17 avril 2019 (12e sortie) : col du Tourmalet, final sur le verglas

Près de 3 semaines sans avoir le temps d’aller pédaler en montagne… Une éternité !! J’avoue que je commençais à me languir !!

Mais pour ce mercredi 17 avril, tout va se débloquer !! D’une part, je dois aller sur Bagnères en voiture pour apporter et livrer une glacière de jus tôt le matin pour ma petite entreprise et j’ai de la dispo jusqu’à 11 h avant de fabriquer quelques bouteilles puis d’aller au travail l’après midi. D’autre part, depuis la veille le col du Tourmalet (2115 m) a été en grande partie déneigé et tenter le coup me semble possible !

Le timing va être très serré tout de même entre travail, vélo et travail encore. Pour la météo, ce sera plutôt soleil voilé mais froid quand même, voire très froid.

Mon vélo de route est toujours en révision chez l’ami Tony, je partirai donc avec le Grandsaigne.

Il fait vraiment froid sur Bagnères tôt le matin pendant que je livre ma glacière…

Mais l’excitation à l’idée d’aller peut être grimper le premier col du Tourmalet de l’année, c’est génial, je trépignais !! Tu sors de l’hiver où tu as été privé du Tourmalet, et même si j’ai pu pas mal pédaler par rapport aux années précédentes, ça manquait vraiment !

Le moment d’enfourcher le vélo a été savoureux ! Enfin !! Mais il y avait en même temps cette inconnue de savoir si la route serait praticable jusqu’en haut, dans quel état elle serait et puis étant donné qu’à 11 h je dois être rentré, il ne faudra pas que je lambine trop.

Je remonte la vallée jusqu’à Sainte Marie de Campan, il fait froid, je suis avec la veste thermique et les gants longs. Il n’y a pas beaucoup de circulation. Le col du Tourmalet est toujours indiqué fermé en bas. C’est sûr, je vais être tranquille dans l’ascension !

Pensée à Eugène Christophe ! C’est parti pour le premier Tourmalet de l’année !!

En attaquant l’ascension, je regarde l’heure, il faut que je sois rentré à 11 h, ce qui fait que je me donne au total 1h30 pour faire l’ascension quel que soit l’état de la route… C’est que non seulement je dois fabriquer des jus en fin de matinée puis les livrer mais ensuite à 14 h je dois être au travail jusqu’à 19h30.

Le suspense sera de savoir comment seront les jambes après presque 3 semaines sans vélo en montagne.

J’attaque l’ascension dans le froid, en espérant que la température monte un peu avec l’heure qui va tourner. Les 4,5 premiers kilomètres sont roulants. J’ai du mal à me mettre dans le rythme avec le Grandsaigne, je trifouille le dérailleur, les braquets ne sont pas les mêmes que sur le vélo de route. J’attends avec impatience de passer Gripp et d’attaquer les 12,5 km à 9 % pour me mettre dans un rythme régulier.

J’apprécie vraiment l’instant et je ne vois pas les premiers kilomètres passer. Quel plaisir de passer Gripp et d’y être enfin !

Finalement les jambes ne sont pas trop mauvaises, je m’attendais à pire comme sensation. J’essaye de ne pas me mettre à bloc histoire de ne pas être fatigué pour la suite de la journée ensuite. La température ne monte pas et plus je prends de l’altitude plus il fait froid, je navigue aux alentours de 7 à 8 °C… Pour une fin avril, ça fait plus que frais.

Le cadre du Grandsaigne est un poil petit par rapport à ma taille et du coup il faut que je fasse attention dans les relances en danseuse à ne pas me cogner le genou sur le guidon et aussi à faire attention que mon bermuda n’accroche pas les manettes de changement de vitesse qui sont sur le cadre, toute une coordination^^

Les kilomètres continuent de défiler sans que je m’en rende compte tellement j’étais content de grimper le Tourmalet. Une chance inouïe d’être seul au monde sur ce col mythique en tout début de saison, avant d’aller travailler.

A un moment, une voiture me dépasse et ralentie, c’est l’ami Marc de l’Office Départemental des Sports, on se croise toujours sur ce col, il monte faire du ski de rando.

Vue sur Artigues

Quelques minutes plus tard j’arrive à La Mongie. Je scrute si je vois l’âne, le plus fidèle supporter, mais je ne le vois pas. Il était déjà très vieux et j’espère qu’il n’est pas mort pendant l’hiver…

A la sortie de La Mongie, je passe la barrière qui empêche les voitures de passer et d’aller vers le sommet. Vraiment seul au monde !!

La neige se fait de plus en plus présente sur le bord de la route. Le paysage est grandiose ! J’adore. La température baisse et on passe sous les 5°C… Le rythme est toujours convenable, je suis parti pour faire l’ascension en 1h28 ou 1h29. Je suis dans le timing que je m’étais donné.

Le sommet approche, la neige est épaisse sur les bords, mais la route est toujours praticable à cet instant. Cette fois c’est sûr, je pense que ce sera bon pour arriver jusqu’en haut…c’est ce que je pensais…

Après le panneau des 2 derniers kilomètres, je passe sur plusieurs rigoles d’eau issues de la fonte de la neige, ce n’est que dans la descente que je réaliserai qu’en fait c’était du verglas et que j’ai eu de la chance de ne pas avoir de galère sur ces endroits.

Toujours aussi génial le final du Tourmalet !

Le dernier kilomètre, l’air du sommet approche. Je passe le virage à gauche à 800 m du sommet et…mon vélo se dérobe et je me retrouve debout sur la route à tenir mon vélo qui est couché sur le côté gauche. Il s’est passé 1 ou 2 secondes où j’ai eu besoin de réaliser ce qu’il s’était passé et pourquoi je me retrouvais immobile alors que j’étais en pleine ascension. Tout bêtement, une belle plaque de verglas dans le virage, mon vélo s’est dérobé et comme le cadre est assez petit, en se couchant, mon pied gauche s’est posé sur la route en passant de la pédale au goudron (pour le coup j’ai apprécié de ne pas avoir de pédale automatique^^).

L’instant de surprise passé, j’ai fini de traverser la plaque à pied (elle n’était pas très longue) et je suis remonté sur le vélo. Mais ça n’a pas duré longtemps puisque 200 m plus loin soit à 600 m du sommet, je me suis retrouvé devant de la neige gelé et du verglas sur plusieurs dizaines de mètres ainsi que sur le dernier virage. Je descends du vélo pour passer à pied.

Visuellement c’est blanc, ça semble de la neige. Je me dis que ça devrait le faire à pied, sauf qu’en fait c’est tellement verglacé et tassé que c’est du béton. Je passe sur les bords où c’est moins tassé et donc plus facile de marcher. Pour que ce soit plus pratique, je prends le vélo sur l’épaule. Je termine une partie enneigé et mets le pied sur ce que je crois être de l’eau qui ruisselle. Sauf qu’en fait c’est une énorme plaque de verglas. Résultat, mon pied se dérobe avant même que je m’en rende compte et c’est la gamelle direct. Je glisse sur plusieurs mètres dans le sens de la pente.

Un comble !! Tu essayes de passer prudemment à pied le verglas pour ne pas tomber de vélo et tu tombes en portant le vélo… Et moi qui n’aime pas du tout le ski…

La belle plaque de verglas sur laquelle j’ai glissé, une vraie patinoire !
Plus vraiment possible de passer sur le vélo, mais on y va quand même !

En plus la frustration de voir que j’ai glissé en bas de la plaque que j’avais chèrement et difficilement traversée xD Il faut recommencer. J’ai mal à la hanche en plus avec ces conneries. J’essaye d’attraper du bout des doigts mon vélo qui a glissé plus loin et je le traine jusqu’à moi. Je suis quand même content d’être avec ce vélo et pas avec mon vélo de route que j’aurais risqué d’égratigné^^

Je me relève difficilement sur le verglas. Et c’est reparti. Vélo sur l’épaule, et ce coup ci j’opte pour l’autre côté de la route, côté droit.

Je passe péniblement le dernier virage. Je suis devant des murs de neige de plus de 4 m par endroit, c’est sublime.

Au milieu des murs de neige
Vue sur La Mongie

Je peux remonter sur le vélo dans la dernière rampe à 14 % mais juste sur quelques dizaines de mètres avant de devoir de nouveau finir à pied sur le verglas. Moment de grosse galère à nouveau où j’ai frôlé plusieurs fois la chute. Mais je finis par déboucher sur le sommet !

En débouchant sur le sommet

Le premier de l’année 2019 !!! Je ne pense pas me tromper en me disant que je suis probablement le premier cycliste de la saison à monter le Tourmalet, vu que la veille encore il était encore complètement enseveli sous plusieurs mètres de neige.

La 77 eme fois que je grimpe le col du Tourmalet, je suis probablement le premier de la saison à le monter.

Au sommet, des barrières empêchent de passer de l’autre côté. Tant pis pour le paysage côté Barèges, je ne vais pas me mettre à les escalader avec ce verglas, déjà que je tiens à peine debout^^

Je recroise Marc qui est sur ses skis de rando, on se salut plus longuement.

Cependant, après quelques photos au sommet avec la neige et le verglas, je ne m’attarde pas car avec tout ça, j’ai perdu du temps et mon timing se resserre. Et comme je dois repasser en plus à pied toute la partie sous le verglas, ça ne va pas me faire gagner du temps. Et puis il fait froid et la batterie de mon téléphone baisse jusqu’à ne plus pouvoir prendre de photos à un moment. Ce n’est que plus bas quand la température sera meilleure que j’arriverai à le redémarrer.

En attendant, je me retrouve de nouveau à galérer dans le virage, à passer à pied, à tenir le vélo d’un côté et à me tenir au mur de neige de l’autre pour essayer de ne pas glisser.

Mais qu’est ce que tu fous là Idris ?!

Pas fâché de l’avoir passé ! Puis ensuite j’arrive au virage après 800 m là où mon vélo s’est dérobé sur une plaque de verglas translucide.

J’analyse la situation, elle couvre toute la largeur de la route et fait à peu près 3 mètres à traverser… Elle me parait dangereuse à passer. C’est pas le moment d eme casser une jambe ou un bras…

Pour être sûr de ne pas tomber…c’est de me mettre par terre… Et du coup me voilà à passer la plaque assis avec le vélo que je laisse glisser à mes côtés. Au moins en étant déjà par terre je ne risquais pas de tomber^^

La tension retombe une fois que ce virage est passé et je peux remonter sur le vélo. Mais je vais quand même m’arrêter 4 fois sur le kilomètre suivant pour passer à pied les rigoles verglacées que j’avais passées sur le vélo dans la montée.

Je fais la suite de la descente prudemment avec une douleur à la hanche et aussi sur le mollet droit qui me pique beaucoup, une égratignure souvenir…

Gamelle en bermuda sur le verglas, petit souvenir

Ce sera le petit souvenir de mon 77 eme col du Tourmalet et du premier de l’année !!

Et au final, même si l’attente m’aura paru très longue pendant ces premiers mois de l’année, je n’avais jamais monté le Tourmalet si tôt dans l’année ! (jusque là c’était un 23 avril en 2017). Déjà que l’an passé je ne l’avais jamais monté si tard (9 décembre 2018).

Vivement la suite !! Elle sera encore plus épique en plus…

En attendant je suis rentré à temps pour tout ce que j’avais à faire et ensuite aller au travail.

(2 commentaires)

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  1. Salut Idris !
    Rha la la, qu’est-ce que t’es fou quand même ! Un jour, ce sera comme dans l’Everest, on va te retrouver 10 ans plus tard congelé dans le dernier virage ha ha ha ! En tout cas, c’est dingue et sensationnel à la fois d’avoir été le premier à ouvrir le Tourmalet ! Tu peux quand même ranger ce souvenir en haut de l’étagère !

    1. Salut Joris 😀

      Ouais celui là je m’en souviendrai ! Le premier cycliste de l’année 2019 en mode patinoire^^
      Mais celui d’après a été dantesque sous la neige, je ne sais toujours pas pourquoi j’ai continué jusqu’au sommet, je me demande si ce que je ressentais ne se rapprochait pas de ce qu’on ressent avec la drogue xD (mais je n’ai jamais pris de drogue, je ne peux pas comparer^^), je viens de mettre l’article.

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