiment dur, je serre les dents, j’arrive à La Mongie petit à petit, la traversée de la station se passe pas trop mal, mais les 4 derniers kilomètres ensuite vont être interminables, un chemin de croix, pas un calvaire mais pas loin… Je n’ai plus rien dans les jambes, l’acide lactique brûle mes cuisses, je suis complètement à la dérive. Ça faisait très longtemps que je n’avais pas eu mal aux jambes comme ça dans le col du Tourmalet. Je m’étais fixé 1h30 pour l’ascension, je suis en retard dans mon timing.

Mer de nuages en me retournant ! Superbe !
Les lamas sont fidèles au poste et plus nombreux que jamais !!
J’adore ce virage, quel plaisir d’y être de nouveau !! Mais c’est dur aujourd’hui !
La Mongie en contrebas

Le dernier virage avec le mur de neige et la rampe finale entre 13 et 15 %, je suis à la limite des crampes. Je ne sais pas quelle grimace je faisais en arrivant au sommet, c’était dur mais ça fait du bien aussi d’y être de nouveau en ce lieu. Le col du Tourmalet pour moi tout seul ou presque pour la reprise, que demander de plus ?!!

Pas de Géant (la Montée annuelle est d’ailleurs annulée et il sera monté en catimini le 5 juin) et pas de panneau, toujours en phase de nettoyage.

Au sommet, vue sur l’autre versant !!
Le sommet pour moi tout seul !!

Je savoure le paysage mais l’heure tourne, j’ai tout le retour à faire avant d’aller travailler, je mets mon k-way, mon écharpe et je m’élance pour la descente. Je croise l’ami Marc, c’était obligé que je le croise aujourd’hui !!

Reste du mur de neige, pas très haut cette année, il a fait très chaud en février…

Premier virage, je me mets debout sur les pédales pour relancer, je me rassois direct, j’ai presque eu une crampe… Je fais la descente tranquillement sans relancer du coup. Je fais plusieurs arrêts photos, la mer de nuages dans laquelle je fonce à près de 70 km/h est juste là. Et après La Mongie, je fonce dans le brouillard, fini le soleil pour aujourd’hui. D’un seul coup je n’y vois pas à plus de 10 mètres, c’est grisant de filer à 60 km/h là dedans et comme par hasard c’est dans ce brouillard que je croise un poids lourd qui monte et qui surgit juste 10 m devant moi^^

Je vais bientôt retourner dans le brouillard puis la bruine…

Les kilomètres défilent puis je me retrouve sous la bruine, la visibilité est meilleure que dans le brouillard mais je suis de nouveau dans le froid et l’humidité, une fois la descente terminée, il faut de nouveau pédaler. Et là, ça va être un long chemin de croix pendant près de 40 km jusqu’à Tarbes, les cuisses brûlent en permanence avec l’acide lactique, impossible de me mettre debout sur les pédales, impossible d’accélérer, chaque coup de pédale fait mal, je serre les dents, je vois l’heure qui tourne au fil des kilomètres dans la vallée et la plaine… Un peu après Bagnères, je réalise qu’il faut que dans 1h30 je sois au travail et j’ai encore plus de 20 km, je suis collé à 24 km/h, impossible d’aller plus vite, en plus ce sont des endroits quand je suis en forme, sur le retour je peux être entre 35 et 40 km/h.

Ces kilomètres sont interminables… Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà eu une telle dérouillée sur le retour d’une sortie^^ En plus il fait froid, il continue de bruiner…

J’arrive chez moi à Tarbes, juste le temps de monter, prendre une douche, manger rapidement un truc et je pars au travail.

Je pensais que j’allais galérer tout l’après midi de 14 h à 20 h au travail mais finalement je ne sentais pas trop les jambes, par contre c’est à partir de 19 h que là j’ai eu vraiment mal aux jambes^^

Voilà pour la sortie de reprise que je me suis octroyée pour cette fin de confinement après 2 mois sans sortie. Ce fut dur, j’en ai bavé comme rarement mais quelle joie, quel plaisir et surtout quelle chance j’ai de pouvoir avoir comme terrain de jeu le col du Tourmalet et de pouvoir y aller pour la reprise, cette chance je la savoure en permanence !! Pour cette sortie il aura fait entre 4 et 8 °C du départ jusqu’à la fin en passant par le Tourmalet sous le soleil, pour un mois de mai, j’espérais plus…

105 km et 2000 m de D+ pour la reprise avec mon 103eme col du Tourmalet et le premier de l’année 2020 !!

(10 commentaires)

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  1. Belle reprise, Idris !
    Toujours aussi courageux !
    Merci de nous faire partager ces expériences, ça fait rêver.

    1. Salut Matthieu ! 🙂
      Merci pour ton message 🙂 ça fait plaisir de te lire !! J’espère que tu vas bien 🙂

    • Angmar on 14 juin 2020 at 0 h 45 min
    • Répondre

    Je découvre ton site. Alors déjà bravo pour cette sortie, se farcir le Tourmalet au déconfinement c’est pas rien 😀
    J’ai bien lu tu as monté 103 fois le Tourmalet??? J’ai pas de mots…
    Pour la petite histoire je me suis au vélo y’a 3 ans. Et comme 1er col de ma vie j’ai fais le Tourmalet (versant Campan) en 2018. J’en garde un souvenir fou : pour le symbole que ce col représente, sa difficulté, le panorama, etc. J’en ai bavé comme rarement mais c’était avant tout un défi que je m’étais fixé, pour me prouver que je pouvais le faire, et je garderais mes souvenirs de cette journée longtemps (la traversée de la Mongie cet enfer et les derniers kms j’en ai encore les jambes qui brûlent ahah). Maintenant j’ai gravi d’autres cols (et j’espère beaucoup d’autres ensuite!) avec l’an dernier la Hourquette d’Ancizan, le Plat d’Adet et le col de Portet. Je n’ai pas encore parcouru largement ton site mais je n’ai pas vu d’article sur le col de Portet. Alors ça n’est que mon avis mais je te le conseille vraiment. Il est vraiment magnifique (surtout la partie après Espiaube qui est fermée aux voitures en journée l’été). D’un point de vue personnel je ne peux pas vraiment comparer (le Tourmalet restera mon 1er col) mais le Portet en tant que défi physique et plaisir des yeux il est génial.

    1. Bonjour à toi !! 🙂

      Et merci pour ton message 🙂
      Bravo pour ton ascension du col du Tourmalet pour ton premier col !!! 🙂 C’est un col magnifique et qui représente énormément dans l’Histoire du Cyclisme mondial effectivement 🙂 Tu habites dans les Pyrénées ? 🙂

      Oui pour ma part j’ai effectivement monté 103 fois le col du Tourmalet (même 105 maintenant)^^ Et il a été aussi mon premier grand col suivi du col d’Aspin, et comme toi j’en garde un souvenir incroyable !! 🙂
      Si le col du Portet je l’ai déjà monté, pas souvent, seulement 2 fois car c’est au fond de l’autre vallée, je l’ai monté 1 fois avant qu’il ne soit goudronné en VTC, j’étais allé plus haut que le col du Portet jusqu’à Terre Nère pour avoir une sublime vue à presque 360, souvenirs incroyable et col d’Aspin pour rentrer. Puis j’y suis allé 1 autre fois l’an dernier, il était goudronné, une autre expérience.
      Effectivement il est superbe tant par le profil que le paysage et ses lacets qui s’enchainent les uns sur les autres 🙂 Le Pla d’Adet j’ai dû y aller 4 fois je pense, cette ascension jusqu’au Pla d’Adet (et du coup le début du Portet), n’est pas la portion que je préfère surtout au tout début, très bétonné, mais ce n’est que mon ressenti perso.

      En tout cas merci pour ton message et ta passion qui fait plaisir à lire !! 🙂

        • Angmar on 14 juin 2020 at 22 h 33 min
        • Répondre

        Non j’habite pas du tout dans les Pyrénées mais dans le Limousin :p
        Par chez moi pas de montagne mais c’est très casse-pattes, ça ne fait que monter/descendre. Mais j’adore pour rouler c’est super aussi comme région 😉

        Oui le Tourmalet rien que pour le sommet avec la vue des 2 versants 🙂 (le seul «  » » » »bémol » » » » quand je l’avais fais c’était le traffic routier, mais bon c’est pas dramatique ^^, et puis je suppose qu’en dehors de l’été c’est beaucoup moins dense)

        Ah oui Terre Nère la vue devait être superbe!
        Le début du Plat d’Adet perso j’ai bien aimé pour la vue sur la vallée mais physiquement les premiers kms sont terriblement durs j’avais bien sué dedans, mais oui j’ai largement préféré l’ascension après Espiaube, j’ai du croiser 3 vélos sur les derniers kms j’étais seul au monde, tellement plaisant.

        J’espère repartir dans les Pyrénées cet été j’ai bien envie de faire d’autres cols, à choisir entre Hautacam, Marie-Blanque, Aubisque, Pierre Saint Martin.

        1. Ah oui le Limousin !! 🙂 Belle région aussi, plein de petites côtes, c’est sympa et puis le lac de Vassivière qui doit être sympa lors des sorties 🙂

          Oui en été, le col du Tourmalet est fréquenté, mais en comparaison avec les Alpes c’est plus tranquille quand même et au final le Tourmalet est véritablement le seul col hyper fréquenté en été, les autres routes le sont moins ce qui est pas mal.
          Mais effectivement, je l’ai très souvent monté en étant tout seul dans l’ascension que ce soit en tout début de saison ou à la fin et c’est un vrai régal.

          Au plaisir de te croiser sur les routes pyrénéennes cet été !! 🙂 Si j’ai un conseil à te donner c’est le col d’Aubisque par le col du Soulor depuis Argelès, c’est absolument somptueux !! 🙂

            • Angmar on 16 juin 2020 at 15 h 58 min

            Oui c’est que des petites côtes ou faux plats et niveau pentes y’a de tout.
            Vassivière (et le plateau de Millevaches) c’est très cool, même si j’en suis trop loin pour faire mes sorties là bas mais y’a aussi le lac de Saint-Pardoux, les monts d’Ambazac, de Blond, etc. Bref y’a de quoi se faire plaisir 😀

            Si je peux partir cet été pour le moment je m’orientais vers peut-être Aubisque par le versant de Laruns pour enchaîner avec Hautacam (j’aimerais bien si j’ai les jambes enchaîner au moins 2 cols en une sortie)

            • Idris on 18 juin 2020 at 22 h 34 min
              Author

            Très beau parcours Aubisque puis Hautacam, 2 ascensions que j’adore 🙂

    • Anthony84C on 14 juin 2020 at 2 h 13 min
    • Répondre

    Salut Idris.

    Et oui le vélo d’appartement tout comme le homme trainer, ce n’est pas dans la nature donc difficile de se motiver.

    Et le seul intérêt de ce foutu confinement a été de remettre de l’ordre chez soi, se mettre presque à jour sur ce qu’on n’avait pas pu faire depuis des mois. Pour tes résumés, ça t’as enlevé une partie de ton retard !

    Faire une sortie à vélo seul n’avait rien de contagieux (contrairement à tout ce que le gouvernement et les médias prétendaient), simplement ils craignaient que des éventuels blessés suite à un accident de vélo ne rajoutent à des urgences engorgées. On a toujours dit jusqu’avant le confinement que l’activité physique était bonne pour la santé et puis là d’un seul coup tu te retrouves avec un gouvernement et des autorités qui criminalisent les sportifs, et des gens qui dénoncent des promeneurs. Pfff…

    Bonne reprise à toi.

    1. Salut Anthony,

      Ahahaha, oui ça m’a enlevé une partie du retard, mais heureusement pour moi j’ai continué de travailler durant tout le confinement (et on avait beaucoup de travail), ça m’a permis de sortir de chez moi. Hé oui c’était pour éviter d’engorger les hôpitaux mais il y avait sûrement un bon compromis à trouver, en Allemagne c’était autorisé, d’autant qu’effectivement c’est bon pour la santé…

      Espérons qu’il n’y en est pas d’autre^^

  1. […] le confinement seulement, les 2 premières m’ont fait finir avec un sacré mal de jambes (Tourmalet, Aspin, Sarrat de […]

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