Encore un Tourmalet. Hé oui, quand on aime on ne compte pas. Enfin disons plutôt que vu qu’en été j’évite d’y aller à cause de la forte circulation, j’en profite au maximum en hors saison avant que l’hiver ne s’installe.
Voilà pourquoi j’avais envie d’y retourner pour la 3eme fois en 9 jours…
Mais j’étais en balance entre une folle envie de profiter de ce dimanche matin pour me reposer (l’après midi serait consacrée au travail) ou aller faire du vélo.
Depuis 3 jours, les températures ont drastiquement chuté et la neige s’est invitée sur les plus hauts sommets des Pyrénées. Quand on pense que seulement 5 jours avant j’étais en chemisette au Tourmalet…
Ce dimanche matin, je me suis levé et j’ai vu qu’il ne pleuvait pas. Je ne peux pas laisser passer cette occasion. Mais c’est dur de trouver la motivation si tôt, fatigué, avec ce ciel menaçant et ce froid.
Il y a des jours où même moi je me demande comment ça se fait que je pars quand même alors que c’est sûr que je n’aurais pas de soleil…
Je mange un peu, je sors le vélo et je pars. Direction le col du Tourmalet (2115 m) donc. Une chose est sûre pas d’enchainement aujourd’hui vue la météo et comme de toute façon il faut que je sois à pied d’oeuvre vers 13h30…
La route est mouillée, il ne fait pas chaud, seulement 9°C, mais je suis optimiste, le ciel me parait plus lumineux sur les sommets (je suis vraiment de nature très optimiste je précise^^).
Petit arrêt dès le départ pour caresser les ânes et avoir du courage, puis j’ai continué mon chemin.
Chaque kilomètre passé au sec, c’était ça de gagné sans pluie (très logique). Et j’ai remonté toute la vallée comme ça, sans avoir de point de vue sur les montagnes. Mais par moment quelques trous de ciel bleu se laissaient apercevoir et ça redonnait de la motivation et je me disais que j’avais bien fait de faire l’effort de partir.
A Bagnères, l’air du Tourmalet approche, toujours cette même motivation pour aller sur ses pentes. A Sainte Marie de Campan, au pied du col, il fait toujours très nuageux mais ça reste toujours lumineux, mais la route est bien mouillée.
J’attaque l’ascension, toujours en veste thermique. Je ne ressens pas trop le froid, tant mieux. Je ne perds pas de temps et je roule pour faire l’ascension au seuil. Mais bon avec cette fraicheur (moins de 8°C à cet instant), les jambes sont plus lourdes.
A Gripp, ça y est, j’attaque les 12,5 km à 9 %. Par moments ce sont de belles éclaircies que j’ai. Je continue de prendre des photos en grimpant. Par moment j’entrevois les sommets tout proche et je suis presque surpris de voir la neige si bas !! Je savais qu’il avait neigé sur les hauts sommets mais je ne pensais pas qu’elle était tombé à moins de 2000 m… Bon ben je risque de faire la fin avec de la neige sur les bords, ça va donner une bonne ambiance. Ah si ça avait été juste ça…
Une fois le lacet du Garet passé à 7,5 km, le ciel est devenu franchement gris. Je n’aurais pas droit à d’autres éclaircies mais j’espérais encore ne pas avoir de pluie. Et d’ailleurs je me félicitais car c’était inespéré d’arriver au sec si haut.
La partie des paravalanches passée, j’arrive à l’entrée de La Mongie. Il s’agit toujours d’un moment où j’arrive à accélérer un peu pour attaquer les 5 derniers kilomètres. L’air du sommet est proche !! Tu parles…
Pendant la traversée de La Mongie, les premières gouttes de pluie commencent à tomber. Je ne ressentais pas le froid et je pensais même qu’il faisait doux. Mais les quelques gouttes de pluie vont devenir une bonne pluie fine. C’est sûr je ne finirai pas au sec. Mais pendant l’effort ça ne me dérangeait pas plus que ça. Je n’avais pas froid et je me disais que j’allais sécher au fur et à mesure (optimiste héhé^^). Mais j’étais encore à plus de 4 km du sommet quand la pluie s’est transformée en neige. Pas des gros flocons au début. Et comme en plus je n’avais pas l’impression qu’il faisait si froid j’ai réussi à être surpris. « Ah bon il neige? mais il ne fait même pas froid, c’est quand même bizarre »
Mais en fait très vite ça va se transformer en bonne neige, des gros flocons !! L’ambiance de fou que ça donne d’un coup. La neige est présente sur les bords de la route à 3,5 km du sommet.
Et là j’ai kiffé à fond ce final du Tourmalet !! Je plissais les yeux sous les flocons, ils tenaient sur l’écran de mon compteur de vélo. Ça ventait aussi. Et là instinctivement j’accélère un peu. Je prends des photos et des videos tout en grimpant.
J’avais déjà grimpé le Tourmalet avec des murs de neige, j’étais déjà arrivé au sommet avec quelques petits flocons mais je ne m’étais jamais retrouvé sous des bonnes chutes de neige comme ça. Et je continue de grimper, il y a de plus en plus de neige sur les bords. Les voitures que je croise me font des appels de phare, je ne sais pas si c’est pour me dissuader ou m’encourager.
Et dire qu’il y en a qui sont en train de dormir et de faire une grasse mat alors que moi je m’éclate sous la neige ici. Mais rappelons le, je déteste la neige, je déteste l’hiver tout court en fait, et surtout un 10 septembre alors qu’on est encore en été !!
C’est dans le dernier kilomètre que je commençais à m’inquiéter pour la descente car ça devenait franchement du n’importe quoi par terre, une sorte de soupe sur les bords de la chaussée…
J’ai fini au sprint au sommet. Et au moment où je freine pour m’arrêter en haut, le vélo continue tout seul et c’est plusieurs dizaines de mètres après que je finis par m’arrêter là où je prends les photos versant Luz Saint Sauveur d’habitude, je sens que la descente va bien m’amuser..
Je ne vais pas perdre de temps. J’ai demandé à quelqu’un de me prendre en photo pour immortaliser ça. Il m’en fallait bien un sous la neige, c’est pour ce 10 septembre.
Il y avait quelques autres cyclistes qui étaient là. Une journée par comme les autres au Tourmalet. Ambiance de dingue. Et je commence à trembler de froid. C’est qu’en fait ça fait 5 km que je pédale et qu’il fait 0°C. Et le petit soucis c’est que pour la descente je n’ai pas de gant long avec moi, je vais rester avec les gants courts.
Mon pauvre Idris, tu vas souffrir un bon coup dans cette descente, au moins je le sais… Je n’avais même plus envie de partir… ça ne faisait que 3 minutes que j’étais en haut, je voulais prendre quelques photos et alors que je prends mon téléphone, je vois le pourcentage de la batterie qui diminue d’un coup et mon téléphone s’éteint… Ben zut alors… Trop froid pour la batterie, avec mon ancien char d’assaut que j’avais en guise de téléphone je n’avais pas ce soucis…
Allez faut partir… Je reprends mon casque que j’avais accroché ai guidon au sommet et je vois qu’il est rempli de neige à l’intérieur… Gloups… Mais pourquoi je me retrouve dans ces situations… Bon bé quand j’ai mis le casque sur la tête ça m’a refroidit direct encore plus…
C’est parti pour la descente, j’ai du mal à garder les yeux ouverts, je tremble de partout. Arrêt au premier virage pour prendre une photo (avec mon appareil photo) de La Mongie tant que j’ai encore un peu de sensibilité au bout des doigts.
Et c’est parti pour un calvaire… Je tremble de tous les membres, je ne sens plus mes doigts sur les freins, ça glisse, les rigoles d’eau sont énormes. J’ai des larmes qui coulent, la douleur est terrible. Pourquoi je me retrouve ici là dedans !!
Certains virages en épingle et raides, je les passe à moins de 20 km/h, je sens que mes freins sont en train de se laminer, mais pas le choix…
Vite vite, finir au moins la partie avec la neige.
A l’entrée de La Mongie, la neige s’arrête de tomber, c’est déjà ça, je décide de m’arrêter à la sortie pour me réchauffer les mains, je vois un lama, je vais à côté de lui. Je me tape les mains sur les cuisses, je me mords les doigts en espérant retrouver de la sensibilité, la douleur est terrible et ce lama juste là qui me regarde avec un air de me dire « même pas froid moi !! ». Mais c’était amusant quand même. Je lui aurais bien emprunté quelques poils^^
Avec un gros effort, j’ai réussi à prendre une photo au milieu de mes tremblements. Allez j’ai à nouveau un tout petit peu de sensibilité sur le bout des doigts, faut continuer. Plus vite je serai en bas, mieux ce sera, encore 12 km…
Que c’est long !! Mais petit à petit la température remonte de 2 ou 3°C et je garde ce même semblant de sensibilité au bout des doigts. Le retour va me paraitre bien long dans la vallée et la plaine. Je pédale comme je peux, les cuisses sont tétanisées par le froid. Mais les 8°C dans la plaine paraissent chauds ensuite et j’apprécie le retour.
J’ai cette impression de revenir d’un autre pays, encore un peu sous le choc et l’effet de surprise de m’être retrouvé dans cette situation. Et dire qu’on est en été…
Une fois rentré, première chose à faire, prendre une douche bien chaude !! Aie aie aie, la douleur dans les doigts au moment où ça remonte en température…
Mais qu’est ce qui m’a pris de partir ce matin alors que le ciel était menaçant, pourquoi je me suis levé, où j’ai trouvé de la motivation ? La descente a été terrible, un vrai calvaire, mais qu’est ce que j’ai adoré les 5 derniers kilomètres de la montée sous la neige, que c’était bon !! Je dois être givré par moment, c’est ça !!
Pour cette sortie ça me fait 95 km et 2000 m de D+, des souvenirs inoubliables et j’ai vraiment eu envie d’être un lama pendant quelques instants à La Mongie^^
Et au final une ascension du Tourmalet faite en 1h19 dans ces conditions de froid que je n’aime pas du tout, c’est plutôt une bonne montée.
(10 commentaires)
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Merci Idris ne nous faire vivre des moments comme celui-ci.
T’es fou, mais la folie n’est-elle pas le poivre de la vie ?
Continue à te faire plaisir, à nous régaler par tes récits. Amicalement. Alain2pau
Author
Merci à toi pour ton message Alain 🙂
A très bientôt !!
Amitiés 🙂
Bonjour !! Tu sais ce qu’est une hypothermie ??? Lol!!encore u e aventure !!
Author
Oui oui, je sais ce que c’est^^ J’en ai déjà eu une sur le Tourmalet justement le 4 juin 2011 lors de la Montée du Géant faite sous une pluie glaciale…
http://velomontagne.fr/4-juin-2011-13e-sortie-col-du-tourmalet-montee-du-geant-du-tourmalet/
J’avais eu la pluie dès le pied de l’ascension et tout le reste de la sortie pratiquement. Ma mère voulait m’envoyer à l’hôpital quand je suis rentré^^
A bientôt Domi 😉
Hello Idris ! Tiens t’aurais du chanter ça pour te réchauffer 😉 !!!
« Quitte tes gants de boxe
Stevie Wonder dans le juke-box
Ton coup d’folie, c’est pas fini
Folie, fini
Yeaah
T’as rien compris, non rien compris
Folie, c’est pas fini
Folie, fini
Yeaah
T’as rien compris, non rien compris
Ton coup d’folie, c’est pas fini
Folie, fini, folie, fini, folie, fini »
Fada va ! Le Tourmalet sous la neige en septembre, c’est un chouette truc de fou mais t’as eu de la chance, t’aurais pu te vautrer méchant dans la descente ! Je tiens à toi, si si !
Author
Ahahahaha 😀 Salut Joris 🙂
C’est clair que ça augmente le danger, mais tu me connais, je ne pouvais pas faire demi tour comme ça^^ En plus c’est qu’à la fin que je me suis inquiété pour la descente. Mais c’est vrai que les premiers virages j’étais tendu et sur les freins, j’étais à moins de 15 km/h et j’avais l’impression de ne pas pouvoir contrôler les trajectoires. Les freins y sont passés. Mais quelle aventure !! 🙂
il est fou !
Author
Ahahahahahaha 😀
Mais le pire c’est que ça me laisse globalement un super souvenir cette sortie !!
Par contre j’avoue que je ne sais pas ce qui a fait que je suis quand même parti faire du vélo alors qu’il était super tôt, qu’il faisait froid et que c’était sûr que je n’aurais pas de soleil et c’était déjà inespéré de ne pas avoir de pluie pendant si longtemps^^
ça doit être ce qu’on appelle la passion 😀
salut Idris, quel courage!! pour ma part, je l’ai monté jeudi dernier sous 20 degrés pas pareil
1h 22 de montée depuis Sainte Marie avec un gars de Trabes rencontré à Bagnères et après montée d’Hautacam
Author
Salut Valéry 🙂
Merci pour ton message 🙂
Belle sortie que tu as faite !! 🙂 Bravo !!
Oui il a fait beau cette semaine. Moi je l’ai monté mercredi, en manches courtes aussi (par Luz), c’était un régal.
Par Sainte Marie je l’ai monté samedi et dimanche dernier, plus frais mais jolies couleurs.
Mais aujourd’hui c’est fini, il neige à gros flocons au sommet, il est attendu une couche de plus de 50 cm d’ici demain matin…
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