Après le col du Tourmalet sous les orages du 2 juin et dans le vent du samedi précédent, j’espérais pouvoir apprécier de nouveau une sortie avec une météo clémente. La veille, le samedi 16 juin, j’avais des évènements tout au long de la journée pour le travail, du coup je n’ai pas pu pédaler, de toute façon il pleuvait…
Pour ce dimanche 17 juin, la matinée fut bien chargée, pleine de réflexions sur des décisions et des calculs.
J’avais un grand besoin de continuer à cogiter et de prendre l’air. Du coup j’ai décidé de partir pédaler un peu après le repas du midi.
Le ciel était très nuageux voire menaçant par moment, mais j’espérais pouvoir passer au dessus des nuages en montagne.
Je suis donc parti de la plaine de Tarbes, direction le sud.
Les jambes n’étaient pas mal et j’étais content de pédaler. Les kilomètres défilaient sans que je m’en rende compte tellement j’étais dans mes pensées.
Après avoir fait des bons temps d’ascension le 2 et 9 juin, j’espérais toujours avoir des bonnes jambes. Et j’avais envie de faire passer la petite déception de la semaine passée lorsque je ne me suis pas senti bien du tout dans le vent en pleine ascension.
J’ai haussé petit à petit le rythme, histoire d’être bien échauffé, j’ai mangé une pâte de fruit pour me rassurer même si je n’avais pas faim et une fois à Sainte Marie de Campan, c’est parti pour les 17 kilomètres d’ascension du col du Tourmalet (2115 m) !
Je me suis lancé plein d’envie dans l’ascension.
Toujours ce même plaisir accompagné de cette petite interrogation pour savoir comment seront les sensations.
Les 4,5 premiers kilomètres sont roulants et ne permettent pas de se rendre compte précisément si j’ai des bonnes jambes (par contre si elles sont mauvaises ça se sent de suite).
Mais une fois à Gripp, c’est parti pour 12,5 km à 9 %. J’étais sur les mêmes bases que celles du samedi 9 juin quand j’avais fait un super début d’ascension. Mais je me sentais quand même beaucoup plus à l’ouvrage que les fois précédentes…
La partie avec le goudron en mauvais état sur plusieurs centaines de mètres à environ 10 km du sommet, m’a paru plus difficile…
J’ai légèrement levé le pied en espérant que sur le final, je retrouverai un second souffle.
J’appréciais le peu de circulation durant l’ascension, un régal ! Je suis rentré dans le brouillard à environ 7 km du sommet. Une belle purée de pois… Il faisait frais et j’espérais passer au dessus assez vite, mais il allait en s’épaississant et on n’y voyait pas à 20 m. Je rattrapais quelques autres cyclistes aux allures fantomatiques. A un moment c’était tellement épais que le cycliste que je rattrapais, je ne l’ai vu que quand j’étais à moins de 3 mètres derrière lui…
Et puis bizarrement, à 6 km du sommet, j’ai commencé à avoir les jambes vraiment très lourdes et à ressentir l’acide lactique dans les cuisses…
Impossible de continuer sur ce rythme, je passe en mode tranquille…
Mais même le mode tranquille n’allait plus…
Traversée de La Mongie dans un brouillard plus lumineux, signe que je passerai bientôt au dessus, mais du coup avec cette luminosité, d’un seul coup il faisait très chaud, ça ne m’a pas fait du bien…
Cela faisait des années que je n’avais pas ressenti un tel mal de jambes dans le Tourmalet. Même la fois d’avant quand je n’étais vraiment pas bien avec de la fièvre et tout ça, je ne ressentais pas autant d’acide lactique dans les jambes.
Une fois la station traversée, la sortie du brouillard commençait à se faire attendre. Je n’allais plus très vite…
A 3 km du sommet j’étais en mode sauve qui peut. Je n’avais plus de jambe, j’étais à la dérive complète. La longue ligne droite entre 3 et 2 km du sommet qui permet de récupérer en temps normal, m’a paru une éternité. C’est en arrivant au panneau des 2 km que je suis complètement sorti du brouillard, enfin !! Une bonne excuse pour faire un arrêt photo de 30 secondes. Je suis reparti en espérant que ça tourne mieux, mais après quelques secondes, j’étais de nouveau en pleine galère. Ben dis donc. A 1,5 km, besoin de souffler de nouveau… Je ne sens plus du tout mes jambes. C’est assez hallucinant. Vite repartir. Le sommet n’est plus très loin mais c’est très long…
Pour faire passer le temps, je cherche dans mes souvenirs la dernière fois que j’ai été en difficulté dans le col du Tourmalet… Hé bien il me semble que c’était le 14 juillet 2011… Une éternité !
La dernière rampe de 400 m très raide a fait très mal et m’a achevé je crois^^
Quel soulagement d’arriver là haut !! Pfiou !!
Mais, et c’est bien là tout le paradoxe du vélo, je n’étais pas déçu et j’ai même trouvé que ça fait du bien de se retrouver à la dérive comme ça des fois ! xD
Par contre je n’avais pas d’explication car je n’avais pas faim, donc ça m’étonnerait que ce soit une fringale. En revanche, il est possible que ce soit la pâte de fruit que j’ai mangé juste avant le pied de l’ascension. A cet instant je n’avais pas faim et je l’ai mangé pour me rassurer, mais ça a dû faire un pic de glycémie d’un coup et quand ça a rebaissé j’ai pris une hypoglycémie sur le final. C’est bizarre quand même mais peut être une explication.
Au final, la satisfaction c’est que j’ai effectué l’ascension en 1h28 depuis Sainte Marie de Campan en incluant les moments où j’ai dû m’arrêter. C’est assez ébouriffant parce que c’est un temps de montée qui m’aurait comblé seulement 1 an plus tôt.
Comme quoi j’avais vraiment dû partir sur les chapeaux de roues aux début et même à la dérive ça avance^^
Au sommet, j’ai pris un verre au bar ce coup-ci, histoire de profiter un peu et ça m’a fait du bien. J’ai ensuite mis mon k-way et attaqué la descente au moment où les nuages remontaient.
Après 1,5 km de descente, je suis rentré dans le brouillard. Et là…c’était le début de la galère… Je ne voyais plus rien du tout, pas à 2 mètres… J’étais planté à 12 km/h à suivre les pointillés blancs sur la droite de la route… Surtout ne pas aller sur la droite, c’est le ravin…
En plus c’est un brouillard humide et je me retrouve trempé très vite… Il fait froid, je commence à sentir mes doigts engourdis et à claquer des dents… Mais quand est ce que je sors de là…
Tout d’un coup j’entends des cloches… Vu la vitesse du tintement, ça doit être des brebis… Bon sang, ils les ont lâché (c’est la transhumance) entre le moment où je suis monté et maintenant. Et dans ce brouillard, complètement en aveugle, l’adrénaline monte encore d’un cran… Et j’en évite une de justesse…
Un peu plus bas c’est l’entrée dans La Mongie, toujours à moins de 15 km/h… Je continue de rouler sur les pointillés blancs, je ne les vois qu’un par un. Mais manque de chance pile aligné sur les pointillés il y a les balconnières qui séparent le parking de la route. Et me voilà en train de les esquiver une à une dès que je les aperçois 1 mètre devant moi… Le stress est à son comble surtout que juste après c’est des panneaux de chantier qui sont là et que j’évite à la toute dernière fraction de seconde…
J’entends des cyclistes qui montent et que je croise mais je ne les vois pas…
A la sortie de La Mongie, le brouillard est moins épais, bon on n’y voit pas à 20 m mais je respire un peu mieux déjà et je peux enfin passer les 25 km/h…
Ce n’est qu’au lacet du Garet après presque 8 km de descente que je passe enfin sous le brouillard ! Quel soulagement !! Et que de temps perdu ! Pfiou…
J’étais couvert de boue…
Le retour dans la vallée et la plaine m’a paru un poil long, surtout après la dérouillée du final du col, j’étais un peu carbonisé… Mais content quand même à la fin xD
94 km et 2000 m de D+ et prêt à attaquer la semaine ! Pas forcément reposant, mais au moins je me suis oxygéné !
(2 commentaires)
Salut Idris, une ambiance GHOST… brrrrrrrr !
Sinon, j’ai mis en ligne ma première aventure du mois de juin dernier : http://www.bosses21.com/ma-collection/2018-2/alpes-sortie-n1/
Ça va te rappeler quelques souvenirs 😉
Biz
Author
Punaise trop cool ouais !! 🙂 Ahlalala comme quoi on s’est effectivement pris des dérouillées presque le même jour 😀
C’est dommage pour le Mont Blanc mais une belle sortie 🙂
1989 m ==> mon année de naissance, alors tu penses bien que je l’aime bien ce col 😀 En plus avec la vue depuis le sommet 😀
Tu étais au camping à très exactement 200 m de là où j’habitais (rue Gambetta) et la piste qui passe juste devant le long de l’Arly, c’est celle que je prenais tous les jours pour aller au travail à Ugine 🙂
Hâte de lire ta deuxième sortie 🙂