Mes meilleures sorties en vélo ont toujours été celles qui avaient un côté un peu épique, soit un gros enchainement sur un coup de tête, soit entre 2 rendez-vous bien habillé, soit avec la météo.
Pour cette sortie du 27 janvier, c’est la météo qui va me laisser des souvenirs.
Tout commence par la matinée pour le travail à Bagnères. 2 semaines déjà que je n’ai pas pu faire de vélo en montagne, le mauvais temps dure, le moral fait de drôles de va et vient, je ne comprends pas trop j’avoue. J’ai une grosse fatigue que je ressens en permanence, je ne sais pas pourquoi.
Enfin bon… Toujours est-il que j’ai pris mon vélo avec moi ce samedi à Bagnères. Pourtant la météo n’est pas optimale, pluie vers 6 h, éclaircies ensuite, et de nouveau ciel menaçant l’après midi.
En plus les jours précédents il a beaucoup neigé en montagne… Bref, j’avais le vélo, je me languissais, mais non seulement la météo du jour n’était pas top et quand bien même j’irai pédaler, je ne sais même pas où aller car le col d’Aspin (1490 m) est indiqué impraticable à partir de Payolle (sur le site du CG65).
Je range mes affaires en début d’après midi, je vais me trouver un truc à grignoter et je commence à me demander si c’est une bonne idée vu le ciel menaçant.
J’avoue que c’est un grand mystère pour moi, je ne sais pas qu’est ce qui me pousse à enfourcher le vélo même quand la météo n’est pas bonne, qu’il fait froid, que je suis fatigué et que je n’ai pas de motivation. Je ne sais vraiment pas. C’est comme ça que je me suis retrouvé sous la neige au Tourmalet en septembre dernier par exemple. Mais c’est grâce à ça que je me retrouve à faire du vélo en montagne dans de drôles de conditions.
Et ça ne va pas louper.
Me voilà parti (en short bien sûr, j’aime sentir l’air frais sur les jambes) en direction des montagnes.
Dès la sortie de Campan il y a de la neige sur les bords. Pas beaucoup de circulation à l’horizon, c’est toujours bon à prendre. Plus j’approche de Sainte Marie de Campan et plus il y a de neige, je m’imagine déjà après Payolle à pied dans la neige. J’ai pris soin de prendre mon antivol avec moi pour attacher le vélo à Payolle en prévision. J’avais voulu prendre mon vieux vélo de route pour l’occasion (le Grandsaigne) pour avoir moins de craintes à laisser le vélo à Payolle et à le salir en roulant sur l’eau de la fonte des neiges, mais ma pompe n’arrivait pas à gonfler les pneus, j’ai finalement pris le vélo de route, à 5 h du matin je n’avais pas envie de perdre du temps avant de partir.
A Sainte Marie de Campan j’attaque l’ascension, les jambes sont plutôt bonnes malgré le froid. Par contre, vue la quantité de neige sur les bords et les paysages franchement supers beaux, je me mets en mode photographe et n’hésite pas à couper mon effort pour prendre des photos. J’en profite aussi pour repérer le terrain qui m’attendra dans la descente sur les parties glaciales où il reste un peu de neige en travers de la route, c’est que je suis conscient d’avoir des pneus lisses sur le vélo et je ne veux pas prendre de risque (si je savais ce qui allait m’arriver 3 jours plus tard…).
Les paysages sont véritablement sublimes et avec le ciel gris et le blanc de la neige, les contrastes sont vraiment superbes (de la part d’un daltonien).
Alors que je traverse la station de Payolle qui n’est pas surchargée, je scrute juste au dessus pour essayer de voir la route du col d’Aspin. Dans la neige je ne la vois pas et je suis persuadé qu’elle est impraticable jusqu’à ce que je m’approche du virage à 5 km du sommet et que je distingue les barrières ouvertes !!
Ce moment de joie à cet instant est inégalable !! Le col d’Aspin est ouvert tout fraichement d’il y a quelques minutes et je vais pouvoir me l’offrir sans circulation dans un paysage enneigé sublime !!
Il s’agit de mon 105 eme col d’Aspin, je l’ai monté à toutes saisons, par tous les temps, mais celui là est vraiment particulier. Impossible d’être blasé !! Il y a un sacré paquet de neige et je continue de grimper.
Les photos fusent. Mais l’histoire commence légèrement à se compliquer à un peu plus de 2 km du sommet quand il se met à neiger… L’ambiance est géniale mais je sais déjà que la descente sera galère et glaciale, faut absolument profiter de cet instant. Je me revois seulement 4 mois auparavant en continuant de grimper le col du Tourmalet sous des gros flocons de neige.
Pas de circulation, le calme plat, j’arrive au sommet avec des images plein les yeux. Juste génial ! 105 eme col d’Aspin et j’arrive encore à avoir l’impression que c’est la première fois. Limite en freinant au sommet, c’était un peu de la soupe par terre.
Je prends des photos et immortalise le moment. 27 janvier, au sommet du col d’Aspin, sous la neige, en short et tout va bien, l’esprit se libère.
J’appréhendais fortement la descente et pour me donner du courage et avant que je ne sente plus mes doigts, j’ai vite sorti mon ravitaillement de luxe !!
Ravitaillement fabriqué par une copine que j’apprécie beaucoup et qui se reconnaitra. Et ça c’est franchement génial. Je fais du vélo pour me retrouver à savourer des moments rares comme celui-ci où tu te sens bien (oui on peut se sentir bien en short sous la neige au col d’Aspin) avec ce petit grain de folie que je n’arrive toujours pas à cerner. Et quand en plus tu disposes de ce genre de petit plaisir en guise de ravitaillement, que tu es conscient de la qualité de ce que tu manges à cet instant précis, que tu sais que la personne qui l’a fabriqué est absolument géniale et qu’elle compte beaucoup, tu te retrouves à encore plus savourer ces moments (dans tous les sens du terme) qui resteront gravés parmi les plus belles sorties et pourtant il commence à y en avoir un paquet ! Mais c’est dans l’instant présent et la pensée que tout se savoure. C’est pour ça que j’accorde autant d’importance au ravito récompense au sommet de mes plus belles ascensions et là je crois que j’ai le meilleur du monde.
J’ai passé plus de 20 minutes au sommet. Je n’avais pas vraiment envie de descendre car je savais que j’allais passer un moment bien douloureux jusqu’en bas. Mais la journée n’est pas finie et je dois encore faire des livraisons sur Momères puis le centre de Tarbes.
Allez !! Je prends mon courage à 2 mains et je m’élance dans la descente. Les jambes et le visage ça va, mais très vite, les doigts refroidissent, déjà que je ne les sentais plus beaucoup en haut mais là avec le ressenti glacial…
Je ne sentais plus mes doigts et je galérais à bien freiner, je ne pouvais pas aller trop vite sur cette route mouillée et sous ces flocons, mais moins tu vas vite, plus tu passes de temps là… En plus je suis conscient que j’ai les pneus lisses et que je devrais vraiment les changer et ça se sent.
Cette descente sera un véritable chemin de croix, la douleur dans les doigts… Le froid en plus de la douleur me fait couler des larmes. Je tremble complètement, tellement que mes guidons bougent, je galère à garder la trajectoire. Je comptais les kilomètres avant d’arriver en bas…
Et c’est le moment où ça y est tu commences à t’insulter, te traiter de tous les noms parce que tu te retrouves dans cette galère, pourquoi tu t’infliges ça et puis tu repenses à la montée et le moment au sommet et quand tu penses à ce que tu aurais raté si tu n’y avais pas été, tu te dis que ça valait le coup finalement, mais pas encore tout de suite.
J’étais complètement tétanisé par le froid, sur la fin de la descente après Sainte Marie de Campan, je commençais à en voir le bout. La température commençait à monter (il faisait 3°C, quelle chaleur de fou) et je le sentais. Et là en arrivant à la voiture, en tremblant de tous mes membres, en claquant des dents de façon incontrôlée, la douleur dans les doigts qui remontaient en température, c’était horrible… Je m’en mordais les doigts, je me tordais sans réussir à soulager la douleur, juste attendre que ça remonte en température. J’avais fini la descente et c’était sûrement le moment le plus pénible de la sortie. C’est après 15 bonnes minutes que la douleur a commencé à s’estomper dans les doigts. Par contre je tremblais toujours et j’ai pris le chemin de mes livraisons en voiture. J’étais presque en train d’arracher le levier de vitesse tant je tremblais, j’étais surpris de ne pas caler également vu comment je tremblais des jambes et des pieds aussi.
Et là tu commences juste à espérer arrêter de trembler au moment où tu feras tes livraisons.
Ça a été le cas et la suite s’est bien passée quoique je frissonnais un peu quand même.
Et ensuite retour en vitesse, douche, se changer et passer la veste avant un diner et une soirée dansante jusqu’à presque 2 h du matin le temps de rentrer. Et dans ces moments là je réalise la chance et le luxe de pouvoir grimper le col d’Aspin par ce temps sans fatigue et enchainer avec tout avant et après. Je n’échangerai ma forme physique pour rien au monde !
Et voilà une drôle de journée qui se termine, bien remplie du début à la fin, entre travail et un peu de vélo, entre moment super génial au sommet et chemin de croix ensuite (engelures comprises dans le lot au final). Seulement 40 km parcourus pour 1000 m de D+, mon 4eme col d’Aspin de l’année, le 105eme au total et probablement un de mes plus inoubliables.
Je ne sais pas comment je pourrai faire sans le vélo !!
(4 commentaires)
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Salut Idris ,
On connaissait la dépendance à l alcool au tabac , mais la drogue dur ASPIN en accès libre , je connaissais pas , lol
Superbes photos et paysage encore une fois ….mais vivement le soleil et la chaleur qui se font attendre cette année .
a+ Mr ACCRO.
Author
Salut Laurent 😀
Merci pour ton message 🙂
C’est terrible les ravages de la drogue hein ?!! 😀
Mais là je suis en sevrage depuis le 30 janvier suite à une méchante chute en vélo… 🙁
Hello Idris !
Superbe sortie maiiiiiiiiiis… un peu, beaucoup, passionnément de folie n’exclut pas d’un peu de sagesse !
Petites suggestions d’un vieux (qui n’aime pas du tout avoir froid à vélo) :
– En montée, fais ce qu’il te plaît : en short, en slip de bain ou à poil, peu importe, tu auras chaud !
– Je crois que tu as investi dans un petit bagage de selle l’été dernier (tout comme moi)…
– Dedans, tu dois pouvoir faire tenir un pantalon, un pull léger, un ou deux coupe-vents, un bonnet sous-casque et une paire de gants… bref de quoi s’équiper pour une descente en hiver (et même en été, un orage, du brouillard etc… on atteint rapidement des conditions hivernales !)
Avec le tout, tu dois pouvoir t’éviter TOUTE GALÈRE INUTILE pour la descente 😉 !!!
Et après ça, tu pourras te droguer plus facilement et éviter de te faire amputer un ou deux doigts la prochaine fois lol !
Author
Salut Joris 😀
En fait j’ai le sac à dos avec moi 😀
Mais dans la descente, je ne ressentais pas vraiment le froid à cause du short ou sur le torse mais vraiment par les pieds et les doigts.
Je crois que les mains c’est mon gros point faible quand il fait froid, j’ai très très vite les doigts engourdis (j’ai les mains froides par nature) et je n’arrive pas à trouver les gants qui me conviennent:/ Et pourtant j’en ai plusieurs paires pour des températures différentes…
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