1 an après une belle sortie le 1er mai 2011 durant laquelle j’avais hissé mon vieux VTC au sommet du col du Tourmalet sur le 39 dents, j’ai pu refaire une belle sortie sur un autre mythe du milieu cycliste.
Voilà donc le résumé d’une sortie que je peux dire mémorable je pense!
Je vais reprendre depuis le début.
Une fois que j’ai trouvé mon stage dans le Vaucluse. L’idée de monter le Mont Ventoux par les trois versants m’avait effleuré bien sûr. Comment ne pas y penser?! Ce fameux club des Cinglés du Ventoux. Cependant, à titre personnel, je ne cherchais pas à faire partie de ce club forcément.
Lorsque j’ai commencé mes sorties dans la région le 24 mars 2012, je me suis rendu compte que ça faisait quand même du kilométrage, ne serait-ce que pour atteindre le pied du Mont Ventoux. Venant de Apt, je n’ai pas le choix. De plus avec le VTC aussi beau soit-il, ça reste un handicap. Et après mes premières ascensions du Ventoux cette année en mars, je me souviens m’être dit que faire le Mont Ventoux par les 3 versants avec les Plateaux du Vaucluse à passer avant et après, sur le VTC, ce n’était pas possible. Je m’étais fait une raison.
Et puis finalement…..ce mardi 1er mai 2012 restera longtemps dans ma mémoire!
Depuis la fin du mois de mars, que je suis dans le Vaucluse, j’avais envie de doubler au moins deux ascensions du Mont Ventoux. Malheureusement soit, il faisait froid, soit il y avait du vent, soit je partais tard, soit je n’avais pas les jambes ou tout simplement je n’avais pas envie de me faire mal.
Là, je ne ressentais absolument pas de fatigue des 112km de la sortie venteuse du 28 avril.
Lundi soir (30 avril), bizarrement je pressentais que j’étais prêt à faire une grande sortie. Comme au bon vieux temps, j’ai eu du mal à dormir comme la veille des grandes sorties en 2009 et 2010. Le matin je n’ai pas eu de problème à me lever très tôt malgré le manque de sommeil. J’étais prêt à en découdre!
Il n’y avait pas de vent, pas de pluie, pas trop chaud, pas trop froid, je pouvais prendre ma revanche de ma sortie venteuse de samedi.
Depuis 2 sorties (le 21 avril), je sens que mes jambes sont de mieux en mieux. Mais la météo ne m’a pas permis de faire de grande sortie. Là c’était l’occasion. Il y avait quand même mon problème de douleur au genou gauche depuis 3 sorties qui m’inquiétait énormément! J’ai décidé de baisser la selle de mon vélo car la douleur a commencé lors de la sortie du 14 avril, première sortie après avoir monté la selle de mon vélo.
J’étais prêt à partir! J’ai pris dans mon sac de l’eau et une bouteille de 50cL de coca, ce n’est pas recommandé car ça accentue les crampes mais, pour ma part je n’ai jamais senti d’effet néfaste surtout que je n’en bois qu’une gorgée de temps en temps. J’ai pris mon K-Way, mon gilet jaune au cas où, ma lampe frontale permettant de voir dans la nuit au cas où ainsi que mon feu arrière du vélo.
Je suis parti de bon matin. Il fait 9°C quand j’ai quitté mon appart. Direction, Murs et le col de Murs (627m) pour rejoindre ensuite Bédoin.
Plateaux du Vaucluse :
Massif du Lubéron vu depuis l’ascension du col de Murs :
Au fur et à mesure que je roulais et que je montais, la température baissait… Elle a baissé jusqu’à 4°C! Là j’avais froid au bout des doigts, j’avais les muscles un peu tétanisés. Mais je sentais que les jambes n’étaient pas trop mal et j’ai pris mon mal en patience, réduire le rythme afin de se préserver et en attendant que la température remonte. Depuis l’ascension du col de Murs, la vue sur le massif du Lubéron était bien sympa avec notamment des nuages qui s’accrochaient sur le massif. Cela rendait ce début de sortie agréable.
Je suis arrivé assez rapidement au sommet du col de Murs. Juste le temps de manger une pâte de fruit et je suis reparti dans la descente. Là il ne faisait pas chaud!! Alors que la température était remontée à 6°C, elle est redescendue pendant la descente à 4°C.
Je me suis ensuite retrouvé sur les faux plats et la plaine menant à Bédoin. Le trajet était un peu long mais j’étais bien concentré. Ce qui était particulier c’est qu’à ce moment je ne pensais pas à faire les 3 ascensions. Je me disais juste que j’étais parti pour une grosse sortie, plus grosse que celles que j’ai faites cette année, mais à cet instant je ne pensais pas aux 3 ascensions.
Le voici, le Mont Ventoux :
A Bédoin, il faisait 13°C. C’était le vrai début!! J’ai enlevé ma veste thermique et c’est parti! Les 5 premiers kilomètres à moins de 6% m’ont été très pénibles comme la toute première fois que je l’avais monté le 26 juillet 2011. Les faibles pourcentages ne me réussissent pas… J’avais l’impression de dépenser beaucoup d’énergie sans véritablement trouver le bon rythme.
Une fois le fameux virage à gauche de Sainte Estève passé, c’était la partie raide et pour tout dire j’en étais content! La pente augmente d’un seul coup au-dessus des 9%. Et là c’est parti pour 10km sans répit sur de longues lignes droites, courbes à travers la forêt. Le but pour moi était d’arriver au sommet de l’ascension sans être fatigué. Bien qu’on ne puisse pas monter le Ventoux sans être fatigué en haut, j’ai entrepris de garder ça en tête. J’ai fait attention à garder une fréquence de pédalage régulière sans être en train de forcer.
Je prenais plaisir à grimper et c’était sympa. Au bout de quelques kilomètres, un cycliste m’a lentement rattrapé et pendant environ 1km nous avons roulé côte à côte et discuté. Puis je l’ai laissé filer mètre après mètre. Le VTC ne peut pas faire de miracle…
Pendant de longues minutes, mon compteur indiquait une pente à 10%. C’était tellement long que j’ai commencé à me demander si il n’était pas bloqué…jusqu’à ce que la pente passe à…..11%…
Un peu plus loin c’est moi qui aie rattrapé un cycliste sur un vélo de route. C’est toujours sympa (pour moi, pas pour lui^^). A environ 2km du Chalet Reynard je commençais à avoir faim. J’ai poursuivi jusqu’au Chalet et là je me suis arrêté pour manger une pâte de fruit et boire un peu. Cela faisait 66km que j’étais parti et je n’avais toujours pas bu d’eau! J’en ai aussi profité pour recalibrer l’altitude de mon compteur. Il y avait un bus de touristes d’Indre et Loire qui était là.
Pas de vent, plutôt ensoleillé avec quand même des nuages, bref sympa quand même. J’ai entamé les 6,5 derniers kilomètres dans la rocaille. J’avais un bon rythme et c’était vraiment agréable, cette partie m’a paru plutôt facile. Je n’ai pas pris beaucoup de phots, je préférais resté concentrer. De toute façon, je me disais que j’aurais tout le temps pour en prendre des photos par la suite. J’en ai quand même pris quelques-unes tout en roulant, avec les nuages qui arrivaient.
En passant au col des Tempêtes, je n’ai pas pris le temps de m’arrêter prendre des photos, mais belle vue quand même :
Juste après le passage devant la stèle de Tom Simpson, 3 cyclistes me dépassent, le 3eme me lance « Je t’ai vu samedi vers les Abeilles! Ça fait 2 fois! Je te voie partout! » Et je lui lance « A la prochaine alors! ». C’est toujours sympa. En passant au niveau du col des Tempêtes, la vue est superbe sur les Alpes mais je n’avais pas envie de m’arrêter, j’ai pris deux photos en passant mais je n’ai pas vraiment pu cadrer. Dans les dernières centaines de mètres juste avant le sommet, un photographe professionnel était là et prenait des photos. Il m’a donné sa carte. Et juste après c’était le dernier virage! Le fameux dernier virage très raide. Et pour le fun je l’ai passé en danseuse mains en bas du guidon et j’ai continué les 60 derniers mètres très raides qui mènent au sommet. Les nuages arrivaient. Il commençait à y avoir du monde. Le temps de prendre quelques photos rapidement et de manger une pâte de fruit, j’ai remis ma veste thermique, mon K-Way et je suis parti direction Malaucène après seulement 5min d’arrêt en haut du Ventoux. Il ne faisait pas chaud! 5°C au sommet! Cette fois je ne me suis pas posé trop de questions avant de descendre sur Malaucène. Je n’étais pas trop fatigué, j’y suis donc allé et puis on verra ensuite! Ce n’est pas si simple à se dire car après il reste obligatoirement le Mont Ventoux à remonter puisque je partais complètement au nord, c’est à dire loin de la direction de Apt.
Et de 1!!!
Je me suis arrêté au tout début de la descente car la vue était très belle et les nuages arrivant, je voulais prendre quelques photos. J’ai ensuite dévalé la pente. Quel froid terrible!! J’avais les doigts gelés!! Je tremblais sur mon vélo…. Je repérais les portions de faux plats permettant de souffler et au fur et à mesure que je descendais, j’avais de plus en plus confiance car je me rendais compte qu’effectivement avec toutes ces portions moins raides permettant de souffler, la montée par Malaucène est moins harassante que celle par Bédoin!
Photos prises au début de la descente vers Malaucène :
En entrant à Malaucène, je me suis arrêté devant le panneau du village! Puis j’ai continué à descendre quelques centaines de mètres jusqu’au panneau annonçant le début de l’ascension du Ventoux. Et là…..j’ai fait demi tour pour réattaquer le Mont Ventoux! J’allais enfin faire l’ascension par Malaucène! J’ai juste enlevé mon K-Way. J’ai décidé de garder ma veste thermique, j’ai mangé une pâte de fruit et hop! Direction l’ascension!
C’est parti pour la 2e!
Les deux premiers kilomètres ne sont pas trop difficiles. C’est en passant la borne indiquant le sommet à 19km que les choses sérieuses commencent de nouveau. J’étais globalement satisfait des sensations. J’avais les jambes me permettant de relancer régulièrement et de garder un pédalage fluide et régulier. J’ai ouvert ma veste thermique et j’ai pédalé ainsi régulièrement sans à coup. J’étais content, j’aimais bien. Cependant, je commençais rapidement à avoir faim de nouveau. Je me suis donc dis que j’allais m’arrêter au belvédère se trouvant presque à 1000m d’altitude. Cela me permettrait de m’arrêtait après avoir déjà repris pas mal d’altitude. J’étais content d’y arriver au Belvédère. Il se trouve juste après un kilomètre facile à 5 ou 6%. A ce moment là j’étais à 12km environ du sommet. Je me suis arrêté le temps de manger deux pâtes de fruit et de prendre une photo de la vue. J’y étais déjà passé l’an passé.
Au belvédère :
ça va piquer un peu là :
Je suis rapidement reparti et d’un seul coup la pente devient très raide et c’est là que j’ai pensé que je devais probablement être au début de la rampe très raide de 4km. Les jambes ont fait un peu mal en repartant quand même!! Chose que je n’ai pas ressenti au moment d’entamer l’ascension à Malaucène. Mais heureusement rapidement la douleur s’est estompée. Là je suis passé devant une borne indiquant le kilomètre suivant à 12%. J’ai pris une photo en passant, juste avant de relancer l’allure. Ce premier kilomètre a été raide quand même, les jambes commençaient à se faire sentir et la fatigue générale était de plus en plus importante aussi. De plus les longues courbes ou lignes droites n’arrangeaient pas les choses! Je me motivais en me disant qu’il était peu probable qu’il y ait d’autres kilomètres aussi raides par la suite, je me disais donc que j’étais en train de faire le plus dur…quand je suis passé devant la borne suivante indiquant le prochain kilomètre à 11%, j’ai arrêté de me dire ça^^ Mais plus que bizarrement bien que ça devenait dur, je prenais plaisir toujours à pédaler sur ce rythme régulier. Dans le kilomètre suivant à 10,5%, j’ai rattrapé un autre cyclotouriste qui avait un peu plus de mal. Nous avons échangé quelques mots quand je ‘lai dépassé puis il s’est accroché à ma roue pendant quelques mètres. Je restais concentré dans mon pédalage. Le kilomètre suivant à 9% m’a paru plus facile. Il commençait à faire frais par contre… Régulièrement je me mettais en danseuse afin de relancer et de détendre les jambes. Et là je me disais quand même que c’était agréable d’avoir encore des jambes et de pouvoir encore se permettre de rouler en gérant ses forces sans être à l’agonie en train de faire ce qu’on peut à chaque tour de pédale. C’est le genre de sortie dont j’avais envie, de forts pourcentages, un gros enchainement et des jambes me permettant de toujours prendre plaisir à rouler! Juste après, il y a un kilomètre plus facile. Ouf ça y est la rampe difficile est passée. Je me suis arrêté au Chalet Liotard à environ 7km du sommet. J’ai mangé une pâte de fruit, fermé ma veste thermique. Le cyclotouriste que j’avais dépassé avait été décroché et m’a rejoins lorsque je me suis arrêté au Chalet Liotard. Il s’est arrêté aussi et nous avons un peu discuté. Je ne me suis pas trop attardé car le brouillard arrivait et il faisait de plus en plus froid. J’ai allumé mon feu arrière et je suis reparti à l’assaut des 7 derniers kilomètres. Là les jambes allaient beaucoup mieux!! La pente était entre 8 et 9% et j’étais content d’y être! Là c’est plaisant et presque grisant d’être à ce stade de la sortie sur ces pentes et avec ces sensations! En plus alors que j’entrais dans le brouillard je me rendais compte que ce n’était pas du tout un brouillard épais et que c’était en fait juste quelques nuages qui s’accrochaient au sommet du Mont Ventoux. Par contre il faisait de moins en moins chaud. La vue était donc un peu masqué mais à certains moments il y avait des trous qui se formaient dans les nuages et laissaient entrevoir la plaine complètement en bas avec les monts de la Drôme, c’était tout simplement magnifique, une ambiance toute particulière! Que c’était beau! A 3km du sommet environ, on sort de la forêt et là devant nous se dresse si haut et si imprenable, le Mont Ventoux avec cette route qui se dessine si raide sur ces parois! Et plus que bizarrement alors que ce genre de vision peut paraître insurmontable à grimper, là ça m’a encore plus donné la pêche et la motivation! Avec cette ambiance un peu brumeuse, ça donnait vraiment une atmosphère que j’ai adoré! A 2km du sommet il restait « tout simplement » 210m à prendre encore en altitude! Et bien je dois dire, que j’ai été plutôt facile et j’ai même pu prendre tout en grimpant des photos du radôme ou même du sommet qui se distinguait dans le brouillard.
En sortant de la forêt à moins de 3km du sommet :
Magnifique les dernières centaines de mètres avec ce petit brouillard!
Et pour le fun, le dernier gros virage et les dernières dizaines de mètres je les ai passées en danseuse mains en bas du guidon!
Et ça y est c’était le sommet! Pour la deuxième fois de la journée! Il y avait encore du monde. Une dame m’a pris en photo et m’a félicité en me disant qu’il fallait de bonnes jambes pour monter le Ventoux avec ce vélo. Je me suis gardé de lui dire que j’en étais à la deuxième, j’avais déjà la tête en train de se poser des tas de questions… Et du coup, le fait d’arriver au sommet pour la 2e fois de la journée, ça ne m’a fait ni chaud ni froid car je me demandais si je faisais la 3e ou pas… Le risque était de rentrer tard et d’avoir un gros coup de barre en pleine montée…. En plus l’ascension par Sault c’est celle que j’aime le moins sans parler de la descente que je n’aime pas trop!
Et de 2!!
Je ne me suis pas attardé trop longtemps au sommet car il en faisait pas chaud. Déjà que sur la fin de l’ascension par Malaucène j’avais ma veste thermique fermée, au sommet c’était encore plus froid! De plus étant donné que de toute façon pour rentrer sur Apt je devais descendre sur Sault, ça me laissait toute la descente pour réfléchir et aviser si je faisais la 3e montée ou pas. A ce moment là, mon compteur affichait environ 3800m de D+.
Dans la descente il faisait de moins en moins froid, c’était plus supportable. Les nuages sont seulement accrochés sur le sommet.
La descente se fait sur une route plutôt en mauvais état sur laquelle les chocs sont nombreux. Je devais être probablement un peu tendu car une fois arrivé à Sault, j’avais très mal à la plante du pied gauche! Lorsque je me suis arrêté pour faire demi tour, je ne pouvais presque pas poser le pied par terre… J’ai décidé de faire cette troisième ascension et de prendre le risque de rentrer très tard. Je me suis dit que c’était l’occasion ou jamais, je n’avais jamais été aussi proche de faire les 3 ascensions!
Depuis le belvédère dans la descente vers Sault :
Sault, vers la fin de la descente, bientôt le demi-tour pour la 3e :
Je n’ai pas dû m’arrêter plus de 3 minutes et je suis reparti pour l’ascension par Sault! Cette interminable ascension! Heureusement les 20 premiers kilomètres jusqu’au Chalet Reynard ne sont pas trop raides. Je suis monté sur le 38 dents jusqu’au Chalet sans soucis. J’étais la plupart du temps assis et je relançais régulièrement en danseuse. Contrairement à ce qu’on peut penser, je roulais à la limite d’être dans le rouge, j’avais une cadence de pédalage rapide et je voulais faire vite car il fallait rentrer après… Evidemment la fatigue se faisait sentir, mais j’avais de quoi continuer à pédaler de la sorte pendant plusieurs kilomètres. Après 10km je commençais à sentir la faim. J’ai mangé une pâte de fruit et j’ai repris l’ascension. Elle me paraissait interminable mais je profitais de chaque instant car je me disais que c’était l’occasion où jamais de réussir à faire les 3, le plus dur était derrière moi… Le premier objectif était d’arriver au Chalet Reynard où j’avais prévu de me ravitailler de nouveau.
En arrivant au Chalet Reynard j’étais content, la fin n’était plus très loin. Mais comme j’avais plutôt un bon rythme de pédalage, j’ai décidé de continuer sans m’arrêter et si j’avais besoin, je m’arrêterai plus tard. Dès que j’ai entamé les 7 derniers kilomètres plus raides, je me suis mis à mouliner tout en gardant plutôt une bonne cadence de pédalage je trouve. Il faisait plutôt beau avec quelques nuages, un tout petit vent frais et surtout pas grand monde. Bref bien sympa à part que je n’oubliais pas qu’après j’avais encore de nombreux kilomètres et les Plateaux du Vaucluse à remonter…
Devant moi à quelques dizaines de mètres un cycliste était en difficulté, il avait du mal. Pour moi ce n’était pas plus mal d’avoir un lièvre devant moi. Il s’est arrêté pour souffler et en le dépassant nous avons échangé quelques mots. Je me suis de plus en plus impressionné, je trouvais les pourcentages plutôt « faciles » bien que ce soit relatif. Je relançais sans soucis et je ne subissais absolument pas la pente à cet instant. Les jambes allaient bien même si je ressentais de grosses douleurs dans les mollets, mais tant que les cuisses allaient bien c’était l’essentiel! Je prenais tout en grimpant des photos!
C’est à 2km du sommet que j’ai commencé à piocher. La pente se faisait assez rude. Mes relances étaient moins efficaces mais je relançais quand même. A cet instant je ne voyais pas le sommet qui était dans les nuages. Mon compteur indiquait 165km, bientôt la fin de l’ascension. En passant au col des Tempêtes, j’ai pris une photo que j’ai réussi à bien cadrer malgré le virage et la difficulté de la pente. La dernière rampe juste après le col fut dure. Mais le dernier virage monstrueux, comme lors de la première ascension, je me suis fait plaisir en le prenant à la corde en danseuse mains en bas du guidon! Et de 3!! Objectif accompli! A cet instant je ne réalisais pas très bien encore, j’avais plutôt l’esprit à me dépêcher pour rentrer…
Et de 3!!
Un anglais m’a pris en photo, un anglais qui était là depuis le début de la journée et qui m’a dit « ça fait 3 fois que tu passes non? Je t’ai vu ce matin, cet après midi et là encore! ». C’est toujours sympa. C’était la seule personne au sommet à cet instant. Mon compteur indiquait 166km et 5050m de D+. Il était 18h50. Je suis resté 10min en haut avant de partir pour la descente. Une nouvelle fois la descente sur Sault. Ah qu’est ce que je ne l’aime pas cette descente!
Mais la sensation d’en avoir fini avec les grosses ascensions aide à faire passer le temps. C’était assez particulier comme moment car dans ma tête je n’avais plus qu’un objectif, rentrer au plus vite sans penser à ce que je venais de faire… A cet instant ce que je redoutais c’était l’incident mécanique, crevaison ou autre, car il commençait à se faire tard et j’étais encore assez loin de Apt…
Juste après avoir passé le Chalet Reynard, j’ai commencé à sentir des fourmillements dans le bout des doigts, les jambes, le visage. Ils me prenaient d’un coup en s’intensifiant à grande vitesse. Je perdais toute sensibilité. Je me suis arrêté tant que j’arrivais à sentir les freins sous mes doigts et j’ai mangé une pâte de fruit. Ouf! C’était peut être le signe d’une hypoglycémie….
Je suis reparti ensuite. A la fin de la descente il y a un dernier kilomètre à remonter pour arriver à Sault. Je l’ai plutôt bien passé. Je crois que mes jambes ne sentaient plus trop l’effort et chaque kilomètre à monter je le passais bien. J’ai traversé Sault assez vite, direction Saint Jean de Sault à 6km de là en montée pas très raide.
Quel sentiment grisant d’avoir encore les jambes pour monter en danseuse sans soucis sur le 38 à cet instant. J’allais aussi vite que dans les « petites » sorties habituelles. Le soleil commençait à se coucher, c’était sympa. Je n’ai pas vu le temps passer jusqu’à Saint Jean de Sault. Juste après j’ai du prendre une décision. Soit je rejoignais Saint Saturnin les Apt par le col de la Liguière (998m). Ce qui faisait 15km jusqu’à Saint Saturnin mais avec encore plus de 200m de dénivelé à prendre mais ensuite la descente était assez rapide, soit je prenais la route habituelle avec faux plat montant pendant plusieurs kilomètres puis descente pas très raide sur une route en état très moyen, et par là ça faisait 19km avec moins de dénivelé et d’ascension….
Finalement j’ai décidé de passer par le col de la Liguière, selon moi ça allait me permettre d’arriver plus tôt malgré l’ascension restante car après dans la descente je pouvais tracer.
Je suis donc parti dans l’ascension du col de la Liguière. Toujours avec des jambes pas trop mal. Derrière moi le Ventoux avec le soleil couchant magnifique! La luminosité baissant, j’ai allumé mon feu arrière et je me suis arrêté pour enlever mes lunettes de soleil et remettre mes lunettes de vue habituelles. Et là…je vois qu’avec tous les chocs, un verre de mes lunettes de vue s’est décroché… Pas le temps de le remettre en place là… Je suis reparti avec mes lunettes de soleil (qui ont des verres correcteurs) car sans lunettes ça aurait été beaucoup trop dangereux dans la descente car je suis quand même assez myope. J’avais juste l’impression qu’il faisait presque nuit déjà alors qu’en fait non…
Le Mont Ventoux derrière moi dans la montée du col de la Liguière :
Le dernier kilomètre d’ascension fut assez pénible par contre… Heureusement l route devient plane pendant quelques centaines de mètres ensuite avant d’arriver au col de la Liguière. Là, je vois deux ombres traverser la route! En me rapprochant, je vois que ce sont deux biches! Magnifique! Lorsqu’elles m’ont vu elles ont retraversé et couru dans la forêt sur le bord de la route avant de débouler à découvert dans un champ. Le temps qu’elles traversent le champ, moi j’avançais et j’ai pu les observer pendant presque 1 minute, c’était sympa.
La nuit arrivait et du coup c’est la forêt qui reprenait ses droits!
En passant au col de la Liguière, je ne me suis pas arrêté, j’ai juste pris une photo au vol et j’ai attaqué la descente. Au premier virage c’est un chevreuil qui a déguerpi!
Celui là c’et enfin le dernier!
Il faisait vraiment sombre et je ne distinguais plus l’état de la chaussée avec mes lunettes de soleil. De fait il y avait par moment de grandes zones de gravillons que je ne voyais pas… Pendant 8km de descente assez raide, je me suis fait plaisir dans cette pénombre, personne sur la route, j’ai pu tracer, je descendais entre 45 et 60km/h en faisant bien garde aux virages tout de même. Un animal que je n’ai pas pu identifier a traversé la route à un moment donné.
Puis alors que j’approchais de Saint Saturnin, sur la gauche je vois tous les villages dont Apt entièrement illuminés! Magnifique!
Une fois à Saint Saturnin il restait 8km de faux plat descendant puis de plat à faire. Là il n’y avait plus de gros virage dangereux, du coup j’ai enlevé mes lunettes de soleil car je n’y voyais rien et j’ai continué sans lunettes. Et là que c’était bon, après plus de 200km et plus de 5400m de D+, de pouvoir encore rouler à bloc sans trop souffrir! J’ai pu rallier Apt à presque 40 de moyenne sur cette dernière portion!
En entrant dans Apt, je pouvais enfin souffler!! Les derniers 200m jusqu’à l’appart très raides et puis ça y est!
Quel sentiment bizarre car il était tard, et le lendemain il y avait le travail….
Je suis rentré après 21h et pour tout dire j’avais faim et envie de dormir surtout^^. J’ai pris une bonne douche aussi.
Au total j’ai donc fait 224,5 kilomètres pour plus de 5420m de D+ d’après le compteur. D’ailleurs ce compteur est vraiment génial. Il m’indique entre autre aussi que sur toute la sortie j’ai fait 90,5km d’ascension au total.
Inutile de dire qu’il s’agit de ma plus grosse sortie en montagne. En kilométrage elle est devant ma sortie au col du Galibier le 16 août 2011 où j’avais fait 200 kilomètres pile, et en dénivelé elle est devant ma sortie du 26 octobre 2009 où j’avais fait 3300m de D+ !
Cette sortie va rester tout particulièrement dans ma mémoire d’une part pour le kilométrage et le dénivelé mais aussi parce que le Mont Ventoux par Bédoin ou par Malaucène est une des ascensions les plus difficiles de France, sans oublier la légende et le mythe que cet endroit porte. Déjà que quand je monte le Mont Ventoux une seule fois, je suis content car c’est une grosse ascension, alors les 3 à la suite… Et pour couronner tout ça, je l’ai fait avec le VTC en partant de loin avec le col de Murs au début et le col de la Liguière à la fin.
La fin de la sortie dans la pénombre au milieu sur la route qui traverse la forêt avec ces animaux qui traversent, restera aussi particulièrement dans mes souvenirs.
La journée du lendemain (le 2 mai) fut un peu difficile au travail car j’étais fatigué, j’avais envie de dormir et aussi très faim, à midi et le soir j’ai bien du manger pour 3 ou 4 personnes ! Et « pas de chance », le soir il y avait le débat du 2e tour à la télé, moi qui aime bien suivre la politique, je l’ai regardé jusqu’au bout quand même malgré la tentation d’aller dormir !
Voilà donc cette sortie dont je rêvais avant le stage et dont je pensais qu’elle était irréalisable…
C’est une sortie durant laquelle je me suis impressionné, j’ai un peu plus repoussé mes limites et surtout, à aucun moment je n’étais en difficulté dans les montées. Pour comparer, dans la 3e et dernière ascension du Ventoux, j’avais de meilleures jambes que le 14 juillet l’an dernier dans le col du Tourmalet.
Un autre titre de comparaison est ma sortie du 9 avril 2011 durant laquelle j’avais enchainé Port de Balès, col de Peyresourde et col d’Aspin sur 150 kilomètres. Ce jour là, j’avais fait une plutôt bonne ascension du port de Balès, mais par la suite j’avais énormément souffert dans le col de Peyresourde ! Dans ce col, je faisais ce que je pouvais pour grimper alors que là sur le Mont Ventoux, même à la fin de la 3e ascension, j’arrivais à relancer en danseuse et à rester plusieurs secondes en relance.
Je ne sais pas si c’est moi qui aie plus de caisse et une meilleure résistance à l’effort et à la douleur ou si c’est le hasard d’avoir eu des bonnes jambes ce jour…
Je constate aussi, que bizarrement, je n’ai pas eu l’impression d’avoir des jambes exceptionnelles particulièrement ce 1er mai 2012… J’ai au contraire l’impression d’être dans une période où ma forme s’améliore et que le pic de forme ne sera que dans quelques semaines.
Bizarrement, quand la sortie n’est pas faite, on pense beaucoup à la faire, mais une fois qu’elle est faite, on ne réalise pas vraiment. On m’a dit qu’il aurait fallu que je m’inscrive au club des Cinglés du Ventoux, mais honnêtement j’ai plus de satisfaction comme ça, sans y être dans ce club.
Maintenant, j’ai l’impression d’avoir fait tomber une barrière, et les gros enchainements ne m’inquiètent plus vraiment… Je ne regarderai plus jamais le Mont Ventoux de la même façon…
Jusque-là, à chaque grosse sortie faite, je me fixais régulièrement d’autres objectifs, toujours un peu plus hauts…mais là…à l’heure actuelle je ne vois pas ce que je pourrai me fixer d’autre comme objectif…^^
Il est à noter que sur cette sortie, mon genou m’a laissé tranquille, c’était donc bien un problème de hauteur de selle, et mon dos qui me fait si souvent mal, m’a laissé tranquille également sur cette sortie. Que demander de plus ?!!
Voici le profil. Je me suis rendu comtpe que ‘laltitude maximale du Ventoux est sous estimée sur openrunner et d’ailleurs pendant la sortie j’ai du recalibrer plusieurs fois mon compteur car il indiquait une altitude entre 10 et 20m trop basse. De ce fait je pense que j’ai fait plus de 5450m de D+. Mais ça reste anecdotique ce petit écart.
Et voici la photo prise par le photographe dont je parlais. Photographe qui se trouvait dans les 600 derniers mètres lors de ma première ascension du Ventoux de la jorunée. La pente était aux alentours des 9 à 10% :
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[…] ma sortie avec le Mont Ventoux par les 3 côtés (225km et 5550m de D+) en 2012 je n’avais plus repassé les 200 km. C’est chose […]
[…] déjà grimpé le col du Tourmalet, au milieu des murs de neige, et l’année suivante le 1er mai 2012, j’avais fait ma sortie qui m’avait vu grimper le Mont Ventoux par les 3 côtés sur un coup de tête en partant de […]
[…] et 4100m de D+. Je n’ai pas atteint les 5000 m de D+ (ma sortie de référence reste encore les 5500m de D+ du 1er mai 2012) mais ça reste une bonne sortie quand […]
[…] Mont Ventoux : grimpé 9 fois plus une fois jusqu’au Chalet Reynard, il a été le lieu central d ema plus grosse sortie en vélo à ce jour, il y a 5 ans, avec l’ascension par les 3 côtés à la suite sans oublier le col de Murs et le col de la Liguière également. 225 km et 5500m de D+. Une sortie inoubliable !! […]
[…] comment aborder tant les sensations et la météo peuvent être différentes à chaque fois, je l’ai déjà grimpé par les 3 côtés en suivant mais j’y ai aussi déjà connu des ascensions galères et interminables. J’y ai aussi […]
[…] Cela fait des années que j’ai en tête de le faire un jour, mais difficile de savoir quand. Entre temps j’ai vadrouillé à droite et à gauche, pédalé dans d’autres régions, j’ai eu l’occasion de grimper le Mont Ventoux par les 3 côtés pour ce qui reste jusqu’à cet instant, la plus grosse sorti…. […]
[…] à la fin, 262 km et 5500 m de D+. Une sortie qui va se placer aux côtés de la fois où j’avais monté le Mont Ventoux par les 3 côtés (225 km et 5550 m de D+ en 2012) ou encore le parcours de l’étape du Tour Issoire-Saint Flour effectué en 2017 (217 km et […]
[…] (col de Peyresourde, col d’Aspin, col du Tourmalet, col du Soulor, col d’Aubisque) et 225 km et 5550 m de D+ (col de Murs, Mont Ventoux par les 3 côtés, col de la Liguière) et aussi des 200 km dans tous les […]
[…] Ensuite, je m’occupe du plan B du lendemain. Première chose, je suis à égale distance (environ 8 à 9 km) de Bédoin et de Malaucène, les 2 pieds des 2 versants les plus difficiles du Mont Ventoux. Je vais opter pour le versant Malaucène qui se fait en forêt plus longtemps et donc à l’abri du vent. Par ailleurs ce sera des retrouvailles par ce versant car je ne l’ai monté qu’une fois dans le passé (avec la randonneuse déjà) c’était le jour où j’avais monté le Mont Ventoux par les 3 côtés en suivant le 1er mai 2012. […]