Il est de ces journées bizarres, où tu as l’impression que chaque petite situation s’imbrique au fur et à mesure pour mener à une situation improbable à la fin.
Ce sera le cas de cette journée.
La période est assez stressante au niveau du travail. La veille j’avais saisi l’occasion de pouvoir pédaler un peu et de grimper le col du Soulor car je devais me rendre dans le 64. Mais les heures de travail la nuit ne se comptent plus…
C’est après une bien courte nuit que je débarque à Bagnères vers 6h15 le matin pour y être présent toute la matinée pour mon entreprise. J’ai tout de même pris le vélo avec moi, j’avais gardé une partie de l’après midi libre pour pédaler et profiter des derniers jours doux de l’année. J’ai envie d’aller au col du Tourmalet (2115 m) et de le grimper 2 fois pour boucler mes 49 eme et 50 eme ascensions. Ce serait sympa, 2 semaines après avoir fêté mon 100 eme col d’Aspin ! Mais j’ai du travail qui m’attend en fin d’après midi et très tôt le lendemain.
La matinée se passe bien, entre discussions avec les amis et rencontres sympas. Le ciel dehors est assez nuageux et un vent bien frais rafraichit l’ambiance.
Je range mes affaires, je suis très fatigué. La motivation n’est pas au beau fixe… Je traine beaucoup par rapport à d’habitude quand je pars faire du vélo après… Je discute beaucoup. Je vais finir par me chercher quelque chose à manger.
Avant de me préparer, je regarde longuement les montagnes et ce ciel nuageux. Je n’ai vraiment pas envie d’y aller et pourtant dans le même temps, j’adorerais le grimper 2 fois de nouveau.
Et là je repense à ce col du Tourmalet du 10 septembre quand je l’avais grimpé sous la neige. Je savais bien que ça me servirait cette ascension. D’un seul coup la motivation est revenue, je ne peux pas laisser passer cette occasion. Va déjà pour 1 ascension et on verra en temps voulu selon la luminosité et l’heure pour la 2eme.
C’est parti !! Avec pas mal de retard sur l’horaire prévu… Il fait bien frais, mais je compte me réchauffer vite en remontant la vallée en direction de Sainte Marie de Campan. Par contre, je sais d’avance que je n’ai pas de supers jambes et je la sens vraiment la fatigue, ce sera Tourmalet en mode tranquille, aucune envie de me faire mal à la figure ce coup-ci. Je vais profiter des couleurs d’automne.
A Sainte Marie de Campan, c’est parti pour les 17 km d’ascension, d’abord les 4,5 premiers qui sont roulants puis ensuite les 12,5 suivants jusqu’au sommet à 9 % de moyenne.
Le même plaisir toujours d’attaquer cette ascension !!
Ce coup-ci je suis en mode tranquille et mon esprit divague, je cogite pas mal pour le travail et les prochaines échéances. Ce n’est qu’au lacet du Garet à moins de 8 km du sommet que je reviens à moi^^
Toujours sous les nuages entre brume et éclaircies, mais bien frais, seulement 11°C. Les paravalanches se passent et j’arrive à La Mongie, il n’y a vraiment pas beaucoup de monde, c’est la période creuse en montagne, ça fait du bien.
A la sortie de La Mongie, je rattrape le premier cycliste que je vois depuis le début de la sortie.
Qu’est ce que j’ai adoré les 4 derniers kilomètres après La Mongie !! Ce n’est qu’à l’amorce du dernier kilomètre que je suis passé au dessus de la brume et je me trouvais d’un seul coup au soleil sous un ciel bleu !! Le top.
Au loin devant moi, j’apercevais un cycliste chargé de bagages. En cette saison, voyager comme celà, ce n’est pas courant ! Puis alors que je m’approchais, je me suis rendu compte que c’était une cycliste.
Et là j’ai repensé à ce matin… Petit flashback.
A 7 h je croise un très grand ami à moi et nous discutons. Il passe plus tôt que d’habitude. Il se déplace en vélo quasiment tout le temps et est mécanicien dans une boutique de réparation à côté de Bagnères depuis quelques mois. Et là il me raconte sa rencontre dans la semaine, lui qui ne va pas si souvent que ça grimper (je vais zapper les détails car on a discuté pendant longtemps). Il a croisé du côté du col des Palomières, une cycliste voyageuse, en totale autonomie qui est en direction de l’Espagne. Il me raconte sa rencontre, le réglage de son vélo, sa proposition de l’héberger mais elle part, pour le col d’Aspin puis la Hourquette, dort là haut. Puis elle s’attaque au col du Tourmalet le lendemain, c’est à dire la veille de ce samedi. Mais prise dans le brouillard et la pluie, elle fait demi tour et accepte l’offre de l’hébergement de mon ami. Et le voilà donc ce samedi matin tôt pour venir chercher le petit déjeuner.
Il doit continuer ses courses et nous nous saluons.
Alors que je rattrapais cette cycliste, je me disais qu’il était plus que fort probable que ce soit elle. Fin octobre, une cycliste voyageuse en vélo en autonomie, au Tourmalet, ça ne court quand même pas les rues.
Je la rattrape à l’amorce du dernier virage à 400 m du sommet et décide de l’attendre en haut du coup.
C’est bien content que j’arrive au sommet. Grimpé en 1h31, c’est bien loin de mes meilleurs temps mais quand je repense à mes premières ascensions, c’est un temps qui aurait été parmi mes meilleurs dans les années 2010/2011/2012. Et du coup le faire en mode repos c’est toujours cool. Il ne fait pas bien chaud (10°C) quand on était habitué aux températures chaudes les semaines précédentes. Le ciel est superbe et j’ai apprécié de le monter en mode tranquille. Dommage que je sois dans une période stressante, ça m’a un peu enlevé le plaisir du début de l’ascension.
Peu après, elle arrive au sommet. Une sacrée performance quand on voit le chargement de son vélo (40 kg à monter) !!
Je lui demande si c’est bien elle qui a dormi chez Robin. Et nous voilà parti à discuter pendant longtemps tous les deux, pratiquement 1 h de temps. On s’est raconté nos histoires, on a parlé de voyage, elle m’a raconté son début de périple. Il lui restait plus de 2 semaines de périple et elle comptait aller en Espagne. On était là haut sur ce lieu mythique, au soleil qui plus est.
C’était top. Ça m’a refait voyager aussi, en repensant à mon voyage de juillet et des rencontres faites tout au long des 2 semaines pendant lesquelles j’étais parti entre France, Suisse et Italie.
Un super moment !
L’heure tournait, Emmanuelle devait continuer son chemin avant la tombée du jour (elle partait pour faire étape à Luz Saint Sauveur le soir), quant à moi, il était tard et avec la fraicheur qu’il faisait je n’avais aucune envie de redescendre sur Luz pour remonter ensuite. J’hésitais du coup avec la Hourquette d’Ancizan qui serait ma 25 eme.
C’est parti pour la descente. Il fait vraiment frais et je vois le brouillard qui remonte, je me retrouve dans une purée de pois. La température descend à 6°C et je n’y vois pas à 10 mètres, mais quel plaisir de débouler là dedans à l’aveugle à plus de 60 km/h, fallait pas qu’il y ait un obstacle, mais ça fait du bien d’avoir l’adrénaline. Et ça aide de connaitre la descente par coeur^^
Bon bé du coup, je commençais à avoir les doigts sacrément engourdis et j’étais dans le brouillard jusqu’à 1400 mètres, une fois repassé en dessous c’était pas agréable. La Hourquette d’Ancizan étant à 1564 m d’altitude, je n’avais aucune envie de me retrouver dans le brouillard au sommet. Tant pis pour ce coup-ci, je vais en rester là.
Il y a du travail qui m’attend de toute façon.
Une drôle de petite sortie bouclée. Et c’est assez impressionnant de voir sur quels petits détails la rencontre s’est faite au sommet. Si je n’avais pas autant trainé à la mi journée à Bagnères, si je n’avais pas autant hésité à partir, ou si j’avais décidé de faire l’ascension à bloc, j’aurais rattrapé Emmanuelle plus tôt dans l’ascension et je n’aurais peut être pas attendu au sommet qu’elle arrive. Et de même si elle était partie plus tard ou beaucoup plus tôt nous nous serions loupé. Là la rencontre s’est faite pile au sommet. Et c’est encore plus impressionnant que tôt le matin, Robin m’a raconté toute cette histoire. Comme quoi…
Pour cette sortie, ça me fait seulement 47 kilomètres et 1600 m de D+ mais je me souviendrai de mon 49eme col du Tourmalet.
Après avoir pu avancer le travail en fin d’après midi, j’ai passé la soirée chez un ami et Robin m’a envoyé un message pour me proposer une virée spéciale quelques jours plus tard.
Quant au 50 eme Tourmalet, il ne va vraiment pas tarder !
(6 commentaires)
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Salut Idris, une bien jolie histoire et Emmanuelle a l’air charmante 😉 ! Elle faisait quoi comme périple si ce n’est l’Espagne comme destination ? Et elle a dormi à la Hourquette ! Devait pas faire bien chaud ! Sinon, il faudrait que tu corriges (40 kg à monter) et non 40 km…
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Salut Joris 🙂
Elle est parti de Toulouse (elle est de la région lyonnaise) et elle se laissait porter selon la météo et les rencontres, elle souhaitait aller jusqu’en Andalousie mais au fil des étapes elle est plutôt allée en Catalogne, mais 5 jours après, il a neigé sur les Pyrénées et le froid est arrivé, ça lui a compliqué les choses.
Merci, j’ai rectifié^^
On habite la même commune ^ ^, mais on ne s’est pas encore croisé. J’avais vu son périple sur strava, je me disais qu’elle allait sûrement te croiser par hasard au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de ton coin.
Je n’avais pas tilté qu’elle transportait autant 😮 😮 (son vélo ne devait pas être léger non plus !)
Bravo, elle n’a pas du avoir bien chaud à cette saison !
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Salut Alex,
Ah oui c’est toi que j’ai vu sur Strava ouais, tu es sur facebook aussi non?
Ouais sacré poids qu’elle avait. Je ne sais pas si le poids du vélo est compris dans les 40 kg au total ou pas.
Faire un voyage comme ça à cette saison c’était risqué effectivement. Et c’est une grande chance qu’elle a pu passer les Pyrénées car 5 jours plus tard il neigeait en montagne et le Tourmalet a été fermé pour tout l’hiver !!
Il faisait chaud au début de son voyage en octobre je pense, après les nuits étaient fraiches, il a fait très beau et chaud tout début novembre aussi par ici (j’avais fait le Tourmalet en manches courtes le 1er novembre, prochain article), mais le 5 il a neigé, par chance Manu était passée en Espagne du coup elle avait meilleur temps qu’ici, mais beaucoup de vent et du froid par contre… C’est vraiment top ce qu’elle a fait !!
Je suis seulement sur strava ! (je n’ai pas de facebook)
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Ah dac, ce n’était donc pas toi alors que j’avais vu passer sur une page.
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[…] est parti du samedi précédent, le 28 octobre. Ce jour là j’avais grimpé le col du Tourmalet (2115 m) et rencontré Emmanuelle au sommet. […]